Le travail révélé – Musée des Arts et Métiers
Ferdinando Scianna, Marc Riboud, Martin Parr, Lucien Clergue…Autant de grands noms de la photographie qui livrent leur regard, drôle où inquiétant, étonnant où familier, sur une flopée de métiers différents. Chaque photo est complétée par un commentaire d’expert, que ce soit en ergonomie, en économie ou en philosophie pour faire part aux visiteurs des sentiments que leur inspire chaque cliché.
L’exposition débute par une série de photos en noir et blanc, mettant à l’honneur les travailleurs. Lucien Clergue nous entraîne sur le tournage d’un film, dans l’envers du décor, tandis que Raymond Depardon préfère l’atmosphère lourde des usines. L’homme et la machine y cohabitent, s’efforçant de trouver la meilleure alchimie dans une ambiance qu’on imagine assourdissante.
Jean Goumy, très présent tout au long du parcours, nous offre lui des photos éclatantes où l’expression des visages de chaque travailleur est mis en avant. Les instantanés sont éloquents, les figures érodées par l’effort nous rappellent que travail rime parfois avec labeur. Un sentiment d’inquiétude se dégage de ce cliché où un pêcheur asiatique se retrouve au milieu des filets saturés de poissons géants, véritables monstres des mers. On ressent également un léger vertige à la vue des ces travailleurs de l’extrême, exposés au danger, suspendus dans le vide sur le Pont de Normandie.
Les photos couleurs ont elles une puissance de suggestion moindre, faisant la part belle au regard du photographe. Martin Parr et son œil décalé, caustique, a saisi une scène de bureau paradoxale, où un cadre supérieur est à genoux…pour parler à sa secrétaire. Avec ses clichés, Olivier Dion présente lui la grandeur de la tâche qui attend parfois certains travailleurs. On voit ainsi Jean d’Ormesson, buvant son café, occulté par un véritable mur de manuscrits. Et comment ne pas partager l’anxiété de ce vendeur, perdu dans un labyrinthe de livres ?
Une dizaine de photos d’Olivier Turpin nous plonge dans le climat si particulier du travail de nuit. Gardien de musée, taxi, ouvrier dans le métro parisien, sans oublier l’incontournable marché de Rungis, aucun métier de l’ombre n’est oublié. Après un détour par l’Asie où travail est synonyme d’ordre, de rigueur et d’immensité, notre voyage dans les multiples facettes de la vie active s’achève au Pakistan. Deux photos de Marcel Crozet mettant en scène deux enfants, aux regards tristes et interrogateurs, nous rappellent que 218 millions d’enfants sont forcés à travailler aujourd’hui…
Julien Brossard
Le travail révélé
Jusqu’au 30 août 2009
plein tarif : 6,50 euros
tarif réduit* : 4,50 euros
Billet d’entrée au musée donnant accès à l’exposition « Le travail révélé : regards de photographes, paroles d’experts »
Musée des Arts et Métiers
60 rue Réaumur
Paris 3ème
Métro Arts et Métiers (ligne 3)
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