Le couple dans tous ses états au théâtre en ce moment
Le couple dans tous ses états au théâtre |
En ce début d’année 2016, jamais on n’a vu autant de couples sur les scènes de théâtre. Couples qui se déchirent à l’Oeuvre, qui divorcent au Poche Montparnasse, qui se rencontrent au Rond-Point où trois pièces traitent du couple, qui se réinventent au Montparnasse… le couple aujourd’hui n’a pas peur de s’afficher dans ses déboires, ses révoltes et ses petits arrangements. Les auteurs nous parlent sexe, médiation, fantasmes, désir et révolte, tandis que les acteurs ne sont que les reflets de notre monde en ébullition conjugale ! Petit tour d’horizon des différentes pièces sur le sujet. 1) Qui a peur de Virginia Woolf, d’Edward Albee C’est un grand classique anglo-saxon dont le titre fait écho à la chanson « qui a peur du grand méchant loup ». Elizabeth Taylor et son époux le Richard Burton avait immortalisé la pièce au cinéma, faisant se confondre la réalité de leur couple tempétueux et celle des personnages de la pièce, un prof d’université et sa femme, de retour d’une soirée mondaine et alcoolisée, qui jouent à se déchirer, à s’insulter et à se mépriser à travers le miroir d’un autre jeune couple. Sous la direction d’Alain Françon, Dominique Valadié et Wladimir Yordanoff sont sensationnels. Théâtre de l’Oeuvre jusqu’au 3 avril à 21h, dimanche à 15h. 2) La médiation, de Chloé Lambert Chloé Lambert, qui incarne l’héroïne de sa pièce à quatre personnages, a écrit une jolie partition sur le thème précis de la médiation pour aménager la garde parentale d’un jeune enfant. Anna, une jeune beauté fière et révoltée, en veut à Pierre, son ex-compagnon, un scientifique égocentré, de ne pas assumer ses responsabilités. Deux étranges médiatrices vont tenter de dénouer les fils de cette relation où les deux ex-amoureux ne se parlent plus, alors que l’une d’elle se sent étrangement attirée par Pierre. On l’aura compris, atténuer les conflits c’est d’abord pénétrer dans l’intime du couple. Encore faut-il en être capable sans aggraver la situation ! Théâtre de Poche Montparnasse à 21h, dimanche à 15h. 3) Couple, de Gilles Gaston-Dreyfus Le comédien auteur Gilles Gaston-Dreyfus n’aime rien tant que les mélanges entre la comédie et le drame, imprimant au réalise cru un brin de surréalisme et de loufoquerie. Il incarne donc un mari dans sa drôle de pièce, et invite la rousse Anne Benoît pour incarner son épouse. Sur un canapé en skai jaune canari, Madame en robe vert émeraude enjoint son mari encore en cravate à venir se coucher. En réalité, sous une apparente douceur, ces deux époux semblent au bord de la dépression nerveuse et semblent s’abominer autant qu’ils tiennent à rester ensemble. Je t’aime donc je veux te tuer pourrait être le dicton de la pièce qui passe à la moulinette, avec un humour sanglant, les variations de température d’un vieux couple. Délicieusement bien joué et terrible ! Théâtre du Rond-Point, Salle Roland Topor à 20h30, dimanche à 15h30 jusqu’au 28 février. 4) L’Envers du décor, de Florian Zeller Un couple, Daniel Auteuil et Valérie Bonneton, invite un autre couple François-Eric Gendron et Pauline Lefèvre, alors que ce dernier vient de quitter sa femme qui n’est autre que la meilleure amie de Valérie Bonneton ! Une blonde filiforme et sexy vient donc supplanter la femme légitime du meilleur ami de la famille, provoquant naturellement le trouble chez tous les hommes… qui ne pensent qu’à ça ! Le thème des faux semblants et de la trahison font fureur dans la nouvelle pièce de Florian Zeller que Daniel Auteuil interprète et met en scène avec beaucoup de plaisir. On rit naturellement des clichés très vraisemblables qui sont ici incarnés par d’excellents acteurs. Théâtre de Paris à 20h30, samedi à 17h et dimanche à 15h30 5) Kvetch, de Steven Berkoff Steven Berkoff est une star du cinéma et du théâtre américain. Son humour corrosif, son langage cru, puisant dans la gouaille « yiddish » des Juifs new-yorkais, fait exploser les conventions du théâtre bien pensant. Il dynamite tous les faux semblants des bourgeois qui constituent 90% de la société, en révélant leurs peurs et leurs frustrations. Kvetch est une pièce formidable où tous les personnages sont terrorisés et où personne n’ose assumer son désir. Sophie Lecarpentier parvient, grâce à de formidables comédiens, à faire vivre un couple dans les étapes progressives de son explosion et de sa libération, avec la belle mère, l’amant et le petit ami. C’est gonflé, juste, et très bien joué. Théâtre du Rond-Point, Salle Jean Tardieu à 18h30 jusqu’au 21 février. 6) Revenez demain, de Blandine Costaz Nous assistons à un entretien d’embauche qui n’a pas de fin. L’homme, le directeur joué par Gilles Cohen, souhaite revoir le lendemain la femme en quête d’un emploi, jouée par Marianne Basler. En réalité, on comprend peu à peu que ce qui se joue est plus profond, plus subtil qu’un simple entretien d’embauche. Ces deux-là se jaugent et s’épient, se jugent et s’évaluent comme compagnons de vie, alors que dans un deuxième temps se joue la vie et la séparation d’un couple, joué par les mêmes comédiens. Public, privé, amour, amitié, liberté, dépendance. Mieux vaut être amoureux quand on est une femme forte et qu’on aime le chocolat en solo ? La pièce de Blandine Costaz navigue dans les eaux troubles du réel et du songe, portée par l’interprétation lumineuse de Marianne Basler. Elle illumine la pièce et en révèle son charme. Théâtre du Rond-Point, Salle Jean Tardieu à 21h jusqu’au 21 février. 7) Une famille modèle, d’Ivan Calbérac C’est l’une des belles surprises de cette rentrée, avec un Patrick Chesnais désarmant et dans une forme explosive. Après 35 ans de mariage, Bernard (Patrick Chesnais) et Annie (Evelyne Buyle) continuent à s’aimer et à tremper leurs tartines du matin dans le café au lait que leur conjoint à préparé avec attention. Seul hic au programme, Madame se dérobe à son devoir conjugal quand Monsieur souffre de frustrations très physiques. Naturellement, la ravissante voisine (Véronique Boulanger) viendra combler ce besoin abyssal et régaler Bernard. Comme les nouvelles vont très vite dans cette pièce, très finement mise en scène par Anne Bourgeois, ces dames vont vite s’acheminer vers une garde partagée de l’homme qu’elles se partagent ! Un texte épatant qui dissèque par le menu les différentes façons d’accommoder le couple mûr. Théâtre Montparnasse à 21h, samedi à 17h30 et dimanche à 15h30
8) Encore une histoire d’amour, de Tom Kempinski Ce spectacle est notre coup de coeur. Un duo improbable entre une jeune actrice new-yorkaise, interprétée magnifiquement par Elodie Navarre, dont les deux jambes sont paralysées par une maladie neurodégénérative, et un auteur londonien boulimique et agoraphobe, qu’incarne superbement Thierry Godard. Lui vit reclus dans un appartement en forme de taudis, ne s’aime pas, mais accepter de céder à la jeune comédienne les droits de sa pièce. En réalité, l’humour, la générosité, l’intelligence pétillante de la jeune femme commencent à le titiller et l’ours qu’il est se transforme peu à peu en crocodile en larmes. Une histoire d’amour impossible qui se noue par téléphone à travers l’Océan Atlantique. C’est beau, émouvant, superbement écrit et joué à la perfection dans la mise en scène de Ladislas Chollat.
Studio des Champs Elysées à 20h30, samedi à 16h Hélène Kuttner [ Crédit Photos : © Brigitte Enguerrand, Julien Piffault, Giovanni Citadini Cesi, Serge Périchon, J.STey, Lisa Lesourd ] |
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