Les premiers retables (XIIe – début XVe siècle) : une mise en scène du sacré
A l’évocation du terme « retable », il est difficile de ne pas avoir à l’esprit les polyptyques complexes de la période moderne (de la Renaissance à la fin du XVIIIe siècle), difficilement compréhensibles pour le fidèle. Cependant, cette exposition du musée du Louvre permet de mettre en évidence à la fois la longévité de son existence, ainsi que l’importance que le retable a toujours eu au sein de l’église. Elle montre également de manière très nette que les premiers exemples de retables étaient des éléments sculptés contrairement à l’image que l’on peut avoir en tête.
Le parcours débute avec les premiers retables parvenus jusqu’à nos jours qui datent du XIIe siècle et la promenade dans le temps se poursuit jusqu’à la fin du XIVe siècle. L’exposition est articulée autour de l’existence de deux principaux types de retables : le « retable-tabernacle » aux formes formes complexes centré sur une figure iconographique particulière et le simple élément rectangulaire allongé sculpté qui se focalise sur la narration. Autour de ceux-ci, s’est développée une troisième catégorie qui est un mélange entre les deux précédents. Cet aspect constitue donc l’axe directeur que se propose de suivre l’exposition afin de montrer au spectateur les évolutions qu’ont subi les retables au fil du temps. Par ailleurs, à travers les œuvres présentées, dont une grande majorité sont françaises, le parcours tend à souligner l’importance de la France dans la production des retables au Moyen Âge.
Cependant, cette exposition permet aussi au visiteur de découvrir la variété des matériaux qui ont servi à la réalisation des retables. En effet, on peut à la fois en trouver de marbre, mais également d’albâtre, d’ivoire, de corne, mais aussi de bois ; malgré la rareté de leur subsistance, l’exposition en présente néanmoins plusieurs exemples. De même, le spectateur pourra également admirer – entre autres – un magnifique retable d’orfèvrerie ou encore des pièces mêlant le cuivre champlevé (creusement de cavité dans un support métallique) et des émaux. On peut aussi y voir un retable complexe mêlant la sculpture à la peinture de manière très précoce et combinant à la fois la narration des retables les plus simples au type du « retable-tabernacle » centré autour d’une Vierge à l’Enfant aujourd’hui disparue dont seul le baldaquin subsiste : tout simplement impressionnant !
L’exposition pourra paraître assez restreinte au visiteur mais il ne faut pas s’y méprendre car le lieu présente un nombre d’œuvres bien conséquent. On peut néanmoins regretter que les salles ne soient pas plus spacieuses car il est parfois peu aisé de pouvoir observer les retables convenablement tant ils sont densément rassemblés en cet espace.
Malgré ce léger bémol sur le plan muséographique, l’exposition n’en demeure pas moins d’un grand intérêt et les pièces présentées sont d’une qualité artistique remarquable. Le spectateur ne manquera pas d’être surpris par l’abondance et la diversité des œuvres présentées qui permettent ainsi d’établir un ancrage chronologique et stylistique essentiel dans le développement de la production des retables en Europe.
Ingrid Thierry.
10 avril au 6 juillet 2009
Musée du Louvre, aile Richelieu, entresol
Métro : lignes 1 et 7 (Palais Royal-Musée du Louvre)
Ouverture : fermé le mardi ; tous les jours de 9h00 à 18h00 et jusqu’à 22h00 les mercredis et vendredis
Tarifs : 9 € avec le billet d’accès à la collection permanente ; 6€ après 18h00 les jours de nocturne ; accès libre pour les moins de 18 ans ; conditions particulières selon cartes
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