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L’AMANTE anglaise, de Marguerite Duras Théâtre de la Madeleine

7 mai 2009
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m._duras

 

Des rails. Un pont au-dessus d’une voie ferrée. Des trains passent. Le décor projeté est celui du crime, celui que Claire Lannes a commis envers sa cousine, Marie-Thérèse Lannes, qu’elle a dépecée, et dont elle a jeté les divers morceaux depuis ce pont, dans les trains, la nuit. Tous les morceaux ont été retrouvés, ce qui a permis de remonter jusqu’à Claire Lannes. Seule le tête manque.

 

Inspirée d’un fait divers, l’histoire retranscrite par Marguerite Duras a subi quelques transformations. En effet, Claire Lannes avait non pas tué sa cousine, mais son mari, Pierre Lannes. En ajoutant une tierce personne, de surcroît sourde et muette, qu’elle transformera en victime, Marguerite Duras ajoute une dimension au personnage de Claire, la rendant d’autant plus ambiguë dans ses relations avec son entourage, et rendant également les motifs du meurtre d’autant plus flous.

 

Ce sont ces motifs que l’interrogateur cherchera à découvrir tout au long de la pièce. Pourquoi dissimuler également où se trouve la tête alors que la coupable a avoué avec autant de facilité son crime ? On sait dès les premiers instants de la pièce que la réponse ne nous sera pas révélée par le biais d’une dépêche projetée au mur, inscrivant par là même la pièce dans une réalité des plus crues.

 

Commencent alors deux interrogatoires effrénés, dont le rythme est accru par l’étroitesse de l’espace scénique, devenant presque oppressant. Tout d’abord celui du mari, puis celui de l’inculpée. On pénètre dans la vie des époux depuis longtemps distants, et dans la vie du trio qu’ils formaient avec Marie-Thérèse Lannes. Un certain point d’entente semblait être trouvé dans la vie réglée des trois personnages. Quand bien même crime il devait y avoir, celui du mari se serait inscrit dans une plus grande logique. Le mystère qui entoure le meurtre de Marie-Thérèse demeure entier.

 

Les trois comédiens campent leur personnage à merveille. La tension de l’enquête tient en haleine le spectateur jusqu’à la toute fin, soit l’échec pourtant prévu de cet interrogatoire. Entre Ariel Garcia-Valdès incarnant un Pierre Lannes perdu, rapportant la cause à la soi-disant folie de sa femme, et Ludmila Mikaël, Claire Lannes touchante, qui semble elle-même ne pas pouvoir expliquer son geste et souhaite en finir au plus vite avec cette affaire, André Wilms, l’interrogateur, cherche à explorer toute piste possible avec une précision presque minutieuse. Chacun offre un traitement de la parole et des gestes empreint de la solitude propre de son personnage. Aucune évolution commune, chacun suit son rail.

Solène Zantman

L’Amante anglaise,
de Marguerite Duras

Ludmila Mikaël
Ariel Garcia-Valdès
André Wilms

Mise en Scène de Marie-Louise Bischofberger
Assistante à la mise en scène Alexandra Lacroix
Décor Bernard Michel
Costumes Bernadette Villard
Lumières Dominique Borrini
Images Caroline Champetier
Son André Serré

A partir du 28 avril 2009
Du mardi au samedi à 20h30, dimanche à 15h

Théâtre de la Madeleine 19 rue de Surène, 75008 Paris
Métro Madeleine

Réservations : 01 42 65 07 09(tous les jours de 11h à 19h, le dimanche de 11h à 18h) / theatremadeleine.com ou fnac.com
Tarifs : de 20 à 30 €, et 10€ (- de 26 ans du mardi au jeudi

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