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31 ! au Studio des Champs-Elysées : la comédie (musicale) de la vie !

10 mars 2017
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31 Photo ceuxquinousaident Libre de droits cAnthony Klein

31 !

De Gaëtan Borg, Stéphane Laporte, Stéphane Corbin

Mise en scène de Virginie Lemoine 

Musique de Stéphane Corbin

Avec Carole Deffit, Valérie Zaccomer, Alexandre Faitrouni, Fabian Richard

Du mardi au samedi à 21h
Le dimanche à 16h

Tarifs de 10€ à 33€ 

Studio des Champs Elysées
15 avenue Montaigne M° Alma-Marceau

Dans un décor qui joue son va tout dans les blancs, doté de double placard, enrichi d’une demi-douzaine de poufs faits de structures de bois carrés qui se transforment au long du spectacle, se retrouvent quatre amis qui suivent un rituel immuable : se donner rendez-vous le 31 décembre de chaque année. C’est la comédie (musicale) de la vie !

Puisqu’on est jeté d’entrée dans une comédie musicale, on se dit que le livret lyrique n’aura pas trop d’importance vu que ça chante bien de ce côté là. On est vite détrompé par l’ambiance qui s’installe rapidement entre ces protagonistes d’une nuit d’hiver qui nous en apprennent sur eux à chaque 31 décembre, tous les 365 jours que l’année fait. Le jeu en vaut la chandelle, point d’exclamation !

Tant qu’on est ensemble, il ne peut plus rien nous arriver

Par des artifices subtils, le spectateur devient le témoin des années passées par ces quatre amis. Ils sont là, dans sa sortie d’enfance pour l’un, dans son air à être là sans vouloir déranger pour l’autre. Ces deux là semblent ne pas se voir et pourtant se retrouveront. Comme autrefois, lorsqu’on les voyait dans le cercle de famille, les diapositives ont rythmé leur existence en kodakrome.

Les chansons ponctuent l’itinéraire qu’ont pris les auteurs pour nous dire une belle histoire d’amour. Se retrouver chaque 31, « voilà qui fait de nous une bande à part » est un engagement qui ne se remet jamais en question. A l’idée de ne pas passer tous les 31 décembre ensemble, la réponse est collective : « Tant qu’on est ensemble, il ne peut plus rien nous arriver » (en chœur). Jolie interprétation de Carole Deffit et Valérie Zaccomer, d’Alexandre Faitrouni et Fabian Richard. La mise en scène très créative de Virginie Lemoine apporte des idées originales. Lorsque, par exemple, elle nous embarque dans la nacelle d’un Train fantôme, c’est criant de vérité.

On rencontrera Ruben, livreur de quelques pizzas commandées le 31 décembre 1979. Depuis, Stéphane, Victoire, Anthony et Ruben ont décidé de passer ensemble les 31 décembre à venir. Pour fêter le nouvel an ? On les découvre d’entrée de jeu là où commence la pièce, le 31 décembre 1999. C’est une de leurs réunions rituelles, une photo supplémentaire de leur amitié… jusqu’à ce qu’éclatent leurs non-dits en une situation épique.

Vous remonterez le temps avec eux, de 31 décembre en 31 décembre, jusqu’à leur premier réveillon en 1979. Ils auront alors 8 ans, 13 ans, 16 ans et 25 ans ! Au moment où l’on s’y attend le moins, on reviendra à 1999 pour un dénouement inespéré.

31-anthony-kleinLes Funambules

Stéphane Corbin, coauteur avec Gaëtan Borg, et Stéphane Laporte, nous parle de la genèse de 31 : « J’ai crée dans un premier temps l’association -Les Funambules- dont l’objectif bien revendiqué a tout de suite été la lutte contre les discriminations, pour les droits.

Corbin avait composé 4 à 5 chansons. Il fallait raconter une histoire qui ait du sens en regard de ce que l’on peut appeler la normalité des couples et y intégrer ses chansons.

« Il y a une forme de combat dans notre inspiration qui perdure dans notre écriture. 31 ! est une histoire qui dure 20 ans. Le fil conducteur en est la date du 31 décembre avant les douze coups de minuit de chaque année entre 1979 et 1999 ». Il y a de l’agitation dans ce chœur de filles et garçons qui semblent évoluer dans une meute de non-dits.

Pour prôner la tolérance, il leur faut apporter le dosage voulu afin de ne jamais jouer le militantisme dans cette pièce qui offre une très jolie surprise : celle d’une histoire entre deux personnes. Celle du renoncement à sa vie d’artiste pour l’un qui vit avec sa sœur depuis le décès accidentel de leurs parents.. Mais est-ce donc l’unique source de leurs problèmes ? Et Victoire, la baby-sitter, pourquoi chaque fin de décembre pose t-elle son baluchon chez ces enfants qu’elle gardait autrefois ?
Et la vie ? questionne l’un des personnages, « elle est assez dure comme ça pour qu’on ne fasse pas de différence entre les êtres ».

Victoire, c’est elle qui autrefois gardait les enfants. Mais qui est donc cette Victoire dont on apprendra que sa tante est complètement azimuthée., Est-elle à la recherche de cette autre elle-même ? Trouvera-t-elle ce qu’elle cherchait ?

portrait 4 Virginie Lemoine par Ludovic BaronLe travail d’une troupe en créativité

Virginie Lemoine est partout dans Paris. Elle est comédienne dans ‘Piège Mortel ‘, théâtre La Bruyère, elle met en scène avec Marie Chevalot ‘Le Bal’ au Rive Gauche et a laissé partir en tournée ‘Les Maurice Girls’, une pièce musicale émouvante et drôle sur une troupe de music-hall qu’elle a écrite en 205 et dont elle a co-signé la mise en scène avec la même Marie Chauvelot. Déjà Stephane Corbin en était le compositeur.
Pour 31, elle revient sur sa mise en scène : « On travaille en équipe, on est vraiment bien ensemble. Les comédiens m’apportent leurs idées. Pour moi, c’est une véritable assistance à la mise en scène. C’est le résultat du travail d’une troupe en créativité. A l’image des personnages de la pièce, les comédiens ont beaucoup d’humanité
Je ne connaissais pas la pièce, je ne l’avais jamais vue jusqu’au jour où j’ai pu l’entendre en lecture. Tout de suite, les cubes se sont imposés à moi et ont balayé la première idée qui m’avait effleurée, celle d’utiliser des panneaux tournants ».

Cette pièce démarre avec une lenteur soutenue qui permet de positionner chacun des protagonistes. La mise en espace du temps qui passe est parfaitement rendue.
Et le spectateur qui pensait assister à une comédie musicale comme une autre se retrouve au théâtre de la vie, au théâtre de l’amour, sur les planches de la sincérité.

Celle qui se dispense des discours réducteurs de la haine et des jugements pernicieux.

Patrick duCome

[Crédits Photo  : © Anthony Klein © Lisa Lesourd © Ludovic Baron © Philippe Escalier]

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