Mange, prie, aime – Julia Roberts
Adapté d’un best seller pour ménagères désœuvrées, hymne à la vie dans ce qu’elle a de plus guimauve, Mange, prie, aime est aussi une nouvelle réalisation de Ryan Murphy, le papa de la série politiquement incorrecte et jouissive sur la chirurgie esthétique Nip Tuck. On s’y engouffre donc en espérant une nouvelle comédie portée par la divine Julia Roberts et mâtinée d’une pincée de second degré et on se retrouve à regarder sa montre pendant 2h20… Attention, accident industriel.
Liz Gilbert est à un tournant de sa vie où elle ne sait plus à quel saint se vouer. Fraîchement divorcée, elle n’apprécie plus la vie, plus l’amour. Sur un coup de tête, elle prend une année sabbatique pour se retrouver et visiter les lieux qui l’ont toujours fait rêver : l’Italie et sa gastronomie, l’Inde et sa spiritualité, Bali et ses heureuses rencontres…
Si l’idée même de voyage, de quête initiatique de cette desperate housewife new-yorkaise est des plus louable, le résultat sur grand écran est à la hauteur du pire de ce à quoi on aurait pu s’attendre. Successions de clichés sans âmes, de plans vides sur une ou deux misérables assiettes de pâtes, de décors de cartes postales et de rencontres, toujours positives, à l’autre bout du monde avec des gens qui partagent “de vraies valeurs”, il est édifiant de constater à quel point le métrage, le réalisateur et son équipe ont pu manquer de recul et de discernement. Jamais à un moment, on ne partage une seconde l’illumination du personnage et c’est en la regardant manger, prier et aimer que l’on se rappelle combien l’exercice est difficile et que beaucoup se sont cassé les dents à vouloir faire transpirer et partager la sensualité au cinéma.
Agaçant de bons sentiments, de phrases méditatives et spirituellement enrichissantes risibles ânonnées par une Julia Roberts à l’image du film aussi belle que creuse, Mange prie aime a tout de la publicité touristique pour riches américains désœuvrés. Dans cet esprit, le film nous rappelle constamment à l’artificialité d’un tel voyage…
En conclusion, presque triste de vacuité, Mange prie aime n’est ni une invitation au voyage ni une expérience de cinéma, tout au plus une belle publicité de 2h20 pour une vie de rêve qui cache à peine ses relents nauséabonds.
Lucile Bellan
Mange, prie, aime
Un film de Ryan Murphy
Avec Julia Roberts et Javier Bardem
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Sortie le 22 septembre 2010
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