Grégory Derenne – Galerie Bertrand Grimont
Toujours en retrait, depuis les coulisses ou derrière une vitre, le peintre est un corps étranger au théâtre. Il en saisit les rouages avec une pointe de mélancolie. Nous montrer que nous n’avions pas vu ce que nous avons vu ; l’axiome célèbre de Paul Valéry sonne aujourd’hui comme une évidence.
Partant du noir pour aller vers la lumière, l’artiste fait affleurer le réel à la surface du tableau. Dans ces œuvres figuratives, la matière colorée jaillit sur la toile noire laissée apparente, à l’état brut. Un jeu de formes et de couleurs s’engage, amorçant une forte tension entre abstraction et réalisme. Un écran de contrôle devient une tache de lumière ponctuant une composition, la lumière d’un spot enflamme un angle, les cloisons d’un décor dessinent des plans sombres ou lumineux qui organisent l’espace. Les silhouettes sont indéterminées, réduites à une ombre ou un reflet. une touche vient donner du relief, une densité aux zones sombres. Le volume de ces « boîtes à images » que sont les plateaux de télévision semble s’enfoncer dans le néant, en phase de disparition, dans un retour vers l’écran noir originel.
Le peintre ne laisse que peu de recul vis-à-vis de la toile, celle-ci s’impose immédiatement et nous enveloppe de son monde de faux-semblants. La couleur vibre et brouille les repères d’une réalité tangible : dans les « vitrines », intérieur et extérieur s’imbriquent dans une confusion des contours que contredit la frontalité et la solidité des compositions de l’artiste. Le regard se perd le long des lignes de fuite où se disputent lumière et obscurité. La surface-tableau impénétrable devient alors une aire de jeux où l’illusion triomphe.
Exposition de Grégory Derenne
Du 31 janvier au 13 mars 2010
Galerie Bertrand Grimont
47, rue de Montmorency
75003 Paris
Articles liés
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...
“Un siècle, vie et mort de Galia Libertad” à découvrir au Théâtre de la Tempête
C’est Galia Libertad – leur amie, leur mère, leur grand-mère, leur amante – qui les a réunis pour leur faire ses adieux. Ce petit groupe d’amis et de proches, trois générations traversées par un siècle de notre histoire, se retrouvent...
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...