Kaboom – Gregg Araki
« Le point de départ de Kaboom était empreint d’une sorte de nostalgie. Celle de l’inconscience de la jeunesse et de l’inconnu », raconte Gregg Araki. La nostalgie est effectivement bien présente dans Kaboom. Gregg Araki, cet éternel adolescent, continue de peindre à sa manière les affres d’un jeune garçon bisexuel doutant sur sa vie et ses choix quotidiens.
Les premières images du film sont frappantes. Sans générique, ni présentation particulière, il commence par un rêve étrange qui guidera l’étudiant Smith tout au long du film. Dès le début, les images et couleurs arakiennes refont surface et nous éclairent avec ces fluos rouges, jaunes, verts et bleus. Comme dans ses autres films, ses personnages sont guidés par des hallucinations métaphysiques, des rêves de sorcière maudite ou encore d’hommes aux visages animaliers. L’adolescent un peu retardé et décalé des années 90 incarné par James Duval est ici remplacé par l’acteur Thomas Dekker à l’allure toujours aussi innocente, gaffeur, romantique et imberbe.
Les affres de l’adolescence
Le cinéaste s’amuse dans une première partie à présenter ses protagonistes décrits par la voix-off neutre et lancinante de Smith. Si ces jeunes vivent dans leur temps, ils portent tout de même en eux une rébellion cachée et un mauvais caractère. Sa meilleure amie lesbienne Stella est aussi taraudée que lui tandis que la nymphomane London est indécise quant à son désir de revoir et d’aimer Smith. C’est sans oublier son colocataire simplet Thor, parodie du héros de la bande dessinée, qui perçoit d’un œil hagard et naïf ce qui l’entoure. Un casting de choix à l’exception de Juno Temple, interprète de London, qui malgré son charme continue d’agacer avec son accent british inaudible. Quant à la Française Roxane Mesquida, on a d’yeux que pour elle et pour sa sensualité féminine.
Bret Easton Ellis
Beaucoup ont déjà fait le rapprochement entre les œuvres cinématographiques de Gregg Araki et les œuvres littéraires de Bret Easton Ellis. Dans son dernier roman Suite(s) Impériale(s), l’auteur d’American Psycho renoue lui aussi avec le passé en reprenant dix ans plus tard les personnages de son premier roman Moins que zéro.
Si Araki choisit au contraire de renouer avec de nouveaux personnages et de situer son action sur un campus des années 2010, l’objectif des deux auteurs est pourtant le même : constater que le monde n’a pas tant changé depuis vingt ans et que les tourments des années 90 restent inchangés. Si Glamorama d’Ellis avait des allures d’apocalypse, Kaboom évolue de la même façon dans sa seconde partie comme si la volonté d’Araki était d’empêcher ces adolescents de vieillir et de devenir de futurs parents irresponsables, des despotiques proches du Deus ex-machina.
Malgré quelques faux rebondissements dans sa seconde partie, Kaboom reste une œuvre attachante donnant envie de revoir les films de ce cinéaste californien iconoclaste qui livre un twist final assez inattendu. Derrière l’ironie et la farce se cache une vraie réflexion sur notre monde sauvage. Mr Araki, encore bravo !
Edouard Brane
Retrouvez l’article en intégralité sur www.cinedouard.com.
Kaboom
Réalisé par Gregg Araki
Avec Thomas Dekker, Juno Temple, Roxane Mesquida
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Sortie le 6 octobre 2010
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