Le Grand monde d’Andy Warhol – Grand Palais
Des stars du cinéma et de la musique (Brigitte Bardot, Jane Fonda, Mick Jagger, Sylvester Stallone) aux artistes (Man Ray, David Hockney, Joseph Beuys, Keith Haring) sans oublier les couturiers (Sonia Rykiel, Hélène Rochas, mais où est passé Yves Saint Laurent ?), les collectionneurs et marchands (Dominique de Ménil, Léo Castelli) ou les personnalités de la jet-set (Gianni Agnelli, la princesse de Monaco, Gunther Sachs), ils permettent à Warhol de dresser le tableau d’une société toute entière et de ses contradictions. « Tous mes portraits doivent avoir le même format pour qu’ils tiennent tous ensemble et finissent par former un seul grand tableau intitulé Portrait de la société.
Warhol : une exposition à voir qui laisse un sentiment mitigé. Explications.
Isolé mais irremplaçable
Malgré la mécanisation visible de ses œuvres, chaque pièce de Warhol reste unique. Indémodable même, car l’œil contemporain s’attache à ce qui fait l’exception de l’artiste: la ligne graphique, les couleurs, les effets de style, la méthode de fabrication. Car pour faire tourner la Factory (son atelier) Warhol s’attribue un processus systématique singulier. Un styliste l’assiste pour le maquillage, la tenue vestimentaire et la pose avant de photographier ses modèles au polaroïd Big Shot (certains clichés sont présentés dans l’exposition). Puis l’artiste s’adonne à la peinture et à la transposition sérigraphique. Son procédé est ainsi sériel, presque industriel mais non sans style remarquable.
Pionnier de la télé-réalité
L’exposition permet également de découvrir certains aspects méconnus du travail de Warhol. Dans la plupart des cas, ses portraits répondaient à des commandes passées par des particuliers. Et la note pouvait s’élever jusqu’à 25’000 $. Un avantage pécunier qui lui permettait notamment d’investir dans des projets moins rentables ce qui lui valut parfois les foudres du milieu de l’art de l’époque plus axé sur la dématérialisation. Andy Warhol c’est aussi la première tentative dans l’histoire de l’art de calquer la peinture sur la télévision, en faisant du petit écran une toile sans fin. A ce sujet, la Maison rouge accueille l’exposition « Warhol TV » pour découvrir l’artiste producteur et réalisateur. Car Warhol c’est surtout cela: dépasser la césure entre l’art et la culture de masse.
Vu, vu et revu
De la couleur oui mais pas trop. Warhol abuse encore et toujours de son invention chromatique. L’artiste se déclare commercial, heureusement. Comment qualifier cette exposition sinon avec le mot répétition. Le peintre commercial a découvert un filon et il s’en sert à tout-va. Entre saturation et overdose les sentiments des spectateurs sont troublés. La culture de masse ne doit pas se confondre avec la médiocrité artistique, ou plutôt l’absence d’inspiration nouvelle. Seule la matière varie au cours de l’exposition. On passe de couleurs de bases à la projection de poussière de diamant sur de la colle préalablement apposée sur la toile.
Encore et toujours
A la fin de l’exposition, on peut admirer et s’extasier devant un panorama de photos prisent par Warhol en personne. Erreur !! Comment s’extasier devant ces photos qui ressemblent à des échantillons tirés d’une soirée entre amis. En visionnant ses clichés on comprend mieux pourquoi l’intéressé a, dans la majorité des cas, retouché ses photos pour les vendre. Artiste dans l’âme mais la photographie n’est pas l’art dans lequel Monsieur Warhol excelle. Il ne faut pas nier que l’initiateur de la nouvelle forme d’art, le pop’art, n’est surement pas en manque d’inspiration mais il se comporte plus comme un publicitaire, tout en l’avouant. C’est son défaut. Cette considération prend tout son sens lorsque l’on pénètre dans la « salle Mao ». Le petit père des peuples y est présent partout. Pas seulement grâce à son portrait énorme (448,3×346,1 cm) mais parce que son œuvre a été reproduite pour faire du…papier peint ! Warhol n’est pas là pour plaire mais pour vendre et ça fonctionne.
Précurseur pour les uns, opportuniste pour les autres. The pope of the pop crée toujours le débat. Pour ou contre il n’en n’est pas moins incontournable.
Baptiste Crochet
Joseph de Beco
Le Grand Monde d’Andy Warhol
Du 18 mars au 13 juillet 2009
Ouvert tous les jours, sauf le mardi, de 10h à 22h.
Fermeture le jeudi à 20h.
Plein tarif : 11 € – Tarif réduit : 8 €
Grand Palais
Avenue Winston-Churchill – 75008 Paris
M° Franklin-D.-Roosevelt ou Champs-Elysées-Clemenceau
[Visuel : Vue depuis la Tour Eiffel, le Grand Palais, Paris, (France). Auteur : Gérard Ducher (user:Néfermaât). Licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 2.5 générique]
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