Pierre-Arnaud Gillet – galerie J&T Montes
Par hasard, par usure, nos espaces urbains sont créateurs d’art au quotidien. Pierre-Arnaud Gillet compose ces matières, traque leurs oppositions, leurs contrastes pour que d’invisibles, elles deviennent enfin remarquables aux yeux de tous. Les photographies exposées, bien qu’issues de recherches différentes, convergent toutes vers la même quête d’abstraction, à la frontière de la photographie et de la peinture.
Les premiers artistes qui ont façonné son regard n’étaient d’ailleurs pas photographes mais peintres. De Staël, la première illumination, Poliakoff, Vieira da Silva, César Domela, Antoni Tàpies, Alberto Burri, Franz Kline, Pierre Soulages et Mark Rothko le menèrent invariablement vers une recherche de matières, de rythmes et de compositions rigoureuses. Par la suite, la découverte de photographes tels Robert Adams, Lewis Baltz, Walker Evans, Arthur Rothstein, Aaron Siskind, Andy Goldsworthy pour son Land-Art et Robert Polidori pour son sens du monde urbain furent essentiels dans son cheminement.
De ces racines, Pierre-Arnaud Gillet a gardé la volonté de créer chaque image non pour représenter une réalité factuelle mais pour la laisser ouverte aux autres, pour le voyage qu’elle pourrait susciter. A chacun d’y apporter sa propre expérience, son histoire, ses goûts pour la terminer.
Ces matières urbaines auxquelles personne ne prête attention, ces goudrons, ces bétons, ces éléments de signalisation sont pour lui aussi nobles que l’huile d’un Soulages, les mélanges d’un Tapiès et les à-plats d’un Rothko. Il voit en ces surfaces insignifiantes une chance incroyable, une matière inestimable.
Si Pierre-Arnaud Gillet se défend d’être photographe, c’est pourtant la dimension photographique et ce qu’elle offre comme nouveau territoire à l’abstraction qui a porté l’attention de la galerie J+T Montes sur son travail. En effet, l’asphalte et le bitume se transforment en composition abstraite sous son regard – mélange de couleurs, matières et signes à la fois familiers et réinventés.
La photographie s’habille alors de matières ; des volumes semblent s’échapper et des formes se dessiner sur cette toile imaginaire, capture volontaire d’un instant arraché à un quotidien ignoré, inaperçu. Ce qui n’étaient que des tâches et des traces sur le sol se transforment en traits de peinture et ses oeuvres nous invitent à voyager en un instant d’une réalité urbaine à une poésie abstraite.
Pierre-Arnaud Gillet – Vous êtes bien urbain
Du 5 au 28 février 2010
Galerie J&T Montes
36, rue Charlot
75003 Paris
M° Filles du Calvaire
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