Caligula – Opéra Garnier
Oubliez Malcolm McDowell dans le film Caligula, l’œuvre sulfureuse de Tinto Brass. Vous ne verrez nulle goutte de sang, de sadisme ni de scènes crues à Garnier, bien au contraire. Nicolas Le Riche et son dramaturge Guillaume Gallienne se sont à l’inverse attardés sur la vie romantique de cet empereur décrié et redouté par tous. Leur Caligula porte ici les traits d’un adolescent trop vite monté sur le trône, rêveur, charmeur et rebelle. Un James Dean de son temps en quelque sorte.
Pour conter cette histoire, ses auteurs se sont inspirés de trois grands écrivains : Suétone, Barthes et Nietzsche. Il est donc fortement question de psychologie. D’ordinaire, une araignée tisse sa toile avec précision, devenant par la même occasion un piège pour ses futures proies. Ici, la toile de Caligula est déjà dressée et l’inverse se produit : l’empereur est pris dans son propre piège qui va doucement se refermer sur lui.
Les costumes signés Olivier Bériot vont dans ce sens : Caligula porte un ensemble rouge vif tandis que ses sénateurs sont de noir vêtus évoluant tel un peuple arachnéen au pied de leur maître. Spiderman au pays de Cronenberg. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien si le choix de la musique s’arrête sur une version critique des Quatres Saisons de Vivaldi au côté à la création électroacoustique de Louis Dandrel. Il en résulte une ambiance funeste et dramatique, faisant fi de la légèreté propre à l’œuvre du compositeur italien et insistant davantage sur le tranchant de ses violons.
Pour l’Incitatus de Mathias Heymann
L’espace temporel créé par Le Riche et Gallienne est multiple. Composé de cinq actes, les quatre premiers représentent les fameuses saisons agrémentées par la musique de Vivaldi. Entre ces changements climatiques qui se déroulent en fait sur une journée (tragédie classique oblige), des interludes nocturnes (liés à la passion de Caligula pour la pantomime et pour la lune) s’insèrent sur la musique ombrageuse de Louis Dandrel.
L’espace est épuré : entre temple japonais ou romain, la vidéo expérimentale conçue par Raymonde Couvreau porte en elle les stigmates du personnage évoluant entre la terre et le ciel sans jamais finalement poser pieds sur sol. Stéphane Bullion qui remplace Jérémie Béllingard, blessé, flotte littéralement sur scène. Les mouvements chorégraphiés par Nicolas Le Riche démontre ses angoisses, ses crises d’épilepsies et sa fureur de vivre. A ses côtés, la lune souple de Clairemarie Osta tente de l’apaiser et de lui faire découvrir l’amour. Le cinquième acte sera fatal comme le démontre la symbiose entre la musique de Vivaldi et de Dandrel.
Entre classicisme, modernité et futurisme, l’œuvre se conclut sans que l’on sache vraiment de quoi meurt ce jeune empereur orphelin, présenté avec plus de compassion que de haine. En cela, l’œuvre a son importance bien qu’on pourrait lui reprocher quelques longueurs dans ses interludes répétitives. Le moment de grâce arrivant davantage lors de l’apparition d’Incitatus, le cheval de Caligula, admirablement dansé par l’étoile montante Mathias Heymann.
Edouard Brane
Caligula
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Jusqu’au 24 février 2011 à 19h30
Durée : 1h24 sans entracte
Tarifs : 8 €, 12 €, 23 €, 45 €, 67 €, 89 €
Opéra Garnier
8, rue Scribe
75009 Paris
Métro Opéra
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