U2 embrase le Stade de France
Interpol assure
Il est à peine vingt heures quand les Interpol font leur apparition. Peu habitué à de pareilles audiences, le collectif de Paul Banks – veste en cuir et lunettes de soleil habilement fixées sur un visage fatigué – débute son set sur la pointe des pieds (Success) avant de décoller dès le deuxième titre (Say hello to the angels) et parvient à jouer son rock subliminal sans pression. Efficacité oblige, les obscurs rockeurs choisissent de piocher à volonté dans leurs deux premiers albums et réussissent à faire monter l’applaudimètre à son apogée sur les titres Slow hands et Obstacle 1, véritables bombes calibrées pour faire sauter le stade. Une heure plus tard et après un dernier coup de grisou (Not even jail), le concert s’achève.
U2, rois (du Stade) de France
La nuit tombante, les 80 000 spectateurs peuvent suivre l’arrivée des rois du stade sur l’écran de l’impressionnante arche tentaculaire . En forme, les U2 le sont et entament le set avec Return of the stingay guitar. Les premières décharges de Beautiful day raisonnent et l’euphorie s’empare du temple. I will follow est joué pied au plancher, comme le titre Elevation, efficace pour embraser la foule. Après un début résolument rock, Bono lève le pied et revient au temps de l’album The Joshua tree avec I still haven’t found what I’m looking for, qui, vingt ans plus tard, sonne toujours aussi bien. Appliqué, il fait don de ses capacités vocales pour remplacer les parties réservées à – feu – Luciano Pavarotti sur MissSarajevo.
Alors que l’émotion bat son plein, le chanteur rappelle les principes ”des droits de l’homme” sur Sunday bloody sunday. Après une version rythmée de la chanson culte, il lance un nouveau message (propagande entamée quelques instants plus tôt) en soutenant une personne emprisonnée en Birmanie (projection à l’appui) et n’abandonne pas l’idée de renchérir sur le sida, conforté dans son idée par le symbolique One. Larry Mullen semble lui à l’aise avec ses fûts pour accompagner le touché ”gratté” de The Edge sur le classique Where the streets have no name, joué sous un cercle rabaissé, à l’écran pixelisé.
Lors du second rappel, les Irlandais reviennent sur scène sous des lasers rouges dirigés sur le seul Bono visiblement inspiré des extravagances du Zoo TV Tour (1993). Sont joués les titres Hold me, Thrill me, Kiss me, Kill me et With or without you sur lequel les couples s’enlacent au tempo de la basse d’Adam Clayton. Moment of surrender conclut le show.
Pour l’heure, avec une collection pléthorique de tubes planétaires, un esthétisme scénique à couper le souffle et une performance proche de la quintessence, les U2 conservent aisément leur titre de meilleur groupe live de la planète. Seul bémol, bien que cette reconnaissance apporte une certaine légitimité lors de la diffusion de messages politiques, elle n’accorde pas au groupe la légitimité de transformer un stade en lieu de propagande.
Olivier Cougot
Set list : Return of the stingay guitar/ Beautiful day/ I will follow/ Get on your boots/ Magnificent/ Mysterious ways/ Until the end of the world/ I still haven’t found what I’m looking for/ Elevation/ North star/ Mercy/ In a little while/ Miss Sarajevo/ City of blinding lights/ Vertigo/ I’ll go crazy if I don’t go crazy tonight/ Sunday bloody sunday/ MLK/ Walk on/ One/ Where the streets have no name/ Hold me, thrill me, kiss me/ With or without you/ Moment of surrender
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