Les Faux British, une vraie comédie hilarante au Tristan Bernard
Les Faux British Mise en scène de Gwen Aduh Avec Aurélie de Cazanove, Jean-Marie Lecoq, Miren Pradier, Nikko Dodz, Yann de Monterno, Michel di Carlo ou Henri Costa, Gwen Aduh Jusqu’au 30 juin 2015 Durée : 1h30 Tarifs : de 12 à 35 € Réservations au Théâtre Tristan Bernard M° Villiers ou Saint-Lazare |
Jusqu’au 30 juin 2015
Théâtre dans le théâtre, les comédiens jouent des comédiens amateurs. Ceux-ci ont soi-disant retrouvé une pièce de Conan Doyle, le célèbre auteur de romans policiers qu’ils adulent. Mais pour jouer les passionnés pas très doués, il faut d’immenses qualités et c’est le cas. L’enchaînement de gags et situations loufoques est mené tambour battant, suscitant rire sur rire. Comme aiment à le faire parfois les compagnies qui jouent pour leur plaisir devant des salles remplies d’amis, les comédiens commencent par se présenter et ils adressent un petit mot complice au public avant le démarrage de leur pièce. Dès ce préambule, on sent un manque de rigueur et on peut s’attendre à ce que cette équipe ait les travers du patronage… mais c’est bien pire encore ! On se trouve dans un manoir anglais en un salon cosy avec cadres dorés aux murs ainsi que trophées de chasse au-dessus des portes. Une soirée de fiançailles s’annonce, kitsch à souhait. Alors que l’ambiance est à la fête, patatras, le fiancé est découvert mort sur le sofa. La panique démarre. Immédiatement, on appelle un inspecteur qui, bien sûr, fume la pipe et a tout du détective doté du flegme britannique. Évidemment, que s’empresse-t-il de faire ? Il suspecte tous les invités présents à tour de rôle. L’atmosphère vire à la tension, qui, mal maîtrisée par les acteurs amateurs, se transforme en une époustouflante dinguerie. Et ça ne s’arrêtera plus ! Quoique généreuse, la joyeuse bande de comédiens n’en est pas moins impréparée et manque de technique, c’est le moins qu’on puisse dire. Les multiples erreurs et maladresses que peuvent commettre les non-professionnels s’accumulent et se répètent à foison. L’explosion est incessante. Celui qui fait le mort ne peut s’empêcher d’ouvrir discrètement un œil, celle qui joue la femme fatale s’appuie vainement sur l’exemple de Fanny Ardant en prenant son intonation, l’autre qui pense jouer les mondains pérore en faisant systématiquement des liaisons entre les mots, le jeune frère homosexuel est rattrapé par son goût de la séduction quitte à se déplacer sur scène en aguichant son partenaire par maintes mimiques irrésistibles. Quant à l’accessoiriste, elle a tant commis de bévues qu’elle en est réduite à venir sur scène afin d’en réparer quelques-unes. Sans parler de celui qui a collé une antisèche sur le revers de sa veste en cas de trou de mémoire. La trame du polar est secondaire, elle est classique et convenue. Tout repose sur la mécanique des gags. Parfaitement rythmée, celle-ci est clairement basée sur les nombreux incidents qui peuvent émailler une représentation d’amateurs passionnés mais peu rodés, et les idées, telles que l’écroulement des décors, sont du déjà vu mais c’est précisément cette addition des situations comiques attendues qui crée la dynamique de la pièce. Les comédiens, pour incarner ces mauvais mais sincères comédiens amateurs, disposent d’un solide savoir-faire au service du rire. Sans le moindre relâchement dans leur énergie, ils insufflent une tonitruante cascade de catastrophes qui soulèvent forcément le rire en un tempo vif et alerte. La mise en scène, réglée au métronome, sert au mieux cette comédie franche et on sort tout étourdi de cette joyeuse folie. Émilie Darlier [Photos © Fabienne Rappeneau] |
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