Vangelo ou le récit d’un amour christique par Pippo Delbono
Vangelo De et avec Pippo Delbono Avec Dolly Albertin, Gianluca Ballare, Bobò, Margherita Clemente, Ilaria Distante, Simone Goggiano, Mario Ontruglio, Nelson Lariccia, Giani Parenti, Pepe Robledo, Grazia Spinella, Nina Violic, Safi Zakria et Mirta Zecevic Du mardi au samedi à 21h, dimanche à 15h Relâche le mardi 10 janvier Tarifs : de 12 à 38 € Réservation en ligne Durée : 1h50 Théâtre du Rond-Point M° Franklin D. Roosevelt |
Jusqu’au 21 janvier 2017 puis tournée jusqu’en mars 2017 Vangelo est le récit d’un amour, qui exprime aussi la haine de l’intolérance et de l’exclusion. L’amour de Pippo Delbono pour le Christ, enseigné tout petit par sa mère, puis transformé en amour de l’humanité via une révolte adolescente sacrément diabolique, irradie avec frénésie et rage ce spectacle. C’est de tout cela, de Dieu, du Diable et des réfugiés aujourd’hui, dont nous parle l’artiste italien dans un opéra rock composite et généreux, débordant de sentiments, aux images fortes et à la révolte non contenue. Pourquoi ne rentres-tu plus dans les églises ? C’est la question que lui posait sa mère, tout juste avant qu’elle ne disparaisse. Pippo Delbono, artiste de la scène et du cinéma, metteur en scène et acteur, écrivain en italien et en français, mène depuis une trentaine d’années une série d’expériences théâtrales singulières, couronnées de prix, menées en collaboration avec son compagnon de route Bobò, sourd et muet, interné durant 45 ans dans l’hôpital psychiatrique d’Aversa. Entouré de comédiens et de danseurs, mais aussi de non-professionnels d’univers variés, l’artiste et son collectif nomade créent des spectacles souvent poétiques, débridés mais toujours attachants qui racontent notre monde non pas par le milieu, mais par la marge de l’humanité. Saint Augustin comme fil conducteur Le spectacle débute en forme de messe colorée, avec un fond musical omniprésent. Les personnages s’assoient face public, le regard chargé de compassion et de souffrance. Leurs regards, leurs corps portent la misère humaine, mais aussi l’amour que Pippo nous raconte, micro en main, inspiré par son maître saint Augustin. Il y a quelque chose de profondément sincère, autobiographique dans ce spectacle qui nous fait remonter aux origines de l’enfance. La montagne, saint Augustin qui déclare son amour à Dieu, les animaux de la genèse, mais aussi les prédictions, Judas, le Christ en croix. C’est un véritable catéchisme qui nous est conté ici, dynamité à intervalles réguliers par des transgressions lucifériennes et révoltées, nourries d’enfance et de spontanéité. Le Diable est une femme Aller-retour perpétuel entre le Bien et le Mal, le Diable et le Bon Dieu, le féminin fantaisiste et le masculin guerrier, le voyage de Pippo nous entraîne vers les rives du désir, du sexe, de la comédie musicale Jésus Christ superstar. C’est alors une danse débridée version années 70, sono hurlante et projecteurs tous azimuts, pour crier un amour trahi par la guerre, l’exclusion et la déviation politique. Les images, souvent très belles, se laissent aussi déborder par une logorrhée de texte, un flot de paroles que Pippo ne parvient pas à tarir. Des vidéos de réfugiés dans un centre d’accueil italien soulignent le propos de manière appuyée mais touchante. Bien sûr, nous sommes d’accord avec ce cri d’amour pour l’humanité en danger, exilée et blessée, avec cette difficulté de se sentir abandonnés, trahis par les divinités censées nous guider. La troupe de Pippo Delbono, personnages sublimes et déchirants, qui danse sur une bande-son aux multiples couleurs, nous aura tendrement charmés à la lumière d’un plateau, colorée par les costumes et contrastée comme la vie. Un patchwork à la gloire de l’existence, en somme. Hélène Kuttner [Photos © Luca del Pia] |
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