Splendides Ballets russes au Palais Garnier
Au début du siècle dernier, les Ballets Russes de Serge Diaghilev bousculaient les conventions et ouvraient grand la porte à la modernité, initiant la collaboration entre peintres, musiciens et chorégraphes d’avant-garde. Voici réunie l’élite artistique de l’époque en une affiche vertigineuse : Debussy,
Stravinsky, Falla, Picasso, Bakst, Massine, Nijinski, Fokine…
Pour autant, cet hommage réunit des œuvres de périodes différentes et révèle une grande diversité d’inspiration allant du romantisme du Spectre de la rose et de l’érotisme fauve de L’Après-midi d’un faune, à la fête tragique de Petrouchka et à l’évocation espagnole du Tricorne. Cent ans après la première saison des Ballets Russes, ces œuvres, présentées dans leur insurpassable chorégraphie d’origine, témoignent de ce que fut et demeure cette audacieuse aventure artistique.
Tout d’abord, le Spectre de la rose, de Weber, musique romantique, d’après la chorégraphie de Michel Fokine nous fait nous interroger sur ce à quoi rêvent les jeunes filles. C’est un enchantement de toute beauté, un superbe bijou dans un écrin précieux. Le danseur étoile, Mathias Heymann, exceptionnel, en spectre, esprit plein de grâce, vole avec élégance autour de la Belle endormie, Isabella Ciaravola. Ses bras en fleurs ondulent au-dessus de sa tête de fleurs, tout son corps pourpre frémit et envoûte subtilement la jeune femme charmante et gracile attirée par ce délicieux parfum et par cette présence de rêve, étrange, à la fois masculine et féminine, féline et florale. Le danseur bondit et lévite, à la fois partout et nulle part, glisse avec sensualité et soulève la jeune fille dont le désir naît peu à peu. Elle tournoie de plaisir, les yeux fermés et irradie la scène. Leurs costumes merveilleux enchantent et invoquent le désir. Lui, Le corps moulé comme un gant et elle, finement corsetée, avec ses jupons aériens, valsent jusqu’à l’ivresse. Puis il disparaît subitement comme un songe par la fenêtre… Un triomphe !
L’après-midi d’un faune, de Debussy d’après le poème symboliste de Mallarmé, première chorégraphie de Nijinski, créé au Théâtre du Châtelet le 29 mai 1912 transporte dans une Grèce archaïque. On comprend pourquoi cela fit scandale à l’époque et que les danseurs se refusaient parfois à danser comme l’imposait Nijinski. C’est un tableau vivant, un bas-relief où la tête, les bras, les hanches, les pieds demeurent dans la même position inspirée par la Grèce archaïque. Tout le corps est disloqué. Il n’y a ni sauts, ni pointes mais un faune formidable qui se réveille sur scène. Et ce faune, c’est Nicolas Le Riche, transformé, félin et suave, dans une animalité délicieuse qui dompte sa jeune proie et charme toute la salle.
Crédit : Sébastien Mathé / Opéra national de Paris L’Après-midi d’un Faune Nicolas Le Riche
Ensuite, le ballet, le Tricorne, d’après la chorégraphie de Massine, nous emmène dans une Espagne folklorique, au XVIII ème siècle.
Le meunier et sa meunière interprétés merveilleusement par les danseurs étoiles José Martinez et Marie-Agnès Gilot sont des gitans qui évoluent sur des danses folkloriques espagnoles, entourés de nombreux danseurs dans des costumes somptueux. Danse de caractère, farce, c’est un ballet dépaysant, très agréable à regarder, drôle et séduisant.
Enfin, la soirée s’achève par le ballet féérique, Pétrouchka d’après la chorégraphie de Fokine. La sublime musique de Stravinsky porte les danseurs et les spectateurs cette fois dans le folklore russe enneigé en plein hiver. C’est la pantomime qui prime cette fois et nous transporte dans cet univers très étrange figé et vivant : les marionnettes s’animent, sans cesser néanmoins d’être des marionnettes de théâtre. Benjamin Pech interprète ce guignol russe magiquement et la poupée, Clairemarie Ostia est superbe. Véritable automate délicate au coeur tendre, brutalisée par le Maure, implacable.
Le contraste très grand entre les êtres de chair et de sang et les marionnettes rend ce ballet féérique comme dans un conte populaire traditionnel.
Un très beau spectacle pour clore cette fin d’année en beauté à l’Opéra Garnier !
Marie Torrès
Les Ballets russes
LE TRICORNE
MANUEL DE FALLA Musique
LÉONIDE MASSINE Chorégraphie
PABLO PICASSO Décor et costumes
LE SPECTRE DE LA ROSE
CARL MARIA VON WEBER Musique
MIKHAÏL FOKINE Chorégraphie
LÉON BAKST Décor et costumes
L’APRÈS-MIDI D’UN FAUNE
CLAUDE DEBUSSY Musique
VASLAV NIJINSKI Chorégraphie
LÉON BAKST Décor et costumes
PETROUCHKA
IGOR STRAVINSKY Musique
MIKHAÏL FOKINE Chorégraphie
ALEXANDRE BENOIS Décors et costumes
LES ÉTOILES, LES PREMIERS DANSEURS
ET LE CORPS DE BALLET
ORCHESTRE DE L’OPÉRA NATIONAL DE PARIS
VELLO PÄHN Direction musicale
PALAIS GARNIER
Métro : Opéra
12 représentations du 12 au 31 décembre 2009
Samedi 12 décembre 2009 – 19h30
Dimanche 13 décembre 2009 – 20h
Mardi 15 décembre 2009 – 19h30
Mercredi 16 décembre 2009 – 19h30 *
Vendredi 18 décembre 2009 – 19h30
Samedi 19 décembre 2009 – 19h30
Dimanche 20 décembre 2009 – 20h
Mardi 22 décembre 2009 – 19h30
Mercredi 23 décembre 2009 – 19h30
Samedi 26 décembre 2009 – 19h30
Lundi 28 décembre 2009 – 19h30
Jeudi 31 décembre 2009 – 19h30 **
** SOIRÉE DU RÉVEILLON
TARIFS
87 €, 65 €, 42 €, 21 €, 10 €, 7 €, 6€
TARIF 31 décembre (soirée du Réveillon)
172 €, 138 €, 116 €, 70 €, 40 €, 21 €, 10 €, 7 €
INFORMATIONS / RÉSERVATIONS
Téléphone : 08 92 89 90 90 (0,337€ la minute)
Au Palais Garnier et à l’Opéra Bastille tous les jours de 10h30 à 18h30 sauf dimanche et jours fériés
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