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Carmen – Grand Théâtre du Liceu de Barcelone – Roberto Alagna

15 octobre 2010
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Mr Jean-Jacques Schpoliansky en rêvait depuis huit ans, il y est finalement arrivé ! Le directeur du cinéma Le Balzac vient en effet de dégoter un nouvel argument en faveur de la sauvegarde des cinémas d’art et essai. Après la retransmission de L’or du Rhin de Wagner dans les cinémas Gaumont, Le Balzac se jette à son tour dans la fosse et vient de proposer en ce 13 octobre 2010 la retransmission de Carmen de Bizet en direct du Grand Théâtre de Liceu à Barcelone avec le ténor Roberto Alagna et la mezzo-soprano Béatrice Uria-Monzon.


Mais alors, quelles différences y a-t-il entre Gaumont et Le Balzac ? Dans l’un, vous êtes un consommateur de masse, dans l’autre, vous êtes un spectateur choyé et respecté. Pour 1 euro de différence (Gaumont : 27 €, Le Balzac : 26 €), le cinéma de Mr Schpoliansky offre un accueil au petit soin, un verre de champagne Roederer et un programme détaillé. Sans compter l’enthousiasme et la vitalité de l’exploitant venant lui-même présenter le déroulement de la soirée. Clou du spectacle, la vente à l’entracte d’un sandwich en forme de tapas expressément préparé pour l’occasion et en rapport avec l’opéra : cette Espagne vue par les Français à travers la partition de George Bizet.


Une mise en scène… sensuelle


Dans L’or du Rhin au Gaumont, force était de constater qu’une captation en direct ne remplissait bien évidemment pas les conditions parfaites pour écouter un opéra. Mais qu’en est-il de la découverte ? Toute la réponse est là : nous ne sommes pas présents pour juger au détail près une voix ou la sonorité d’un orchestre mais pour assister à un spectacle original et il faut le dire, à moindre prix. Car l’opéra coûte cher et n’est pas offert à tout le monde. En revanche, il est plus facile de revenir sur la mise en scène proposée et la direction d’acteurs étant donné que nous ne les avons jamais vu d’aussi près. Qu’en était-il alors pour cette version « érotisée » de l’opéra de Bizet ?


Là, tout n’est que vide et dépouillement : bestial, féroce et sensuel. Pas de décor imposant, juste une place vide où traine au premier acte un mât où flotte le drapeau d’Espagne ; dans le deuxième, une vieille Mercedes rouillée (clin d’œil à la vente illégale de voitures entre l’Europe et l’Afrique) ; dans le troisième l’enseigne du Taureau, emblème du Cognac Osborne, symbole de l’Espagne ; et enfin dans le dernier acte, une fausse arène peinte sur le vif pouvant rappeler le Dogville de Lars Von Trier. Ce qui aurait pu être déroutant apparaît pourtant comme une bonne intention et permet de créer un univers étrange et presque intemporel.


Le sulfureux et controversé metteur en scène espagnol Calixto Bieito semble d’ailleurs s’être calmé même si l’on a droit à une scène de nudité facile avec un légionnaire nu mimant le jeu d’un toréro. Sa réussite provient davantage de sa direction d’acteurs. Roberto Alagna (Don José), Béatrice Uria-Monzon (Carmen) et Erwin Schrott (Escamillo) sont habités par leurs personnages et offrent une belle interprétation scénique ; malgré une Carmen manquant de présence vocale et un Escamillo à la prononciation suggestive. Alagna de son côté ne change pas et étonne toujours dans les sombres lamentations de son personnage. Enfin, la direction de Marc Pilloet sonnait convenablement et vibrait même de nervosité à l’image de son chef d’orchestre aperçu sur le grand écran de la salle de cinéma.


Pour vivre à votre tour une nouvelle expérience, le cinéma Balzac vous donne rendez-vous le 30 novembre prochain pour une Tosca de Puccini retransmise en direct du Teatro Carlo Felice de Gênes. A vous de faire votre opinion.


Edouard Brane

 

cinedouard.com

 


Pour plus d’informations : www.cinemabalzac.com.


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