Robert Lucander – China Ink
Au premier coup d’œil, les peintures de Robert Lucander se situent dans la lignée du Pop et en particulier des premières oeuvres d’Andy Warhol. Comme ces dernières, elles tirent leur sujet d’illustrations publicitaires ou, plus généralement, d’images empruntées aux médias. Leur apparence correspond tout à fait à une telle esthétique : le graphisme net, les couleurs appliquées de manière plate, les effets de symétrie, les éléments lacunaires qui donnent l’impression que les motifs ont été réalisés au pochoir, les parties simplement dessinées au crayon. Parfois le fond est visible, détachant ainsi particulièrement les formes. Le support de bois, qui accentue la sécheresse de la peinture, ôte à celle-ci toute caractéristique émotionnelle superflue.
Les oeuvres présentent chaque fois un ou plusieurs personnages dont les caractéristiques (vêtements, attitude) suggèrent qu’ils sont issus d’un contexte médiatique que le peintre aurait effacé (photos de mode, homme politique en plein discours …). Leur situation est parfois moins marquée : adolescente boudeuse, couple dirigé vers le spectateur, personnage regardant sur un côté. Leur posture ne se veut pas spécialement énigmatique : pourtant, comme on n’en connaît pas les raisons, elle suscite l’interrogation.
C’est justement par cette distance par rapport à leur contexte d’origine que ces images se distinguent du Pop Art. Cet écart permet en effet aux personnages représentés de se défaire du stéréotype que leur a imposé leur nature publicitaire ou médiatique et de rendre sensible leur qualité émotionnelle. Il arrive aussi que le traitement particulier du fond de l’œuvre ou encore l’emploi de l’aquarelle sur papier (à la place de l’acrylique et du panneau de bois) accentuent la composante dramatique de l’œuvre.
D’où viennent ces personnages ? qu’est-ce qui les fait ainsi se mouvoir ? Le mystère qui se dégage finalement des compositions est celui de la peinture, capable d’arracher ces figures à leur statut d’images et de faire des oeuvres le théâtre d’un drame intime.
Du 25 avril au 20 juin 2009
Du samedi au mardi, de 11 h à 19 h.
Informations : 01 45 86 02 02
Galerie Suzanne Tarasiève
171 rue du Chevaleret, Paris 13e
Metro Chevaleret (ligne 6) ou Bibliothèque François Mitterrand (ligne 14)
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