Crime et Châtiment au Musée d’Orsay
Initiée par Robert Badinter et mise en scène par Jean Clair, l’exposition, foisonnante, s’étend sur plusieurs salles à thèmes, dont les murs sont parsemés de citations de grands écrivains fascinés par les criminels (comme Dostoïevski, Victor Hugo ou Alexandre Dumas). Mais le commun des mortels n’est pas en reste, puisque de nombreux extraits de journaux d’époque relatant des faits divers sanglants, témoignent de l’engouement collectif pour la violence et le crime de sang.
Qu’elle soit biblique (Caïn), révolutionnaire (Charlotte Corday), romantiques (Lady Macbeth, Judith, ou Salomé), ou symboles d’une certaine violence masculine (les brigands et les cannibales chez Francisco Goya), de nombreuses figures du crime animent les différents tableaux présents.
Avec pas moins d’une quarantaine de représentations de têtes tranchées sous forme de tableaux (exemple ceux de Raymond Brascassat), gravures, moulages en cire effectués à partir de têtes de criminels coupées, ou sculptures, l’exposition illustre de quelle façon les décapitations massives pendant la période sanglante de la Révolution française n’ont cessé de hanter et d’inspirer l’imagination des artistes. La présence d’une véritable guillotine trônant, glaçante, entourée d’un voile noir, et émergeant d’un savant clair-obscur dans une des salles, achève ce macabre tableau.
L’autre aspect saisissant de l’exposition réside dans l’explication scientifique et anthropologique du crime, à travers les premiers clichés, réalistes et crus, saisis au XIXème siècle sur des scènes de crime par Alphonse Berthillon ; ou bien encore les « têtes phrénologiques » élaborées par Franz Joseph Gall, servant à localiser « la bosse du crime » et à expliquer l’atavisme du tempérament.
Cette exposition, malgré sa richesse et son caractère didactique incontestable ne doit cependant pas se mettre à la portée de tous les publics dans la mesure où elle ne fait pas l’économie d’un certain nombre de visions horrifiques de corps suppliciés et d’instruments de torture (potence, guillotine, chaise électrique). Autant de représentations de l’indicible et de ce qui continue à fasciner malgré soi : une humanité violente, marquée par l’omniprésence de la mort.
Roxane Ghislaine Pierre
Crime et châtiment
D’après un projet de Robert Badinter
Jusqu’au 27 juin 2010
Tous les jours, sauf le lundi, de 9h30 à 18h (fermeture des caisses à 17h), le jeudi jusqu’à 21h45
Tarifs : plein tarif : 9,50 € ; tarif réduit : 7 €
Musée d’Orsay
1, rue de la Légion d’Honneur
75007 Paris
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...