Ils ont regardé Matisse : une réception abstraite Etats-Unis/Europe 1948-1968
Il est indéniable que Henri Matisse (1869-1954) ait été l’un des plus grands artistes du XXe siècle et que ses célèbres collages ont marqué les esprits des spectateurs. Lorsque Matisse est évoqué, il est impossible de ne pas se représenter des formes sinueuses pouvant rappeler la mer, les vagues, les algues ou tout simplement le mouvement humain. Bien entendu, il serait très réducteur de résumer son travail à ces images car il ne faut pas oublier la période fauve de l’artiste, ni même les nombreuses sculptures qu’il réalisa.
Avec ses découpages, Matisse travaille la matière même et les formats adoptés ont un impact certain sur le spectateur. Pas uniquement d’ailleurs. C’est bien de ce point d’impact que traite cette exposition consacrée à Matisse, mettant ainsi l’accent sur l’influence qu’il a eue sur des artistes abstraits entre 1948 et 1968 ; influence sur le travail de la matière, des formes, mais aussi sur le nouveau rapport au spectateur.
Cette exposition invite donc le visiteur à découvrir les parallèles entre Matisse et une quinzaine d’artistes à travers une cinquantaine d’œuvres présentées selon un schéma chronologique. Le spectateur se tournera tout d’abord vers Jackson Pollock avant d’être face à Mark Rothko suivi par Barnett Newman. Il continuera ensuite par le parallèle avec Raymond Hains et Jacques Villeglé, avant de se pencher vers l’influence de Matisse sur Simon Hantaï. Suivront ensuite des œuvres d’Ellsworth Kelly et de Sam Francis dans lesquelles cet impact frappera le visiteur par l’évidence visuelle. Ceux-ci laisseront la place à un clin d’œil à la période fauve de Henri Matisse grâce à Morris Louis, avant la perplexité que ne manquera pas de susciter Franck Stella. L’influence indéniable se retrouvera ensuite chez Claude Viallat, avant de céder la place au questionnement devant les oeuvres successives de François Rouan, Daniel Buren, Richard Tuttle et enfin Blinky Palermo.
Le visiteur sera donc confronté à la fois à l’évidence et au doute, mais toujours à travers la réflexion. L’impact de Henri Matisse sur ces artistes est parfois frappante, mais elle peut aussi paraître exagérée dans le cas de certains artistes, notamment dans ceux de Barnett Newman ou de Blinky Palermo, où les sources de l’inspiration sont poussées à l’extrême et ne sont peut-être pas tout à fait convaincantes. Malgré ce léger bémol, cette exposition a le mérite de mettre en relief un nouvel aspect de l’œuvre de Matisse à travers l’abstraction européenne et américaine suite à la Seconde Guerre Mondiale, ce qui en fait un événement unique en France.
Ingrid Thierry.
15 mars au 14 juin 2009
Musée départemental Matisse
PalaisFénelon
59360 Le Cateau-Cambrésis
Accès depuis Paris : direction Cambrai ou Saint-Quentin ou bien par les trains corail-intercités Paris-Maubeuge desservant la gare du Cateau-Cambrésis tous les week-ends.
http://www.cg59.fr/Frontoffice/UserFiles/File/Musee_Matisse/accueil.htm
Ouverture : fermé le mardi ; tous les jours de 10h00 à 18h00
Tarifs : 7€ ; 4,50€ ; 3€ ; gratuit pour les moins de 18 ans et tous les premiers dimanches du mois
Articles liés
“Chaque vie est une histoire” : une double exposition événement au Palais de la Porte Dorée
Depuis le 8 novembre, le Palais de la Porte Dorée accueille une double exposition inédite, “Chaque vie est une histoire”, qui investit pour la première fois l’ensemble du Palais, de ses espaces historiques au Musée national de l’histoire de...
“Les Imitatueurs” à retrouver au Théâtre des Deux Ânes
Tout le monde en prend pour son grade, à commencer par le couple Macron dans un sketch désormais culte, sans oublier Mélenchon, Le Pen, les médias (Laurent Ruquier & Léa Salamé, CNews…), le cinéma, la chanson française (Goldman, Sanson,...
La danseuse étoile Marie-Agnès Gillot dans “For Gods Only” au Théâtre du Rond Point
Le chorégraphe Olivier Dubois répond une nouvelle fois à l’appel du Sacre. Après l’opus conçu pour Germaine Acogny en 2014, il poursuit, avec For Gods Only, sa collection de Sacre(s) du printemps qu’il confie cette fois-ci à la danseuse...