James Ensor : le peintre des masques fait son carnaval – Musée d’Orsay
Natif d’Ostende, c’est en ce lieu que James Ensor puisa son inspiration. Après son retour des Beaux-arts de Bruxelles en 1880, il demeurera dans sa ville natale durant la majeure partie de son existence. Homme à la fois ambitieux et attaché à ses racines, le jeune Ensor aspire déjà à une reconnaissance internationale, tout en guidant ses recherches vers son environnement intime, entre l’intérieur familial bourgeois, et la luminosité maritime du paysage nordique. Ses études sur la lumière déformée lui valent un rattachement aux impressionnistes qu’il dénigre. Par la suite les allures mystiques que prendront ses tableaux le détacheront radicalement des autres mouvements modernes. Son langage pictural parfois cynique n’aura pas toujours le succès attendu, et de nombreuses peines dans sa vie le dirigeront vers des tournures encore plus insolentes. Notamment avec l’arrivée des masques dans sa peinture, après la mort successive de son père et de sa grand-mère en 1887.
L’œuvre d’Ensor se caractérise par une approche singulière de la lumière. Elle se distingue dès ses premières toiles, dans les scènes d’intérieurs et les natures mortes, coquillages aux reflets translucides et cadrages rapprochés, laissant deviner l’empreinte flamande. La luminosité constitue pour lui une unité spirituelle associée à la courbe, et s’opposant à la ligne rigide qu’il méprise. « La forme de la lumière, les déformations qu’elle fait subir à la ligne n’ont pas été comprises avant moi » : Il se proclame novateur dans l’approche de la lueur : fil conducteur le guidant vers une orientation mystique, présagée dans ses paysages en bord de mer, comparables à ceux de Turner.
Tableaux à la fois comiques et dérangeants
Les squelettes deviennent alors ses acolytes picturaux, ils déconcertent par leur mise en situation dans des états naturels du quotidien ou des scènes divines. Le temps passant, Ensor se voit découragé et révolté contre le manque de reconnaissance du milieu artistique. Au salon des XX de 1887, sa série de dessins Visions, ne séduit guère, alors que Seurat triomphe avec Un dimanche après-midi sur l’île de la Grande Jatte. Le sentiment d’humiliation l’envahissant se répercute d’une manière rocambolesque sur son travail. Les fameux masques inspirés des carnavals de la région, étouffent alors la toile d’une foule d’individus aux couleurs vivaces, masqués de la plus authentique laideur. Ces présences apportent aux tableaux un caractère à la fois comique et dérangeant, où souvent des autoportraits s’y glissent. Ensor se représente à de nombreuses reprises, se tournant au ridicule, lorsqu’il s’hybride en hareng, ou sous forme de satire, en duel avec des personnalités de son époque. Par le changement de son approche, avec une nouvelle palette chromatique tapageuse et l’arrogance de ses figures, il obtiendra le grand succès tant attendu. Toutefois, pour l’imprévisible Ostendais, cette reconnaissance jugée trop tardive, l’incita à abandonner la peinture pour consacrer la fin de ses jours à la musique, jusqu’à son décès en 1949.
Cette présentation de James Ensor à Paris est l’occasion de connaître ou de redécouvrir le parcours atypique d’un peintre sans pareil, dont l’acharnement d’une vie dans un travail de fond, a su au fil du temps se faire apprécier à sa juste valeur. Un artiste qui a refusé de se laisser maudire, faisant preuve d’une grande force de caractère, pour accomplir sa revanche. Abusant de son sens de la farce et du burlesque sans jamais perdre de vue sa dignité.
Une exposition à démasquer sans aucuns scrupules, qui foisonnera l’imagination des grands baladins, et affriolera les bambins.
Justine Vandendriessche
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James Ensor: le peintre des masques fait son carnaval au musée d’Orsay
Du 20 octobre 2009 au 4 février 2010
Ouverture de 9h30 à 18h00 du mardi au dimanche
Nocturne le jeudi jusque 21h45
Tarifs : 9,50 euros plein tarif – 7 euros tarif réduit
Gratuit pour les moins de 25ans (ressortissant de l’Union Européénne), les visiteurs Handicapés et les demandeurs d’emplois. Gratuité pour tous, les premiers dimanches du mois.
Musée d’Orsay
62, rue de Lille – 75007 Paris
Métro 12 : Solférino
[Visuel : Musée d’Orsay et quai Anatole-France – Paris VII. Mai 2011. Travail personnel de Mbzt. Fichier disponible selon les termes de la licence Creative Commons Paternité 3.0 Unported]
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