Festival des cultures africaines au Théâtre 95
Installé au Théâtre 95 sous la direction de Joël Dragutin, l’événement nous ouvre les portes de la musique, du théâtre, de la littérature, de l’art et de la gastronomie africaine.
Curiosités des sens, ce sont d’abord les plats d’Aminata Fall, de l’association du Square de l’échiquier à Cergy, qui nous ouvrent l’appétit ; aloco, pastel, mafé, jus de gingembre et autres plats et boissons typiquement africains pour des plaisirs gustatifs épicés. Au même endroit sont exposés des photographies Les Femmes de TiéBé. L’association TiéBé, qui a pour objectif d’accompagner des projets de développement sur la commune de Tiébélé au Burkina Faso, met en images des femmes burkinabées profitant d’un microcrédit. Des portraits saisissants qui illustrent une réalité : grâce à ces financements, ces femmes ont la possibilité de créer leur propre commerce et d’en tirer des bénéfices. Certaines achètent du tabac pour le revendre, d’autres achètent des sacs de graines de mil pour les revendre en détail. Les bénéfices permettent d’investir dans d’autres produits ou dans l’éducation de leurs enfants.
D’autres portraits percutants, dans un tout autre genre : l’exposition de peinture de Nëggus.
Qui est Neggus ? Un peintre ? Un slameur ? Un rappeur ? Une arme ? Il frappe d’un tir entre les deux yeux. Des toiles intrigantes et des mots incisifs, l’un ne va pas sans l’autre.
Du spray acrylique, des collages de photos, des titres de journaux. De l’esclavage aux mouvements d’un peuple, des maux d’un peintre aux mots d’un poète, des toiles sur bois, parfois cadrés d’autres décadrés, le peintre brosse des portraits de la diaspora africaine. Nëggus fait parler ses peintures et donne de l’image à ses mots :
L’homme Fort-de-France
« Il suffit parfois des défis d’un seul homme
Pour que se délivre la communauté que nous sommes
Hier encore j’étais le faible, le fruit et le fait de l’offense
Mais grâce à vous je susurre qu’aujourd’hui je suis sûr,
Que je suis aussi Fort de France
Alors que d’autres s’auréolent les lauriers de César
Ma diaspora, elle, souhaite briller de l’aura de Césaire »
Nëggus
Les Lauriers de Césaire
Les peintures et les poèmes de Nëggus sont des messages forts, sombres, intrigants et frappants.
Frappant comme l’originalité de Bougounièré invite à dîner. Une pièce de théâtre insolite à la fois grave et burlesque soulevant de réels problèmes de société. La création de cette pièce repose sur le kotèba, une pratique malienne visant à mettre en scène de façon humoristique les maux de la société. Créée par la compagnie Blonba, Bougounièré invite à dîner est un spectacle participatif, servi par des acteurs remarquables : Diarrah Sanogo, Michel Sangaré et Lassine Coubaly. Le public est installé sur le plateau autour de la scène, et il est convié à prendre jeu avec les comédiens. Comme lors de la représentation du dimanche du 11 avril, où l’on a pu entendre une spectatrice répondre en bambara aux exclamations de Bougounièré, l’héroïne fantasque aux ambitions improbables. Bougounièré attend le « Big Fish », tout en cuisinant du fonio (le plat des jours de fêtes) dans l’espoir de convaincre cet occidental d’investir dans son ONG. Elle devra faire face à son mari ingénieur et à ses triplés aussi loufoques les uns que les autres. A la fin du spectacle ce sont les spectateurs qui dégustent le fonio autour des acteurs.
Cette première édition du Festival des cultures africaines est très belle initiative et une illustration de la diversité culturelle de la municipalité de Pontoise. Aussi cet événement nous donne une clé de ce que peut recouvrir les cultures africaines, au-delà des préjugés qu’on peut en avoir, à nous d’en ouvrir la porte.
Tiphaine Lawson
Festival des cultures africaines
Du mardi 6 avril au mercredi 14 avril 2010
Théâtre 95
Allée du Théâtre
95021 Cergy-Pontoise Cédex
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