Tamara Drew – Stephen Frears
Le bonheur est dans le pré, cours-y vite, dès le 14 juillet ! Tamara Drew, bonbon anglais concocté par le jubilatoire Stephen Frears, est “la” comédie champêtre à ne manquer sous aucun prétexte cet été. Hilarante. Nul risque de rhume des foins de toute façon : a priori, la campagne du film, saturée de couleurs et de douceur, semble tout droit sortie d’une autre époque, formidablement dépaysante à force d’être stylisée. Mais c’est pour mieux y pratiquer l’humour… vache, bien sûr ! Car cette adaptation du très réussi – lui aussi – roman graphique de Posy Simmonds (éditions Denoël graphic), a l’intelligence d’aborder avec bonne humeur et causticité l’un des travers les plus obsédants de notre époque. A savoir… la tromperie des apparences.
Une pincée de non-sens, une lichette d’humeur pop, une rasade de vaudeville et l’on rit comme des fous, donc, tandis que s’agite, en la délicieuse résidence de Stonefield et sous nos yeux attendris, cette petite communauté de bobos et de ruraux du Dorset (auquel s’ajoute l’indispensable universitaire américain balourd). Traversée, comme il se doit, d’obscures passions et de sombres frustrations sous des dehors idylliques… De fait, celle qui met le feu aux poudres est à la hauteur de ce jeu de dupes et de faux semblants ! Tamara Drew, jambes interminables et… nez refait, est un pur canon, quand bien même sommeille encore en elle la colère de l’ex-ado complexée qu’elle a été ! Lumineuse, sexy, aussi ambitieuse que paumée, cette jeune journaliste people, qui s’en revient dans le village de sa mère, va provoquer une sorte d’onde de choc autour d’elle. Jusqu’à la tragédie. Mais ceci avec une énergie tellement onctueuse, tellement… savoureuse d’excentricité et de fausse tranquillité.
La chance du film, bien sûr, c’est son rythme (sur quatre saisons), probablement nourri par le découpage idéal – en forme de story board, déjà – du roman originel. Mais ce sont aussi ses comédiens. Outre son talent indéniable pour passer d’un genre à l’autre avec la même jubilation, Stephen Frears sait dénicher, chaque fois, un casting aux petits oignons. Gemma Arterton campe ici une Tamara Drew finement ironique, jamais antipathique en tout cas. Une sorte d’exploit. Elle est entourée de partenaires savoureux, qui s’en donnent à cœur joie mais toujours mine de rien, distillant leur narcissisme et leurs mesquineries avec une sympathie contagieuse (notamment Roger Allam et Dominic Cooper, deux des trois amoureux de cette fatale Tamara).
La palme revient, néanmoins, aux deux collégiennes en forme de pestes (Jody Long et Casey Shaw) qui, tel un chœur de tragédie grecque – l’inconséquence narquoise en plus – commentent (et impulsent, d’ailleurs) l’action du film tout le long. Elles trainent à l’arrêt de bus, fument des joints dans leur uniforme de petites anglaises à socquettes, dévorent les magazines people et sont irrésistibles de cruauté adolescente. Epoustouflantes de drôlerie et… de vérité. Le bonheur est dans leur pré, oh yeah !
Ariane Allard
Tamara Drew
De Stephen Frears
Avec Gemma Arterton, Dominic Cooper, Roger Allam, Luke Evans.
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Sortie en salle le 14 juillet
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