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Marc Perpitch : Un antiquaire nous livre ses secrets

8 octobre 2010
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Parlez-moi de votre passion pour les antiquités :


Marc Perpitch : La galerie a été ouverte il y a 60 ans, après la seconde guerre mondiale. J’ai commencé à étudier les antiquités avec mon père après le Bac en allant au lycée Montaigne. Je chinais alors dans les quartiers de Paris et je signalais à mon père mes trouvailles. Mon père me propose ensuite de le rejoindre et je saute sur l’occasion. En même temps, je m’inscris à l’école du Louvre et après cette formation certes très riche d’un point de vue théorique, je me suis dit que ce n’était pas suffisant et qu’il me fallait parfaire ce savoir par des connaissances historiques et pratiques. En Sorbonne j’ai donc suivi des cours d’architecture militaire et religieuse.



Qui vous à aidé dans votre parcours, quels furent vos maîtres ?


Marc Perpitch : Mon père fut le premier à m’aider. Il est à l’origine de mon goût pour ce métier. Il ne fut toutefois pas le seul si l’on considère qu’il ne peut exister de formation exhaustive sans maîtres à penser ! J’ai beaucoup appris avec Michel Meyer (père) spécialisé dans l’art du métal, le bronze, le fer. Je me suis formé à l’art statuaire avec Monsieur Joret. Je me souviens aussi d’un vieux marchand situé en fond de cours derrière l’actuel chocolatier Debove et Gallais rue des Saint Père. Pour la petite histoire, cette cour était un ancien cimetière protestant. Ce vieux marchand pour revenir à lui n’avait pas d’enfant et son savoir il le léguait avec générosité. Je me souviens également d’un stage chez un vieux marbrier italien pour restaurer une plaque en Scaïola (technique italienne à la poudre de marbre pour recréer l’effet de cette pierre).



A quel moment avez vous décidé de prendre votre autonomie et comment l’avez vous vécu professionnellement et familialement ?


Marc Perpitch : A l’âge de trente ans j’ai décidé de travailler à mon compte. Je me suis intéressé à l’art japonais que j’ai appris à admirer dans le cinéma nippon. C’est son côté contemporain qui me séduisait. Mon meilleur client était mon père et la plus belle preuve de sa fierté me concernant était l’achat d’objets dans ma galerie qu’il garda ensuite chez lui dans sa collection. Comme moi il avait un rapport affectif aux objets. Je ne peux pas vendre quelque-chose dans la maison sauf si tout le monde est d’accord.



Avez-vous des proverbes ou des dictons qui comme des formules magiques font la réussite dans votre métier ?


Marc Perpitch : « N’achetez pas si vous n’aimez pas ! » « Le doute est mortel dans le métier d’antiquaire, donc n’achetez pas si vous doutez ! »



Quels conseils donneriez-vous à un jeune voulant embrasser le métier d’antiquaire dans une spécialité comme la vôtre à savoir la Haute Epoque ?


Marc Perpitch : Je lui poserais la question de savoir s’il est vraiment passionné car autrement il faut ne pas persévérer. Mais la démarche est insuffisante si l’on ne se forme pas et si l’on ne fréquente pas les expositions pour trouver les objets là où ils sont et comprendre le cours de chacun d’eux. Il faut dans ce métier en plus de ces éléments indispensables avoir un vrai sens du commerce ce qui n’est pas souvent le cas dans la profession chez les fils d’antiquaire. Je dirais aussi à ce jeune m’interpellant sur le sujet qu’il y a toujours une part de risque. Mon père avait un adage lié a ses origines, il venait d’Alexandrie et disait « Vends et regrette », c’est-à-dire qu’il faut se dire : « cet objet vaut plus ailleurs mais tant pis ». C’est en fait un savant mélange d’humilité et de sens du commerce car pour continuer à acheter il faut savoir vendre.



Quelle est la situation de la Haute Epoque dans le marché de l’art et des antiquités ?


Marc Perpitch : La Haute Epoque classique traditionnelle est beaucoup dévaluée car considérée comme n’étant plus à la mode. C’est un facteur prédominant dans ce métier. Les intérieurs de Haute Epoque représentent le passé. C’est entaché d’autrefois. On est dans une période qui change trop vite et qui n’a plus de rapport avec ce qui s’est passé il y a cinquante ans. La Haute Epoque a une qualité dans tout ce qui n’est pas classique et une capacité à s’intégrer dans le contemporain.


Propos recueillis par Yves-Alexandre Julien

Galerie Liova Marc Perpitch

240 Boulevard Saint Germain

75007 Paris


www.galerie-liova.com

 

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