Aragon et l’art moderne – Musée de La Poste
Louis Aragon (1897-1982), fondateur du mouvement surréaliste avec André Breton et Philippe Soupault est un des esprits les plus brillants et les plus complexes du XXe siècle. Les trois hommes ont très tôt entamé un dialogue avec la peinture. A tel point que leurs écrits sur l’art forment un véritable corpus dans leur oeuvre. La littérature et l’art sont, pour Aragon, imbriqués et portent en eux la même interrogation : la mise en question de l’homme et du monde et, par là même, des langages verbal et pictural. Pour Aragon, les objets sont des mots et les mots des matériaux de construction. La rencontre de l’auteur avec des peintres majeurs a été fondamentale. « Elle a toujours marqué une étape importante de ma propre vue des choses », écrira-t-il. Ces peintres, dont il fait la connaissance grâce à Guillaume Apollinaire et à Pierre Reverdy, vont, pour certains, l’accompagner toute sa carrière.
Aragon, en intimité avec ceux qu’il appelle « les aventuriers de la pierre et de la toile », sera mêlé de près aux événements capitaux de l’histoire de l’art du XXe siècle. Il publie dès 1923 un texte sur Max Ernst, puis en 1930, en guise de préface à une exposition, La Peinture au défi, qui se veut une réflexion sur les collages suscitée par La Femme 100 tête de l’artiste et par ceux de bon nombre d’artistes dadaïstes et surréalistes auxquels il est encore lié : Duchamp, Picabia, Arp, Man Ray, Miró, Tanguy…
Dans ce texte essentiel, qui préfigure ce que deviendra la création contemporaine, Aragon fait l’historique de cet art nouveau, tente d’expliquer « le défi que le collage lance à la peinture traditionnelle » et pose la question du réalisme, voire du réalisme socialiste. Concepts qu’il approfondira en 1935 dans son ouvrage Pour un réalisme socialiste. Dès lors, il se fait le défenseur d’artistes comme Taslitzky, Fougeron (quand il ne lui reproche pas de faire fausse route), et d’artistessoviétiques. Ce qui ne l’empêche pas simultanément d’écrire des articles sur Pirosmani, Signac, Matisse, Picasso, Léger, Chagall, Miró, Ernst, Masson, Malkine, Hoffmeister, Giacometti, Grüber, Buffet, Kolar, Fassianos… pour des catalogues ou des journaux ; principalement Les Lettres françaises, hebdomadaire littéraire dont il assure la direction de 1953 à 1972, épaulé par Pierre Daix, rédacteur en chef, et qui seront repris dans Aragon, Ecrits sur l’art moderne (1981). Enfin, en 1970, il consacre un essai remarqué à son ami Matisse, rencontré trente ans plus tôt.
On retrouvera, au travers de cette exposition, les travaux d’artistes sur lesquels Aragon a écrit : Signac, Pirosmani, Matisse, Marquet, Picasso, Braque, Léger, Gris, Duchamp, Chagall, Klee, Arp, Man Ray, De Chirico, Ernst, Masson, Malkine… mais également Titus-Carmel, Le Yaouanc, ou encore Moninot, également soutenus par l’écrivain. Ces oeuvres seront illustrées par les réflexions les plus percutantes de l’écrivain, et accompagnées de livres et de documents de l’époque.
Lire la critique sur Artistik Rezo.
« Aragon et l’art moderne »
Exposition réalisée avec le soutien de La Maison Elsa Triolet – Aragon, en collaboration avec l’association des amis d’Aragon.
Partenaires : ARTE Editions, Télérama, Libération, Imestia et Le Magazine littéraire.
Jusqu’au 19 septembre 2010
De 10h à 18h sauf dimanche et jours fériés
Informations : 01 42 79 24 24
Tarifs 6.50 € – Tarif Réduit : 5 €
Gratuit pour les moins de 13 ans
Musée de la Poste
34 Boulevard de Vaugirard
75015 Paris
Métro Montparnasse Bienvenüe
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