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Les Boulingrin à l’Opéra Comique

15 mai 2010
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L’argument des Boulingrin ne pouvait que satisfaire l’esprit facétieux de Georges Aperghis, qui trouve dans la pièce de Courteline tous les ingrédients nécessaires pour allier musique contemporaine et théâtre classique. Le livret est, il faut bien le dire, idéal pour un opéra-bouffe. Des Rillettes, un parasite petit bourgeois décide de s’inviter chez les Boulingrin et d’en profiter tout son soûl. C’est bien évidemment sans compter sur les vices cachés de ce couple « bien sous tous rapports » qui décide de régler ses comptes à travers lui. Car le contentieux de ces deux là est énorme. Des Rillettes semble avoir réveillé la bête qui sommeillait et qui ne demandait qu’une étincelle pour s’enflammer.


Ce théâtre musical qui implose de l’intérieur est servi par des chanteurs-acteurs excellents. Lionel Peintre est génial et se glisse avec délectation dans le rôle de Des Rillettes. Le profiteur est un couard bien pendu entre les mains de ces deux monstres de Boulingrin que sont Jean-Sébastien Bou et Doris Lamprecht. On sent au jeu des acteurs, à la scénographie de la pièce, aux costumes des protagonistes avec quelle complicité et jubilation Jérôme Deschamps s’est imprégné de la musique d’Aperghis et du livret des Boulingrin. La formation musicale réduite à une flûte et deux clarinettes basses, un cor, un saxo, un piano, un accordéon, deux violoncelles, un basson et des percussions officie sur la scène et participe de ce chaos qui naît, s’amplifie et se conclue sous nos yeux éberlués. Nous sommes autant que Des Rillettes, les otages de ce microcosme explosif.


Aperghis a veillé à la compréhension du texte originel. Pour faire contrepoids, il introduit ces apartés chantés si caractéristiques de son travail. Ces  phonèmes aux rythmes syncopés traduisent génialement les affects des protagonistes.  Et à cet exercice, Félicie – la petite bonne des Boulingrin, alias Donatienne Michel-Dansac, remplit son rôle à merveille. Dès les premières notes, la partition donne le ton. L’orchestration et le rythme ont les couleurs du drame qui se déroule sous nos yeux.


Catherine Maximof, dans son film dédié au compositeur, titrait : « Tempête sous un crâne ». C’est bien ce qui ressort de cet opéra qui ne laisse aucun répit à celui qui écoute. Le spectateur est happé dans un tourbillon paroxystique aussi violemment que les époux Boulingrin se jettent sur ce « pauvre » Des Rillettes. Drôle et terrifiant !


Karine Marquet

 


© Elisabeth Carecchio pour l’Opéra Comique

 


Les Boulingrin

Opéra-bouffe de Georges Aperghis

Livret d’apès les Boulingrin de Georges Courteline.

Direction musicale, Jean Deroyer

Mise en scène, Jérôme Deschamps

 

 

 

Les 12, 14, 16, 18 Mai 2010


Opéra Comique

Place Boidelieu

75002 Paris


www.opera-comique.com



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