Festival des Fêtes nocturnes – Grignan
L’intrigue se situe autour de 1520 : les fêtes battent leur plein au Louvre, et le glorieux guerrier qu’est François 1er collectionne les trophées féminins, sous les applaudissements de sa cour et de son bouffon Triboulet, qui ont peut-être tout intérêt à voir leur roi se consacrer aux plaisirs d’alcôve plutôt qu’à la chose publique…
Mais la soif du jeune conquérant est insatiable, il va jusqu’à se déguiser en étudiant pour suivre de jolies bourgeoises dans les rues de Paris, et tombe ainsi par hasard sur… la propre fille de Triboulet : une enfant de seize ans, belle et innocente dont tout le monde ignorait jusque-là l’existence ! Ainsi, sous le masque ricanant du bouffon cynique, fielleux et intriguant, sous la bosse de cette monstruosité de la nature se cache aussi un coeur de père, amoureux fou de sa Blanche au point de la cloîtrer derrière les hauts murs d’une maison borgne… La jeunette, qui se laisse séduire par ce jeune étudiant, est aussitôt enlevée en pleine nuit par une bande de courtisans, ramenée au Louvre et offerte en pâture au royal débauché qui la violera illico. Fou de douleur, souffrant en sa chair le déshonneur de sa fille, Triboulet jure de se venger : une prostituée soudoyée attire le jeune roi dans un bouge où l’attend un tueur à gages… Mais quand on lui livre le cadavre empaqueté, le bouffon a bientôt fait de ravaler son triomphe : c’est sa fille qui est dans le sac, c’est Blanche qui s’est sacrifiée à la place de son amant !
Mélodrame “énaurme” et génial, mêlant sans vergogne les larmes du bonheur au rire tragique, prônant un alexandrin âpre, haletant, trivial et soudain flamboyant, Le Roi s’amuse est aussi une incroyable machine de guerre esthétique, morale et politique écrite par un Victor Hugo enragé contre la restauration bourgeoise d’alors qui s’affaire à étouffer les idéaux de la révolution de Juillet – contre toute pensée unique politiquement correcte, dont notre époque contemporaine a également le secret…
Le Roi s’amuse, c’ est aussi et surtout un drame de la filiation, ou plutôt : de l’absence de filiation – grand thème hugolien. En effet, face à ces deux pères douloureux, la pièce met en scène toute une foule de jeunes gens totalement livrés à eux-mêmes, dénués de cadres, de règles, de valeurs, de projet. Ainsi, les jeunes seigneurs qui gravitent autour du roi ressemblent bigrement à une bande d’adolescents attardés, paumés et désoeuvrés, sans autres repères dans l’existence que l’appartenance au groupe et la satisfaction immédiate de plaisirs éphémères toujours plus illicites… La Renaissance imaginée par Hugo semble donc surtout prétexte à raconter, à dénoncer une société sans repères et sans Loi, sans règles et sans droits, c’est-à-dire : une société où la figure paternelle est complètement défaillante, où, en l’absence de toute filiation, de toute transmission, de jeunes orphelins errent au gré de leur désarroi et de leurs pulsions.
La scénographie offrira d’immenses paravents tout en chrome et en miroirs suggéreront ce monde d’apparat, de paillettes et de divertissement permanent qui est celui de cette jeunesse dorée et désoeuvrée. Boules à facettes, fauteuils Louis XV chromés, guirlandes d’ampoules complèteront cet espace au goût « post-moderne ». Les costumes croiseront de même les époques, brassant des signes empruntés à la Renaissance, au XIXe de Hugo et à notre mode actuelle.
Le roi s’amuse
Mise en scène : François Rancillac
Assistant à la mise en scène : Yann de Graval
Scénographie : Raymond Sarti
Comédiens : Alain Carbonnel, Agnès Caudan, Linda Chaïb, Sébastien Coulombel, Vincent Dedienne, Yann de Graval, Denis Lavant, Charlotte Ligneau, Florent Nicoud, Robert Parize ,Baptiste Relat, Pierre-Benoist Varoclier
Du 30 juin au 21 août 2010
Début du spectacle à 21h.
Ouverture du château à 19h30
Tarifs : Plein : 19 € // Réduit : 13 € (12 à 17 ans, étudiants, demandeurs d’emploi, Carte 3 Châteaux) // Enfant : 7 € (moins de 12 ans) // Groupe : 15 € (à partir de 20 personnes)
Château de Grignan
26230 Grignan
Accès Autoroute A7 : sortie Bollène depuis le Sud
Sortie Montélimar Sud depuis le Nord
Accès TGV : Valence ou Montélimar
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