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Chronique sur l’orchestre national d’Ile de France : “Chant d’amour”

27 avril 2009
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L’avant-concert nous permet d’identifier les différents thèmes et leur signification. On nous explique, entre autres, la genèse des œuvres, les intentions les plus profondes des compositeurs, et on nous donne la définition des formes musicales utilisées (le nombre de mouvements, les circonstances dans lesquelles ce type de pièce est joué…). Cela nous permet de nous familiariser aux œuvres avant d’être noyés par la musique.

 

Présentation des oeuvres

 

Richard Wagner

. Siegfried-Idyll

De tout temps et dans toutes les cultures, les amoureux ont donné de la sérénade à leur belle. Et quand l’amoureux s’appelle Richard Wagner, cela donne cette musique incroyable qu’est Siegfried-Idyll, composée pour l’anniversaire de sa jeune épouse Cosima (qui est aussi la fille du compositeur Liszt). Imaginez la scène: dans la villa de Tribschen, treize musiciens se placent discrètement sur le perron; ils interprètent alors par surprise cet hymne à l’amour d’une vingtaine de minutes que Richard Wagner avait écrit en s’inspirant du couple héroïque formé par Siegfried et Brünhilde dans la Tétralogie. On y entend une musique sensuelle et lyrique faisant dialoguer les arpèges héroïques de Siegfried et les arabesques de Brünhilde.

Le nom de l’œuvre fait aussi référence au nom de leur fils, Siegfried. Cette pièce est un contre-exemple de l’écriture wagnérienne ; la forme courte (18mn) est peu représentative de Wagner, ainsi que l’effectif très restreint de la formation.
L’aubade est un concert donné à l’aube sous les fenêtres de quelqu’un. Celle de Wagner a été publiée en 1877, après une réécriture qui la fait sortir de l’intimité du compositeur. On reconnaît l’écriture de Wagner grâce à l’utilisation des leitmotiv. Un leitmotiv est un motif musical associé à une idée, à un personnage, qui évolue avec l’idée ou le personnage. L’orchestre est le facteur d’unité entre les leitmotiv parce qu’il n’y a ni voix, ni texte. Cette aubade comprend quatre leitmotiv qui sont tous extraits de l’opéra Siegfried :
– La paix, contenue dans le nom de l’enfant héros, qui est le premier motif et qui est joué par les cordes.
– Le sommeil
– La décision d’aimer
– Siegfried, trésor du monde
A travers ces leitmotiv, Wagner veut s’adresser à l’inconscient.

Carl Maria von Weber
. Concerto pour clarinette et orchestre no 1 en fa mineur op. 73

La clarinette est l’un des instruments fétiches du romantisme allemand. Avant Wagner, Weber, Schumann, puis Brahms l’ont tous utilisée en amoureux; Hoffmann en parle dans ses contes et nouvelles, le Concerto pour clarinette de Weber en est l’un des plus beaux exemples.

La clarinette a été inventée vers 1700, et elle est utilisée dans l’orchestre dès la fin du XVIIIème siècle. La clarinette est un instrument prisé par les romantiques pour l’expression du sentiment amoureux. Il a existé une clarinette d’amour, à l’instar du hautbois d’amour, mais celle-ci n’a pas connu son succès et a fini par disparaître. Le plus célèbre concerto pour clarinette est celui de Mozart, qui précède de vingt ans celui de Weber.
Un concerto est un dialogue entre l’orchestre et un instrument soliste. Ce concerto est de forme classique : il est composé de trois mouvements. Les premier et troisième mouvements sont enjoués, tandis que le mouvement central met en valeur le timbre de la clarinette. Dans cet Adagio, l’instrument soliste est accompagné par trois cors. On peut remarquer le caractère vocal, chantant de la clarinette. Mais la mélancolie n’est pas le seul caractère présent dans ce concerto : le début du troisième mouvement est plus désinvolte.
De plus, le concerto doit mettre en valeur le clarinettiste. En effet, la virtuosité est l’affaire des romantiques. Le compositeur laisse un espace de liberté à l’artiste dans la cadence de la fin du premier mouvement. Une cadence est, à l’origine, un moment d’improvisation, mais la plupart ont fini par être écrites. Celle-ci a été écrite par Baermann, le dédicataire du concerto. On peut y relever des sauts d’intervalles, du staccato et des doubles croches, qui sont extrêmement difficiles à réaliser pour le soliste.

 

Johannes Brahms
. Sérénade n° 2 en la majeur op. 16

La Sérénade n°2 de Brahms est un lointain écho aux musiques nocturnes qui accompagnaient les fêtes du XVIIIe siècle. Brahms y voit aussi une symphonie en modèle réduit, faisant l’essai d’un discours symphonique imprégné de musique de chambre.

Cette sérénade a été composée en 1859, et créée l’année suivante à Hambourg. Elle est dédiée à Clara Schumann, la veuve du compositeur.
Une sérénade est jouée le soir ou la nuit, par des instruments à vents, pour une circonstance précise. Elle n’est donc pas censée être rejouée. Encore une fois, Mozart sert de référence, avec l’une de ses dernières sérénades : La petite musique de nuit. Au départ, la sérénade était aussi une pièce improvisée qui a été peu à peu réglée. Elle est composée de cinq mouvements : l’Allegro Moderato, le Menuet, l’Adagio, le Menuet et le Finale.
Les vents sont réellement prédominants dans la sérénade, dont les violons sont exclus. Brahms met tout de même des altos, mais ils sont en retrait par rapport aux vents. L’alto, comme la clarinette, est un instrument prisé par les romantiques pour exprimer la mélancolie.
Brahms est fidèle à la sérénade, mais il s’en détache parce que celle-ci est triste. Son adagio est une passacaille, c’est-à-dire une danse de la renaissance, reconnaissable par la basse obstinée, qui permet de nombreuses variations. La passacaille était le genre de prédilection de Bach. Brahms lui rend ici un hommage tout en faisant quelque chose qu’il aime beaucoup : des variations.

 

On ne peut qu’apprécier ce programme d’une qualité exceptionnelle, dans lequel toute préférence devient arbitraire. Il a pourtant semblé aller crescendo : il a débuté avec l’aubade de Wagner, très belle. Ensuite, le concerto pour clarinette a été magnifiquement interprété par Nicolas Baldeyrou et la sérénade de Brahms a parfaitement cloturé l’ensemble.

L’orchestre se distingue par des nuances franches. Il accompagne parfaitement le soliste : il sait mettre en valeur le clarinettiste en lui laissant toute la place dont il a besoin, mais reste expressif pendant les forte, qui sont d’ailleurs impressionnants par rapport à l’effacement dont il fait preuve quand le soliste joue.  Dans les autres pièces, il n’y a aucun commentaire à faire : l’orchestre interprète les œuvres avec justesse.
Quant à Nicolas Baldeyrou, c’est un virtuose, qui a une aisance incroyable. Le soliste semble habité par la musique de Weber, qui met en valeur toutes les possibilités expressives de l’instrument en alternant des passages doux, chantés, avec d’autres plus exubérants, plus virtuoses.

 

Claire BARROIS

 

Prochain programme :

“De Mozart à Offenbach “

Le jeudi 30 avril 2009 à 20h30 à Aulnay-sous-Bois (93)

Le mercredi 6 mai 2009 à 20h30 à Saint-Quentin-en-Yvelines (78)

Le jeudi 7 mai 2009 à 19h30 à Saint-Quentin-en-Yvelines (78)

Les jeudi 14 mai et le vendredi 15 mai 2009 à Villeparisis (77)

 

Les tarifs vont de 6€ pour les abonnements tarif jeune à 30 € pour les places de première catégorie en plein tarif.

 

Réservation au 01 43 68 76 00, du lundi au vendredi (de 9h30 à 12h30 et de 14h à 18h) ou sur internet : http://www.rodrigue.fr/transact/venteenligne.asp?WCI=Panier_ListeManifs&langue=&site=&idstructure=127&origine=&nocal=0&time=42320.2&submit=R%E9server

 

 

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