Bajazet ou le harem bruissant du Vieux Colombier
Bajazet De Jean Racine Mise en scène de Eric Ruf Avec Alain Lenglet, Denis Podalydès, Clotilde de Bayser, Laurent Natrella, Anna Cervinka, Rebecca Marder et Cécile Bouillot Du 5 avril au 7 mai 2017 Du mercredi au samedi à 20h30, mardi 19h et dimanche 15h Tarifs : 12 à 32 euros Réservation en ligne ou par tél. au 01 44 58 15 15 Durée : 2h15 Théâtre du Vieux-Colombier |
Du 5 avril au 7 mai 2017
Un labyrinthe de vieilles armoires, épaisses et profondes, peuple la scène, tours de contrôle de secrets verrouillés, enfouis et parfumés derrière les rangées d’escarpins aux teintes cramoisies placés au devant du plateau. Chaussures des femmes consommées par le Sultan absent ? Souvenirs de coquettes ou de princesses condamnées à vivre dissimulées derrière des moucharabiehs ? La lumière tamisée, précieuse, qui sculpte les visages et les corps n’en dira pas davantage. Eric Ruf, le patron de la Comédie Française, qui signe ici la mise en scène et le décor d’un spectacle qui a remplacé au débotté une « Cruche Cassée » par Jacques Lassalle « trop complexe », crée une atmosphère austère et douce à la fois, que les costumes de Renato Bianchi, longues robes souples et fuselées et costumes contemporains, rendent intemporelle. Nous sommes à Byzance, au XVII° siècle, dans le harem du sultan Amurat, parti guerroyer contre les Persans et qui a remis tous ses pouvoirs à sa favorite Roxane. Elle doit surveiller Bajazet, frère du sultan, dont l’ambition dérange, et qui va finalement être condamné à mort. Dommage pour Roxane qui commence à tomber furieusement amoureuse de ce dernier, alors que Bajazet aime en secret Atalide. Un ambitieux vizir, Acomat, cherche à assoir son ambition en manipulant Atalide pour mettre sur le trône Bajazet. Intrigues politiques, rivalités amoureuses, il y a tout d’un scénario à l’américaine dans cette sublime tragédie qui finira dans un bain de sang. Clotilde de Bayser irradie dans le rôle de Roxane, amoureuse impérieuse et blessée, orgueilleuse et cruelle. La comédienne parvient à imprimer à son personnage la douleur et l’ironie d’une femme de pouvoir trompée par les siens, trahie et qui en devient dangereuse. Autorité et larmes à la fois. Dans le rôle du vizir, Denis Podalydès est tour à tour manipulateur et naïf, instrument misérable d’un pouvoir corrompu. La manière dont il habite littéralement les alexandrins est remarquable. A leurs côtés, Laurent Natrella campe un Bajazet introverti et soumis, et Rebecca Marder, toute jeune recrue du Français qui a déjà une longue carrière cinématographique derrière elle, une Atalide juvénile et manipulée. Entendre ce texte vibrant d’émotions réfrénées et explosives, c’est une expérience délibérément salutaire et réjouissante. Hélène Kuttner [Crédits Photos : © Vincent Pontet]
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