Ma proche banlieue, des photographies pour fuir les clichés

Quête d’identité

Loin du misérabilisme habituel ou de la recherche du sensationnel, Patrick Zachmann fait des banlieues ses modèles de prédilection. Le projet est ambitieux, le travail innovant dans son approche foncièrement sociologique. Les clichés se font témoins du quotidien des cités : l’artiste braque son appareil sur des fragments de paysages ou sur leurs habitants. La démarche photographique évite que l’œil humain ne déforme la réalité, l’objectif évince toute position subjective. Les récits de vies offerts à la vue du visiteur sont ainsi exempts de tout grimage, même lorsqu’il prend son propre foyer pour sujet. Panoramiques couleurs, photos de famille, jardins ouvriers, lieux de prières ou encore portraits de femmes maliennes jouent sur le vide des paysages, les objets de décorations des appartements, les formes ou encore les couleurs. Patrick Zachmann ne contourne pourtant pas les sujets enflammés. “Ma proche banlieue” s’ouvre sur les émeutes de 2005. Mais là encore, que le visiteur ne s’attende pas à plonger au cœur de la tourmente. Le photographe est à Shanghai en ce mois de novembre et opte pour un point de vue inédit : des captures d’écrans de journaux télévisés chinois qui lui évitent les écueils du sensationnalisme ambiant.

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Mémoire sur négatifs

L’originalité de la démarche de l’artiste réside dans la dualité adoptée. Les prises de vues des années 2000 font écho à celles faites près de trente ans auparavant. La couleur répond au noir et blanc en même temps que la « modernité » dialogue avec le passé. Les parcours individuels prennent une envergure collective avec “Ma proche banlieue”. Patrick Zachmann retrouve ses modèles plus de vingt ans après les premiers tirages effectués : mêmes poses, mêmes décors, même ambiance. Tous portent les marques du temps, en témoignent les rides naissantes ou apparentes qu’ils affichent. Plus que de simples traces du cours de la vie, chaque pli de ces visages se fait symbole d’un instant révolu.

Au fil des épreuves, les mots du photographe – écrits ou lus – participent à illustrer les situations dont il se fait l’observateur. Quelques montages vidéo et des films viennent compléter cette recherche d’identité. La sobriété de la salle qui accueille l’exposition permet ainsi d’exploiter toute la force des clichés.

Nul besoin d’encombrer “Ma proche banlieue” de parures futiles : à l’image de son objet, la scénographie se fait froide, dépouillée de toute attractivité voire ennuyeuse. L’exposition fascine d’autant plus par l’humanité qu’elle dégage. Les photographies de Patrick Zachmann content l’histoire de ces populations chapitre après chapitre, voyage après voyage, sans jamais succomber à la facilité de la complaisance.

Mélanie Grenier

Du 26 mai au 11 octobre 2009
Ma proche banlieue – Patrick Zachmann. Photographies 1980-2007

Cité nationale de l’histoire de l’immigration
293, avenue Daumesnil
75012 PARIS
Renseignements au 01 53 59 58 60
Métro/ ligne 8 : Porte Dorée

Du mardi au vendredi : 10h à 17h30
Samedi et dimanche : 10h à 19h

De 3 à 5 euros
Gratuit pour les moins de 26 ans, et pour tous le 1er dimanche du mois

Ma proche banlieue, des photographies pour fuir les clichés

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