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“Our fellow man” à la Maison Européenne de la Photographie

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Des photographies de presse peuvent-elles être considérées comme des œuvres d’art? Si des clichés célèbres, comme ceux de Robert Cappa durant la guerre d’Espagne, l’ont amplement prouvé, une exposition comme celle présentant le travail de Laurent Van Der Stockt, photographe de l’agence Gamma, n’a pas pour objet répondre à cette question, et laisse le spectateur s ‘interroger sur la place même du photographe au sein d’un conflit. En nous présentant des images prises durant trois guerres dites « non conventionnelles » parce qu’elles opposaient directement des soldats à la population civile, en Yougoslavie, en Tchétchénie puis en Irak, le photographe nous plonge dans l’effroyable réalité des conflits modernes. Avec un œil aigu, le reporter d’origine belge démontre, en quelques dizaines de clichés, que la violence armée reste l’archaïsme sanglant des origines, même habillé sous des oripeaux de blindés amphibies et de bombes tactiques.
 
 

L’humanité, quand même Tchétchénie

 

Chacune des salles de l’exposition revenant sur un conflit, il est tentant de se livrer à d’étranges comparaisons. Très rapidement, ce ne sont pas les différences qui passionnent, mais les permanences: quoi de commun entre un GI suréquipé dans la fournaise de Faloudja et ce soldat russe mal réveillé dans un immeuble en ruine, quelque part dans Grozny? Leur jeunesse. Quel trait d’union entre tous ces civils apeurés, tentant de survivre à des conflits qui mettront, invariablement, leur vie en lambeau? Leur dignité, cette façon de faire du peu qu’il leur reste un rempart contre la déshumanisation.  Le travail de Laurent Van Der Stockt est excellent, parce qu’il affirme, sans bruit, cette vérité qu’il nous est impossible de connaître, faute d’en payer le tribut.

 

 

Un travail didactique

 

Est-ce le souhait du photographe? Ou plutôt celui de la galerie, celle-ci ayant dû, étant donné l’étroitesse du lieu, s’en tenir à des ambitions limitées? L’on est en tous cas surpris par l’unité de ton qui se dégage des photos présentées. Le message, partout, est le même, et aussi profond soit-il, on se prend à regretter de ne jamais être surpris, une fois passée la première salle, par les clichés suivants. Le souci visible de cohérence dans la sélection des photos en a peut-être affadi la portée. De plus, le choix de ne mettre ni titre, ni date, s’il est tout à fait défendable, appuie sans doute un peu lourdement ce souci de montrer que la guerre, quels qu’en soient les époques ou les belligérants, présente toujours le même visage. Il reste que cette exposition est une vraie plongée dans le terrible quotidien d’hommes et de femmes trop souvent ramenés à l’état de victimes ou de bourreaux. Laurent Van der Stockt n’a pas rendu la guerre belle, mais il en a humanisé les protagonistes.

 

 

Matthieu Balu

 

 

Du 15 avril au 24 juin 2009

 

Ouvert tous les jours de 11 heures à 20 heures, sauf les lundis, mardis et jours fériés. Accès à la billetterie jusqu’à 19 heures 30.

 

Plein tarif: 6,50 €/Tarif-réduit: 3,50 €

 

 

 

Maison Européenne de la Photographie

 

5/7 rue de Fourcy, 75004 Paris

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