Est-ce que le monde sait qu’il me parle
« Est-ce que le monde sait qu’il me parle ? » est un texte écrit pour être joué dans un container, dit, adressé directement aux spectateurs assis dans le container avec les acteurs. C’est un répertoire non exhaustif de ce que le monde me dit : publicités, répondeurs, informations, sagesses populaires, émissions de télévisions, journaux, lettres administratives, films… Un inventaire à la première personne du singulier.
« Est-ce que le monde sait qu’il me parle ?» est un rapport, un compte-rendu. Et une esquisse de communication. Le texte témoigne de la réalité française dans l’espoir d’établir dans la représentation un échange. En te disant ce que le monde me dit, tu en sauras beaucoup sur moi et en y réagissant, tu m’en apprendras sur toi.
Dans un contexte francophone le texte est dit en français. Dans des pays non francophones, une deuxième langue vient s’ajouter. Révé¬lant les points communs et les différences, c’est un pont tracé entre notre réalité et d’autres.
Le texte est dit par deux acteurs dans deux langues, le français, toujours, et l’espagnol, le portugais ou l’anglais suivant les publics. On compare, on surimpressionne les manières de dire. La poésie existe aussi entre les langues. Et dans les silences.
« Est-ce que le monde sait qu’il me parle ?» est prévu pour des pub¬lics francophones, anglophones, hispanophones et lusophones.
« Est-ce que le monde sait qu’il me parle ?» est joué dans un con¬tainer clos, en partageant l’espace confiné, se servant de la proximité presque claustrophobique pour souligner la situation théâtrale : des être humains parlent à d’autres être humains.
Dans la poursuite du travail d’adresse directe de l’acteur au specta¬teur que la ktha développe, la parole et toute la représentation est dirigée simplement et uniquement vers les spectateurs assis là. On se parle en se regardant dans les yeux, on s’adresse directement, frontalement, sans détour.
Le container est pris en tant que symbole d’un monde où les objets circulent plus librement que les hommes. Cet espace conçu pour les objets devient ici celui où l’homme est confronté à sa propre marchandisation.
Dans le container, les deux acteurs sont seuls face aux spectateurs et petit à petit, des poupées les rejoignent, objets qui sont presque des présences.
Une, puis deux, puis quelques unes, puis des dizaines et des dizaines. Elles sont de différentes tailles, de la figurine à la taille humaine. Issues d’une série mais chacune est unique. Elles remplissent l’espace jusqu’à saturation au fur et à mesure du compte rendu, cachent presque les acteurs. Ils agencent les poupées dans l’espace comme une tentative obsessionnelle d’ordonner un monde qui ne répond plus. Les poupées s’entassent inexorable¬ment. On ne sait plus trop si elles sont spectatrices ou actrices. Si elles étouffent ou démultiplient la parole.
Pendant la représentation une vibration de lumière se met en place, dissociant le fond et les parois du container. Les contours, les con¬trastes et les distances se modifient. On aperçoit des sigles sur les acteurs, un trait de lumière scanne l’espace.
Parfois, les acteurs replacent les poupées une à une et se placent parmi elles, silencieux et immobiles.
Ils deviennent ensemble des ombres, des silhouettes supports de la projection vidéo qui recouvre l’espace, calé au millimètre. La projection prend tout l’espace scénique dessinant les contours, colorant les surfaces, donnant mouvement au bloc d’acier et à ceux qui sont dedans, donnant peut-être un sens à la tâche que les acteurs ont accomplis.
Dans le container on prend le temps. Le temps de se dire et de se laisser comprendre, voire même de réfléchir à ce qu’on s’est dit. Le temps de laisser la voix résonner et le silence revenir. Le temps de voir les vrais corps et les poupées, le temps de voir la lumière et les projections vidéo sur eux.
Le temps surtout de s’apercevoir qu’on est ensemble, vraiment. Que les « je » qui sont dit disent vraiment « je » et que les « tu » te parlent vraiment.
Est-ce que le monde sait qu’il me parle
ktha compagnie
Du 3 au 28 mars 2010
Confluences – Paris
Informations : 01 40 19 94 38
ktha compagnie
140 rue du Faubourg Saint-Antoine
75012 Paris
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