Les Enfants invisibles, un film collectif pour la bonne cause
La fin d’une ère
Pour certains, les armes à feu ont remplacé les jeux de lance-pierre, les balles ont pris la place des cailloux. Pour d’autres, la misère quotidienne conduit à chercher dans les moindres déchets un espoir de survie. Pour tous, des rêves en sursis et un irrésistible besoin de retourner, ne serait-ce qu’un instant, dans l’âge tendre où se mêlent manèges illuminés et autres poupées de porcelaine. La compilation des sept courts-métrages aboutit à un film aux styles hétéroclites : de Jordan Scott qui opte pour un genre fantastique déroutant à John Woo qui fait se croiser les destins de deux enfants que tout oppose, la virtuosité des histoires contées touche tout au long de la projection. Les qualités de réalisation se suivent mais ne se ressemblent pas : le résultat n’en est que plus fort. Ils frappent là où ça fait mal, à leur façon, faisant jaillir l’émotion de scènes parfois simples et percutantes, parfois sophistiquées et fascinantes.
Pêle-mêle
Enfants séropositifs, soldats avant d’être majeurs, orphelins, ‘’délinquants juvéniles’’, les illustrations d’enfances brisées ne manquent pas. Chacun filme les gamins de son pays, de sa région, sur des airs musicaux singuliers : des rues de Naples à celles des Etats-Unis en passant par São Paulo et l’ex-Yougoslavie , le dépaysement est complet. Les portraits dépeints changent du tout au tout, ayant pour seul trait commun la foi en un avenir meilleur qui se lit au fond de leurs yeux. Les histoires sonnent justes, tableaux de ces vies d’apparence si lointaines mais prenant, en réalité, corps sur le pas de chaque porte d’immeubles ou de maisons. Alors que nombre d’adultes pensent aider les enfants à grandir sans percevoir l’influence de ceux-ci sur leur vie, ‘Les Enfants invisibles’ prend le parti de montrer les nombreuses manières dont les plus jeunes changent, à jamais, le sort des aînés.
Dans chaque récit, la magie côtoie la sombre réalité, les rires d’enfants se confondent à la tristesse ambiante, l’espoir se noie dans la mélancolie. Une véritable réussite, sur le fond comme sur la forme.
Mélanie Grenier
Sortie le 20 mai 2009
Un film de Mehdi Charef, Emir Kusturica, Spike Lee, Katia Lund, Jordan Scott & Ridley Scott, Stefano Veneruso et John Woo.
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