“Chaque photo a son histoire” à Polka galerie
Ils photographient la vie. La notre, celle des autres, celle que l’on connait, celle que l’on découvre. Tous les trimestres, ces artistes de l’instant sont mis à l’honneur dans le magazine Polka. C’est au sein même de la rédaction du journal que se situe la galerie, dans les anciens locaux de l’agence Contact. A peine remercié par la direction de Paris Match, Alain Genestar a monté ce concept innovant: allier le média à un lieu culturel, fruit d’une passion pour la photo, le reportage et l’art.
Il accueille aujourd’hui des grands noms de l’objectif. Et en tête, William Klein, photographe de mode, peintre, réalisateur, graphiste, photojournaliste… Un homme dont on ne peut qualifier le travail, que l’on ne peut cantonner à une discipline déterminée tant son œuvre ne connait « pas de règles, pas de limites, pas d’interdits ». Engagé dans les années 1950 par Alex Liberman, le célèbre directeur artistique de Vogue, William Klein révolutionne la photo de mode. Plus de pose, plus de mains sur les hanches et de pieds en position de danseuses classiques. Loin des studios, il photographie les mannequins dans les rues de ses métropoles de prédilection: Rome, Paris, New York, Tokyo.
La réussite de son accrochage tient dans le fait qu’il alterne propositions sensitives et cérébrales. La violence des rues new yorkaises côtoie aisément le rêve et le glamour de Paris. Une bipolarisation qui n’a rien d’irrévocablement étanche. Une fenêtre ouverte sur la vie, la vraie. S’y ajoute une sélection de ses derniers travaux, des contacts peints, déjà présentés en 2005 au Centre Pompidou. Lui qui fut peintre à ses débuts, Klein propose en quelque sorte un retour aux sources. A la vue de ces œuvres, le spectateur comprend que l’activité du photographe est faite de sélections, de choix mais aussi d’excitation comme en témoigne ces grands coups de peinture rouge. Le voyage est amusé dans l’envers du décor.
La suite nous emmène dans un monde de majesté, de légèreté. Gérard Uféras a lui choisi d’exposer à Polka galerie ses plus beaux clichés de l’opéra, de la danse et de la mode. Trois mondes dont le photographe a visité toutes les coulisses. De l’Opéra de Paris aux défilés de New York, on contemple ces « instants de grâce » saisis par Uféras.
Moins complaisants mais tout aussi puissants, les clichés de McCurry rapportés de ses nombreux voyages en Inde, au Cambodge, en Birmanie ou en Afghanistan révèlent ces vies, ces destins de l’Orient. Les saisissants portraits, les scènes de rue et de marchés, en couleurs très évocatrices, sont parmi les plus marquants de notre temps. Le cliché de la jeune afghane, véritable icône mondiale, ne manque pas, le travail de McCurry étant si complet, direct et sans compromis.
Plus loin, quatre photos de Franco Pagetti racontent le quotidien de la capitale somalienne, ou comment « survivre à Mogadiscio ». Ces images inédites reflètent le drame d’une guerre qui dure depuis dix-sept ans, sur fond d’islamisme radical et dont les premières victimes sont les civils. Autre tragédie, la crise économique vécue par les habitants de Détroit est rapportée en brut par Timothy Fadek. Les ruines des usines de l’industrie automobile manifestent de façon lugubre le déclin de la ville.
En prime, Massimo Siragusa nous offre la vue d’une Italie « bling-bling » lorsque la nature laisse place à de gigantesques parcs d’attraction en plastique.
Fidèle à sa volonté de promouvoir la photographie au service de la tolérance, de l’ouverture mais aussi de la distraction, Polka galerie propose un beau florilège du domaine. Et pour les amateurs, tous ces artistes sont à (re)découvrir dans le Polka magazine de l’été 2009.
Baptiste Crochet
Du 4 juin au 8 août 2009
Entrée libre
Du lundi au vendredi de 11h à 19h30, le samedi de 14h à 18h
Polka Galerie
104 rue Oberkampf, allée du Figuier
75011 Paris
Renseignements : 01.43.14.27.72
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