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Bernard Buffet ou la nostalgie des Batignolles

4 novembre 2009
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Bernard_Buffet

Il y a dix ans, le 4 octobre 1999, Bernard Buffet, épuisé par la maladie, choisissait d’aller à la rencontre de la mort. Il n’était plus de bon ton, alors, de célébrer l’oeuvre du peintre qui avait dominé le paysage français de l’art pendant vingt ans. Seul Jean Grenier, l’ami de Camus, avait trouvé les mots justes pour saluer, dans L’Express, le génie de cet être énigmatique qui avait inventé – à rebours des modes – une esthétique austère. « Son succès étourdissant, avait écrit Jean Grenier, en pleine jeunesse, a fait de lui la pierre de scandale, le lieu de contradiction qui se retrouve à toutes les périodes de l’histoire de l’art. Il a pris le relais de Picasso, et bientôt son nom deviendra comme celui de ce dernier, un nom commun… (…) Où voulez-vous trouver une règle ailleurs que dans la force de l’individu ? Cette force éclate chez Buffet – non dans sa personne qui est celle d’un adolescent timide, poli et qui s’ennuie correctement avec les grandes personnes mais celle de sa peinture. Celle-ci est au-dessus de la discussion, et il faut en prendre son parti : elle s’impose… »

 

Ambassadeur de l’Art français

 

L’écrivain Jean-Claude Lamy a consacré, en 2008, une biographie sensible au peintre dont la timidité confinait à l’effacement. Bourreau de travail, porté par sa quête de vérité, il admirait les solitaires comme Derain. Pour lui, l’Art ne relevait pas d’un commerce mais d’une mission. « Il fut une époque où le peintre n’était pas regardé comme une bête curieuse, qui doit être sale et vivre de croûtons de pain, mais où il faisait partie véritablement de sa nation, avait confié Bernard Buffet. Il contribuait à son prestige, il était son ambassadeur à l’étranger. On comptait avec lui, car on savait alors que les royaumes passaient, mais que la peinture restait. Qu’on me permette de regretter cette époque. » Bernard Buffet et son frère aîné Claude ont vécu toute leur enfance et leur jeunesse au deuxième étage du 29, rue des Batignolles, près de la mairie.

Le peintre s’était représenté, avec sa maman, Blanche, sur le pont du boulevard des Batignolles, au métro Rome, avec, au fond, le pont de l’Europe. Dans leurs regards, on lit la même attente anxieuse. Du premier appartement que ses parents avaient occupé, rue Mariotte, après leur mariage, le 23 novembre 1919 à Sainte-Marie des Batignolles, la famille ne garda longtemps qu’une chambre de bonne où se réfugiait, pour dessiner, le jeune Bernard fuyant les disputes conjugales du ménage. Sa belle-soeur, Simone, a entretenu le souvenir de cette retraite apaisée ; elle se souvient des années d’apprentissage : « L’atmosphère des Batignolles, était celle d’un couvent, sans éclats de voix, le silence seulement troublé de chuchotements sourds ». La conférence de Jean-Claude Lamy, le 10 novembre, lèvera le voile sur la jeunesse de l’artiste au moment où l’on réédite, aux éditions Stock, le livre qu’il avait réalisé avec Françoise Sagan en 1957, trois ans après « Bonjour tristesse ». « Les moments de bonheur, d’adhésion à la vie, si on se les rappelle bien, murmurait Sagan, finissent par faire une sorte de couverture, de patchwork réconfortant qu’on pose sur le corps nu, efflanqué, tremblotant de notre solitude. » Le suaire des écorchés de Buffet…

 

Lire aussi sur Artistik Rezo Bernard Buffet à la Galerie Pascale Froessel.

 

Bernard Buffet ou la nostalgie des Batignolles, présentation des affiches d’expositions de Bernard Buffet

 

Du 10 au 25 novembre 2009

Conférence de Jean-Claude Lamy

Mardi 10 novembre 2009 à 19h30

Ouvert samedi de 10 h à 17 h

Entrée libre.

Mairie du 17e arrondissement

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