0 Shares 2747 Views

Madame de Sade au Théâtre National de Strasbourg

13 novembre 2009
2747 Vues
Spectacle_20092010_MadameDeSade_AnneGayan_216

 

Elles sont au nombre de six, six femmes qui ont connu ou côtoyé Donatien Alphonse François Marquis de Sade, qui l’ont aimé, adoré ou honni. Trois d’entre elles, Renée, marquise de Sade, Mme de Montreuil, la mère de cette dernière et Anne, sa sœur, ont véritablement existé, tandis que la bonne, la Comtesse de Saint-Fond, courtisane de son état, et la Baronne de Simiane, versant religieux de cette pièce, sont le fruit de l’imagination de Yukio Mishima.

 

Un absent omniprésent


« Sade vu à travers le regard des femmes », tel aurait pu être, l’auteur l’avoue, le titre de la pièce. Incarnant tout à tour la fidélité conjugale, l’ordre social, la moralité, la religion, l’appétit charnel ou les façons populaires, ces six femmes offrent un regard riche de différences sur un absent fondamentalement déconcertant mais toujours omniprésent. Au cœur des conversations qui mêlent candeur, naïveté, fantasme et dégoût, il habite la scène sans jamais pourtant apparaître. Nommé, décrit, critiqué mais toujours invisible, le Marquis de Sade est le septième personnage que l’on ne voit pas.

 

Spectacle_20092010_MadameDeSade_AnneGayan_712

© Anne Gayan

 

L’histoire se déroule en trois temps et autant d’actes, que dix-huit années séparent. En 1772, 1778 et 1790, ces femmes, que tout oppose mais qu’un homme rassemble, se retrouvent dans le salon de Mme de Montreuil. A la fois prosaïques et sublimes, triviales et lyriques, elles s’affrontent à coups de verbes et de mots qui se font épée et guillotine entre les lèvres et les mains de ces guerrières.

 

Des créatures extraordinaires


Les crinolines qui les soutiennent et les protègent autant qu’elles-même les portent et les subissent, sont les carapaces et les carcans derrière lesquels elles se cachent et qui les emprisonnent. Pour Jacques Vincey, le metteur en scène, « le spectateur assiste [alors] à la métamorphose de ces femmes ordinaires en créatures extraordinaires, […] témoin privilégié de ces mutations spectaculaires ». Mises hors-jeu le temps de certains combats, les comédiennes, et parmi elles les brillantes Marilù Marini et Julia Vidit, retirent perruques et crinolines, retrouvant leur essence et leur fragilité, qu’elles délaissent quand elles remontent en scène.

 

Regards de femmes sur le Marquis de Sade, « abeille ouvrière du désir », la pièce présentée par le Théâtre National de Strasbourg, mise en scène de manière originale par Jacques Vincey, resplendit de fureur et de déraison. Sans communs ou triviaux effets de scène, elle offre une parole à ces femmes qui plongent dans l’abîme.

 

Solène Zores

 

 

Lire aussi sur Artistik Rezo Le Molière 2009 du créateur costumes pour Madame de Sade, de Yukio Mishima.

 

 

Madame de Sade

de Yukio Mishima

Mise en scène : Jacques Vincey, assisté d’Emmanuelle Zoll

Texte français : André Pieyre de Mandiargues (éditions Gallimard)

Scénographie : Sallahdyn Khatir

Costumes : Claire Risterucci

Lumière : Marie-Christine Soma

Musique : Frédéric Minière, Alexandre Meyer

Collaboration artistique : Paillette

Son : Frédéric Minière, Alexandre Meyer

Maquillage : Cécile Kretschmar

Avec Hélène Alexandridis, Alain Catillaz, Marilu Marini, Isabelle Mazin, Myrto Procopiou, et Julia Vidit

 

Du mardi 10 novembre 2009 au samedi 28 novembre 2009

Du mardi au samedi à 20 h, dimanche 22 à 16 h

Relâche : les lundis et dimanche 15

Durée : 2h20 (sans entracte)

 

Réservations au guichet, sur Internet, au 03 88 24 88 24

Plein tarif  : de 16 € à 25 €

Tarif réduit  : de 13.50 € à 16 €

Tarif spécial : 10 €

Cartes Culture / Atout voir / Demandeur d’emploi / Sapir : 5.50 €

 

Théâtre National de Strasbourg

1 avenue de la Marseillaise

67 000 Strasbourg

 

http://tns.fr/FR/544

 

Articles liés

« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet
Spectacle
531 vues

« Les Misérables », une nouvelle production brillante au Théâtre du Châtelet

Plus de quarante ans après la première création en français, l’opéra d’Alain Boublil et de Claude-Michel Schönberg revient au Théâtre du Châtelet dans une nouvelle version et une mise en scène de Ladislas Chollat. Quarante interprètes dont des enfants...

“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14
Agenda
127 vues

“Moins que rien” : l’histoire de Johann Christian Woyzeck adaptée au Théâtre 14

L’histoire est inspirée de l’affaire de Johann Christian Woyzeck (1780-1824) à Leipzig, ancien soldat, accusé d’avoir poignardé par jalousie sa maîtresse, Johanna Christiane Woost, le 21 juin 1821. Condamné à mort, il a été exécuté le 27 août 1824....

La Scala présente “Les Parallèles”
Agenda
123 vues

La Scala présente “Les Parallèles”

Un soir, dans une ville sans nom, Elle et Lui se croisent sur le pas d’une porte. Elle est piquante et sexy. Lui est hypersensible et timide. Il se pourrait bien que ce soit une rencontre… Mais rien n’est moins sûr, tant ces deux-là sont maladroits dans leurs...