Slava’s Snowshow au théâtre Monfort
C’est dans une salle déjà recouverte de confettis blancs et au son d’une étrange musique que le public prend place. Une entrée atypique, à l’image du Slava’s Snowshow, une entrée joyeuse et intrigante.
Poésie et divertissement
Assurément, le Slava’s Snowshow ne ressemble à aucun autre spectacle. Il est à lui seul un genre original mêlant poésie, mime, théâtre, cirque, pour n’en former qu’un. Les clowns déambulent dans leurs costumes loufoques et offrent un moment hors du temps où le spectateur est tantôt pris dans une toile d’araignée géante, sous un immense nuage de fumée ou encore dans une tempête de neige, pour finir par lancer d’immenses ballons de couleurs à travers la salle du théâtre Monfort. On comprend pourquoi les plus jeunes sont si amusés de pouvoir ainsi participer et les plus grands ravis d’être entraînés dans cet univers naïf et ludique. Le public assiste et vit la représentation, il est interpellé, parfois arrosé et chahuté par des clowns qui privilégient l’interactivité et l’éblouissement. C’est véritablement un « show », un divertissement qui avec ses tableaux à l’esthétisme poétique et coloré cherche l’adhésion du public. Les comédiens, Slava Polunin en tête, ont une formidable capacité à capter l’attention sans mot dire, avec pour moyens à disposition leur talent de mimes et un grand renfort d’effets sonores et visuels. Les images se succèdent comme des plans cinématographiques, le regard est captivé et les sens en éveil.
« C’est magique ! »
Voilà ce qui ressort invariablement de la bouche des spectateurs à l’issue de tant de feux d’artifices. Difficile effectivement de ne pas être charmé ou du moins de sourire devant l’onirisme assumé des tableaux. Mais il faut admettre que si beaucoup sont transportés instantanément, si l’adhésion et l’illusion ne sont pas totales, tout semble tout de suite moins captivant. Slava Polunin et ses collègues sont pourtant des virtuoses de la gestuelle, de la maîtrise des corps et probablement les héritiers les plus brillants de l’art du mime. Ceux qui connaissaient déjà leur incroyable talent ou qui ont eu l’occasion d’assister au spectacle Semianyki (la famille) au théâtre du Rond-Point peuvent être déçus de ne pas retrouver tout ce qui fait l’essence même des clowns russes. Frustration d’avoir sur scène le fondateur de l’école Licedei et de parfois trop se rapprocher de l’attraction plus que de l’illusion. Le lancé de ballons final sur l’air de Paolo Conte It’s wonderfull est certes improbable pour le public des théâtres parisiens, mais cette « communion » par le jeu éclipse la vraie magie, celle des comédiens.
Le Slava’s Snowshow est un ovni parmi la scène théâtrale et mérite qu’on s’y arrête, ne cessait-ce que pour ce vent de nouveauté et de fraîcheur qu’il offre. Il renoue avec un théâtre de divertissement et de poésie, un théâtre qui s’adresse à tous avec humanité. Partisan ou non de cette forme d’expression, il faut reconnaître à Slava Polunin la capacité à donner vitalité et entrain à la représentation. Créateur génial et amoureux de son art, il est un artiste de notre siècle dont l’œuvre est à connaître absolument.
Cassandre Bournat.
Slava’s Snowshow
création Slava Polunin avec Slava Polunin, Artem Zhimolokhov, Robert Saralp, Alexandre Frish, Tatiana Karamysheva, Yury Musatov, Ivan Polunin, Nikolai Terentiev, Elena Ushakova
Reprise du 20 au 27 juin 2010
A 20h30, 16h le dimanche, représentations supplémentaires les 12, 19, 22, 23, 26, 29, 30 décembre et 2 janvier
Réservations : 01 56 08 33 88, du mardi au samedi de 14h à 18h30
Plein tarif 28 euros, tarif réduit 22 euros ( -26 ans, + 65 ans, chômeurs, intermittents, personnes handicapées, collectivités, groupes à partir de 8 personnes)
Le Monfort
106, rue Brancion
75015 Paris
Métro Porte de Vanves (ligne 13), bus 58, 62, 89, 95, 191, tramway 3
Articles liés
“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....
La Scala présente “Les Parallèles”
Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...
“Tant pis c’est moi” à La Scala
Une vie dessinée par un secret de famille Écrire un récit théâtral relatant l’histoire d’un homme, ce n’est pas seulement organiser les faits et anecdotes qu’il vous transmet en une dramaturgie efficace, c’est aussi faire remonter à la surface...