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“Signore & Signori”, l’irrésistible comédie italienne de Pietro Germi

20 juillet 2009
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Critique néo-réaliste de l’hypocrisie bourgeoise
Dans son impitoyable épopée de la vie de province, Pietro Germi n’hésite pas à fustiger les figures les plus représentatives et les plus caricaturales de la moyenne bourgeoisie italienne : médecins, banquiers, pharmaciens et riches commerçants, des personnages tous directement inspirés des notables de Trévise, sont autant de protagonistes idéals pour dépeindre les existences légères, parfois bornées et toujours triviales qui animent et dévergondent le quotidien des villes de campagne. En trois tableaux conservant les mêmes personnages mais resserrant chacun tour à tour l’éclairage sur une existence ordinaire jetée au cœur d’une affaire de mœurs, « Signore & Signori » brosse avec humour et acidité la décadence d’une génération d’hommes et de femmes aux vies dissolues, livrés aux joies comme aux tourments des relations intimes amoureuses ou amicales.

 

Chronique des moeurs

De Toni Gasparini, imposteur convoitant sans cesse la femme des autres, mis au centre de toutes les railleries après avoir confié son impuissance au médecin qui par ailleurs est son meilleur ami, à Bisgato, honnête comptable dont l’ardeur, longtemps étouffée par une épouse tyrannique, se réveille à la rencontre de la séduisante serveuse du bar de la place, tous les protagonistes mis en scène par Pietro Germi sont épinglés dans leurs travers ordinaires. Déchantant de la jubilation à la désillusion, basculant du vice au forfait, sombrant de la luxure à la punition, tous les agissements de ces figures de la bourgeoisie provinciale sont tantôt trivialisés tantôt sublimés par une représentation tragi-comique des rapports humains n’en épargnant aucun. Le regard acerbe et le ton satyrique de Pietro Germi donnent un tour particulièrement réjouissant à ce spectacle vivant de comédie humaine à l’italienne.

 

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Et c’est toujours avec une réelle curiosité et une sincère empathie pour ses personnages que le cinéaste s’autorise les moqueries les plus franches sans jamais pour autant délaisser l’horizon critique dans lequel il s’engage à combattre l’injustice des classes et à pourfendre le règne de l’argent comme légitimation des pires comportements. Par ailleurs, il est tout à fait évident voire parfois explicite, parmi les écueils qu’il stigmatise avec tant de férocité, que Pietro Germi va jusqu’à encourager sans équivoque certains écarts, tels que le divorce, s’imposant comme étant une réelle nécessité sinon un véritable facteur d’émancipation hors des traditions rigides et castratrices de la société civile italienne.

 

Des existences ordinaires aux aventures extraordinaires
Profondément et authentiquement populaire, le cinéma de Pietro Germi s’intéresse à la réalité de la vie ordinaire du plus grand nombre susceptible d’éclairer, de passionner et enfin de divertir le plus grand nombre. Son ambition démocratique est au moins aussi grande que son intention critique. Les deux visées sont même parfaitement solidaires. Fasciné par le cours des existences ordinaires, surtout quand celui-ci est rompu par l’éclosion d’un drame entraînant tous ses acteurs dans une aventure dont on ne saurait par avance juger de l’issue, Pietro Germi introduit dans chacun des trois actes de « Signore & Signori » un élément perturbateur, inconditionnellement féminin du reste, venant troubler l’ordre et l’équilibre des fréquentations entre citoyens. Ainsi, pas une séquence sans que l’un tente de corrompre la femme de l’autre, de quitter la sienne pour une nouvelle conquête ou encore de déflorer l’innocence d’une jeune fille de passage qui n’en a pas l’âge.

 

Une succession de turbulences amoureuses amorales qui pourtant ne suscitent jamais aucun malaise ni aucun sentiment qui ne se place pas d’emblée par-delà le bien et le mal. Comment nommer cet improbable triomphe de l’esthétique sur l’éthique sinon un chef-d’œuvre ?

 

Nora Monnet

 

pietro_germi« Signore & Signori » / PIETRO GERMI

Scénario / Pietro Germi, Luciano Vincenzoni, Age & Scarpelli

Photographie / Aiace Parolin

Musique / Carlo Rustichelli

Virna Lisi / Milena

Gastone Moschin / Osvaldo Bisigato

Alberto Lionello / Toni Gasparini

Olga Villi / Ippolita Gasparini

Beba Loncar / Noemi Castellan

Franco Fabrizi / Lino Benedetti

Nora Ricci / Gilda Bisigato

Gigi Ballista / Giacinto Castellan

 

En salle le 29 juillet 2009

Italie / 1966 / N&B / 118 mn

Distribution / CARLOTTA FILMS
8 Boulevard Montmartre 75009 Paris

01 42 24 10 86
www.carlottafilms.com

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