Cabaret Terezin – Théâtre Marigny
Pourquoi monter Cabaret Terezin aujourd’hui ?
Alexander Waechter, découvre le destin tragique de son grand-oncle, Raimund, mort à Theresienstadt. Il trouve le courage d’ouvrir la valise qui attend depuis tant d’années dans le grenier familial… Ses souvenirs jaillissent alors sous la forme d’un homme, d’une femme et d’un pianiste, qui l’entraînent dans l’époustouflante gaieté d’un cabaret où les peurs, les désirs et les rêves, mais aussi les petites faiblesses humaines, se heurtent à l’oppression sur un fond (toujours) musical…
La profonde originalité de Cabaret Terezin, au-delà de la qualité artistique, est son incroyable force vitale. Son impact auprès des jeunes publics est d’autant plus fort : six représentations dédiées au public scolaire sont organisées à Marigny en parallèle, et en écho avec des actions pédagogiques montées, à la demande des professeurs, par le Mémorial de la Shoah. L’histoire de Theresienstadt a été souvent évoquée au théâtre, mais c’est la première fois en France que sont montées sur scène les oeuvres de cabaret écrites et produites par les artistes internés à Terezin. Malgré le manque de nourriture, les conditions sanitaires catastrophiques, le typhus, la dysenterie, la terreur constamment présente, la peur d’être envoyé vers les camps de la mort, une vie culturelle d’une incroyable richesse s’est organisée à Terezin. Écrivains, professeurs, acteurs, musiciens donnèrent des conférences, des concerts et des pièces de théâtre. Une activité artistique intense, seule forme de résistance possible, seul rempart contre l’innommable. On connaît la part prise par la musique classique, les quartets et les opéras (Rafael Schaechter avec son Requiem de Verdi donné devant Adolf Eichmann). Ceux qui restent largement ignorés, ce sont ces grands artistes de cabaret, juifs originaires principalement de Tchécoslovaquie, d’Autriche et d’Allemagne, qui écrivirent et jouèrent des pièces satiriques au nez et à la barbe des Nazis. C’est à ces artistes que ce spectacle a décidé de rendre leurs voix. Pour que, longtemps, longtemps après, ses poètes n’aient pas disparu… Parce qu’il faut nommer l’indicible, donner à voir l’in-montrable, mais autrement. Pour endiguer l’horreur.
Le contexte historique
Theresienstadt est tout d’abord une forteresse construite par l’impératrice autrichienne Marie-Thérèse pour consolider l’emprise des Habsbourg sur la Bohème. Elle se révèle un vrai rempart de défense contre Napoléon. Dés le début du XIXème siècle, elle sert de prison non seulement pour les prisonniers de guerre, mais aussi pour les détenus politiques ou les opposants au régime des Habsbourg. En juin 1940, la Gestapo prend le contrôle de Terezin et installe une prison dans la Kleine Festung (petite forteresse).
En novembre 1941, le site est transformé en ghetto muré, servant de façade à l’opération d’extermination des juifs sous l’impulsion du chef des SS Reinhard Heidrich.
Pour le monde extérieur, Terezin est présenté par les nazis comme une colonie juive modèle. Mais c’est un camp-ghetto qui sert aussi de camp de transit pour les juifs acheminés vers Auschwitz et les autres camps d’extermination.
Environ 144 000 juifs sont déportés à Theresienstadt. Un quart d’entre eux, 33 000, meurent sur place, principalement à cause des conditions de vie épouvantables (famine, stress, maladies, épidémies de typhus à la fin de la guerre) et 88 000 à Auschwitz et dans les autres camps d’extermination. Le dernier transport pour Auschwitz Birkenau est acheminé le 28 octobre 1944; cinq mois après le débarquement, 18 000 prisonniers sont déportés vers l’Est et seulement 1574 survivent aux chambres à gaz.
Le 4 mai 1945, la Croix-Rouge internationale s’empare de Terezin et trois jours plus tard, l’Armée rouge, libère les 25 301 survivants.
Oublier l’horreur
Dans cette ville prison, la seule liberté est de créer. Les artistes continuent à exercer leur art, et tout particulièrement la musique, seule forme de résistance possible avec l’arme ultime – le rire. Une centaine d’oeuvres musicales sont écrites et composées, des milliers de dessins et de peintures, des milliers de pages de journaux intimes, de poèmes sont écrites, plus de deux mille conférences sont données sur les sujets les plus variés – et on publie même des critiques de spectacles ! En 1943, une billetterie est créée afin de répondre au succès des spectacles. Pour les plus populaires, le prix des places peut aller jusqu’à 5 couronnes de Ghetto (contre 8 pour une cigarette). Un seul genre est banni – la tragédie. Le talent disponible donne un niveau de sophistication remarquable aux concerts, pièces de théâtre et opéras ou aux lectures et programmes pour enfants qu’organisent les prisonniers pour éviter de penser à leur sort tragique. Malgré la pression nazie, l’expression artistique à l’intérieur du camp est bien supérieure à ce qui se passe dans le monde dit «libre».
Aujourd’hui
Après la guerre, un homme dépose une valise dans un musée de Prague. Celle-ci reste longtemps fermée, jusqu’à ce qu’enfin, un conservateur un peu curieux se décide à l’ouvrir et découvre des centaines de dessins d’enfants de Terezin qui sont parmi les travaux les plus glaçants exposés au musée juif de Prague, donnant aux visiteurs une idée précise de la vie dans le camp. Des dizaines de milliers de personnes ont visité Terezin, où une Fondation pour la Mémoire rassemble toutes les pièces de cette incroyable histoire.
Cabaret Terezin
Du 7 février au 10 mai
Dimanche 7 février à 16h
Lundi 8 février à 20h30
Dimanche 14 février à 16h00
Lundi 8 mars à 20h30
Lundi 10 mai à 20h30
Réservations : 0892 68 36 22 (0,34 cts d’euro/min) : Fnac – Carrefour – www.fnac.com
Au guichet du Théâtre Marigny le jour de la représentation (chèques et espèces uniquement)
6 représentations destinées aux collèges, lycées et associations :
Lundi 8 février à 15h
Jeudi 11 février à 15h
Mardi 16 février à 15h
Jeudi 18 février à 15h
Lundi 8 mars à 15h
Lundi 10 mai à 15h
Dans la mesure des places disponibles, des places à 10 € seront accessibles aux étudiants, seniors et chômeurs. Réservations : cabaret.terezin@gmail.com et au théâtre le jour même.
Toujours dans la Grande Salle du Théâtre Marigny six représentations seront réservées aux
Lycées et Collèges (toutes les places seront à 5 € + deux accompagnants invités par classe) en accord avec la Direction de l’Action Culturelle du Rectorat de Paris. Une journée d’information destinée aux professeurs a été tenue au Mémorial de la Shoah et un travail est mené en parallèle avec son Service pédagogique, à même de répondre aux questions multiples que ce spectacle ne manquera pas de susciter. . .
Théâtre Marigny
Situé dans le carré Marigny des jardins des Champs-Élysées, à l’angle de l’avenue des Champs-Élysées et de l’avenue Marigny, dans le 8e arrondissement de Paris.
Métro : Champs-Elysées, Clemenceau, Franklin Roosevelt
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