Quinzaine des réalisateurs 2010
Le cinéma est donc bel et bien en crise. Après l’annonce du recul du nombre de films réalisés en 2009 faite lors de la conférence de presse de la compétition officielle du Festival de Cannes, le nouveau délégué général Frédéric Boyer a confirmé cette tendance en avouant qu’il y avait moins de films produits, avec des budgets plus pauvres mais reflétant tout de même une grande diversité. À y voir la liste des films sélectionnés pour La Quinzaine des réalisateurs, on ne manquera pas d’affirmer que la qualité semble pourtant bien présente heureusement.
Un film d’ouverture tout en musique
Pour l’ouverture de la manifestation, c’est du côté du Congo qu’il faudra se tourner avec la présentation du documentaire français Benda Bilili de Renaud et Florent de la Tullaye. Les réalisateurs français, après avoir posé en 2004 leurs caméras pour le documentaire La Danse de Jupiter, ont cette fois-ci choisi ce groupe de musique composé de personnes handicapés. Une sorte de Buena Vista Social Club version congolaise ? On peut en attendant leur présence à Cannes écouter un extrait de leur musique :
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=VaTZ5gAzkCY[/embedyt]
La France bien présente
La France sera comme d’habitude bien représentée avec pas moins de trois films. Le très fémissien Jean-Paul Civeyrac viendra avec son septième film, Des filles en noir, traitant du mal-être de deux jeunes filles de 17 ans issues d’un milieu modeste.
Très remarquée par ses courts-métrages déjà présentés à La Quinzaine, la jeune réalisatrice Katell Quillevéré arrivera sur la croisette avec Un poison violent. Un film avec Michel Galabru, dans l’esprit de ceux de Maurice Pialat, sur le retour d’une jeune fille revenant dans son village natal et qui se voit confrontée à ses doutes religieux et aux problèmes familiaux.
Notons enfin le film français de clôture de l’actrice-photographe-écrivain-réalisatrice Fabienne Berthaud, Pieds nus sur les limaces avec Ludivine Sagnier et Diane Kruger. Un duo d’actrice qui se fera face dans ce film adapté du propre roman de la cinéaste sur la confrontation entre deux sœurs aux tempéraments bien différents.
Des films de genres
Le cinéma de genre sera aussi à l’honneur cette année avec quatre films, dont le long-métrage espagnol La Casa Muda de Gustavo Hernandez, qui promet de gros frissons. Imaginez un film d’épouvante faisant écho à REC mais filmé en un seul plan-séquence de 72 minutes !
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=OvWfICJSGcs[/embedyt]
Des films engagés
La politique et les films engagés rempliront bien l’agenda cette année comme à son habitude avec entre autre le film israélien, Le Vagabond, d’Avishai Sivan. Après l’excellent Eyes Wide Open présenté l’année dernière, il sera à nouveau question de doute et d’errance dans ce film se passant dans le milieu orthodoxe.
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=TXSgZnBNX0s[/embedyt]
Toujours dans la sélection, on retrouvera un film que Frédéric Boyer sembla porter vraiment à cœur lors de la conférence de presse intitulée Celveland Vs. Wall Street. Un documentaire suisse de Jean-Stephane Bron qui reconstitue avec les vraies victimes un procès entre des Américains expulsés de leurs maisons face aux puissantes banques responsables de ce dommage.
D’autres films tout aussi engagés marqueront certainement les esprits avec pas moins de cinq films parmi lesquels The light thief d’Aktan Arym Kubat venant du Kirghizistan ou encore La mirada invisible de l’argentin Diego Lerman se situant dans les années 80 et sous fond de dictature : deux réalisateurs déjà habitués de la Croisette pour y avoir présenté leur film précédent.
L’Amérique latine est d’ailleurs représentée avec pas moins de cinq films face à l’Europe avec huit long-métrages et deux films américains.
Deux films américains et pas des moindres :
On attend avec impatience tout d’abord Shit Year tourné en 16 mm, le deuxième film de Cam Archer qui avait réalisé le marquant Wild Tigers I have Know en 2006 tourné en HD, produit par Gus Van Sant, encore inédit en France et dont voici la bande-annonce :
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=KikTHJ9fUlA[/embedyt]
Quitte à faire oublier l’absence de Tree of Live, le réalisateur Alistair Banks Griffin risque de son côté de faire aussi parler de lui pour son premier film Two Gates of Sleep annoncé comme étant proche des films de Terrence Malick et quasi-muet : l’histoire de deux frères entreprenant un voyage afin d’exaucer le dernier vœu de leur mère.
Boe, Garrel, les Stones et Wiseman
Parmi les autres films, on pourra retrouver Everything will be fine du Danois Christoffer Boe qui nous avait offert en 2005 l’énigmatique Allegro. Hommage aux films d’Alan J. Pakula tels que Klute et A cause d’un assassinat, il sera ici question d’espionnage dont on peut déjà voir les premières images.
L’acteur-réalisateur Louis Garrel reviendra avec un moyen-métrage, Petit tailleur, après avoir présenté son ennuyant mais intéressant court-métrage Mes Copains en 2008. On y retrouvera Léa Sédoux interprétant l’amoureuse d’un jeune garçon qui préférera délaisser son père pour vivre au côté de la jeune fille. Un film annoncé comme proche de ceux de son père Philippe Garrel.
Côté Séances Spéciales, cela sera le grand événement puisqu’on annonce que Mike Jagger ou Keith Richards devraient venir pour présenter le court documentaire Stones in exile réalisé par Stephen Kijak. Le film reviendra sur leur album culte Exile on main street. L’occasion de revoir de belles images d’archives:
[embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=XTHvhrSRnII[/embedyt]
Le film sera présenté au côté du documentaire de Frederik Wiseman Boxing Gym tourné dans un centre sportif à Austin, au Texas, après son magnifique film (malgré sa longueur) consacré à la danse à l’Opéra de Paris sorti l’année dernière.
Vingt-deux long-métrages retenus cette année parmi lesquelles onze premiers films concourant aussi pour La Caméra d’Or. Rajoutez une sélection de neuf courts-métrages et deux séances spéciales et vous obtenez une Quinzaine plus qu’alléchante. Quelle impatience !
Edouard Brane
A lire sur Artistik Rezo :
– La Quinzaine des réalisateurs 2011
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