L’éclat d’une araignée au plafond au Théâtre de la Jonquière
Ce texte est un manifeste de la marginalité, de l’imaginaire, de la fantaisie.
Deux personnages, isolés. Ils sont à priori à l’asile mais cela n’a pas d’importance. Chacun est à la recherche d’un moment de grâce, d’éternité. Ils cherchent à s’échapper, de là où ils sont, de ce qu’ils sont. Ils tentent indéfiniment de monter un numéro de cabaret, un film, une histoire, avec plus ou moins de succès.
A la manière des enfants, on dirait qu’ ils finissent par devenir ce qu’ils inventent. Chacun vient se mettre à nu avec ses failles, ses peurs, ses rêves. Un duo farfelu, Monsieur Ramon et Mademoiselle Patricia, qui nous entraîne dans leur Bastringue.
Monsieur Ramon est une sorte d’artiste de cabaret bas de gamme, raté. Obsédé par le cinéma musical de l’âge d’or hollywoodien en général et par Fred Astaire en particulier. Il devait être coiffeur mais a préféré la vie d’artiste. Un bête accident de cercueil l’a conduit dans cet asile. Il est sans âge une sorte de figure assez monstrueuse. Son obsession de l’heure de gloire, de l’appel de Broadway déshumanise. Il représente tous nos fantasmes enfantins les plus absolus irraisonnés et impatients. Une sorte de destin Puck du pauvre, sorti d’un vieux placard. Il ne s’exprime pas normalement. Il a son propre langage emprunté aux films ou à des vieux romans. Il s’humanise petit à petit au contact de sa partenaire Mademoiselle Patricia. Cette dernière va bizarrement lui servir de confrontation au réel ce qui est souvent source de conflit entre les deux personnages.
Mademoiselle Patricia est une fille sauvage, un vieil ours au féminin, une terrienne très pragmatique violée par la Jeannine qui l’a faite enfermer pour ne pas avoir d’histoire. A l’inverse de Monsieur Ramon, elle est une figure humaine et sensible.
Elle est le miroir de nos angoisses. Mademoiselle Patricia ne se supporte plus, veut changer de peau. Elle n’a qu’un seul but : quitter le réel (cet asile : la vraie vie), qui la dévore et l’étouffe. Elle souhaite rentrer dans les films, ceux qu’elle voit dans la salle commune dans lesquels tout lui semble protégé et merveilleux. Jeune mais déjà brisée. Elle est probablement la moins folle des deux.
Les deux personnages se complètent, s’équilibrent l’un l’autre, et forment un duo absurde. D’ un point de vue psychologique et physique, ils sont dépareillés mais ont un désir commun d’exister. Ils s’aiment puis se détestent tour à tour, s’agrippant l’un à l’autre vers le grand saut final dans la folie ou la liberté. Chacun ne voulant surtout pas être seul.
L’éclat d’une araignée au plafond
Auteur : Anita Lombard
Artistes : Anita Lombard, Xavier Catteau
Metteur en scène : : Manon Savary
12, 13 et 14 novembre 2009 à 20h
Théâtre de la Jonquière
88, rue de la Jonquière – 75017 ¨Paris
Métro: Guy Moquet – Porte de Clichy – Brochant
Tarifs: 13 et 11 euros
Réservations
06 14 19 82 61
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