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Street art à Belfast : Redorer le blason des murs par l’art

30 décembre 2016
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Street art à Belfast : Redorer le blason des murs par l’art

Ses visages bleus de femmes mélancoliques ont changé les murs de Belfast. Les ‘Missed Calls’de DMC font partie d’une étude sur la solitude humaine à l’âge des téléphones portables… DMC, alias Dermot McConaghy, ainsi que Faigy, Johnny McKerr (JMK), Kev Largey (KVLR), Joe Caslin ou encore Marian Nooneconnue sous le nom de Friz, font partie de cette nouvelle scène vibrante, qui est apparue au cours de la dernière décennie en Irlande du Nord. Le musée d’Ulster a même organisé en 2011 une exposition montrant le travail de ces artistes de rue.

street_art_2Les murs de Belfast ayant longtemps été utilisés pour exposer des messages politiques et affiches de protestation, ce tournant semble aujourd’hui miraculeux. Et c’est toute la puissance de l’art de rue. Souvenons-nous : dans les années 1960, 70 et 80, les catholiques et les protestants, les féministes et les groupes conservateurs, les mouvements anti-avortement et les « pro-choix » se battaient à coup d’aérosols pour marquer leur territoire. Ces « murals » sont encore visibles dans tout Belfast et au-delà.

Dans ce contexte, il n’est pas étonnant que même 20 ans après l’accord du Vendredi Saint (le Good Friday Agreement, signé en 1998 – qui a finalement amené la paix après des décennies de conflits entre pro-Londres et indépendantistes), les artistes veuillent s’éloigner de la politique… «Mais en rejetant la politique telle qu’elle était, les artistes font une déclaration politique», pense Adam Turkington, un fan de musique et d’art qui a largement contribué à la récente explosion de ce mouvement artistique. «Ils refusent le récit de l’Orange et du Vert dans ce pays», ces couleurs représentant les deux partis dominants, DUP et Sinn Fein.

street_art_3Métamorphoses bombesques

Adam négocie pour trouver des murs et attirer à Belfast des artistes du monde entier, de Dublin à Rio de Janeiro. Une Soirée Culturelle (‘Culture Night Belfast’) a lieu tous les troisièmes vendredis de septembre, attirant plus de 90.000 personnes chaque année, auxquels de nombreux street artistes participent. Les routes sont fermées pour l’occasion et les rues deviennent piétonnes. Depuis janvier 2016, Adam Turkington organise également des visites de l’art de rue en ville, avec son association Seedhead Arts, qui promène les visiteurs de la rue Hill à la North Street via la rue Talbot et la cathédrale Sainte-Anne.

street_art_4Cette scèneartistique est désormais si dynamique que Belfast a maintenant un nouvel événement annuel, en octobre, appelé ‘Hit The North’, où la plupart des nouvelles peintures murales sont créées. Des artistes du monde entier viennent y contribuer: les célèbres Bristolians Inkie, Cheba et Andy Council ont déjà été vus à plusieurs reprises, ainsi que le Londonien Dan Kitchener et l’Irlandais Conor Harrington. Le ‘Phoenix de Belfast’ d’Andy est l’un des trésors de la ville. ‘Le Fils de Protagoras’ de l’artiste français MTO montre une colombe de paix frappée par deux flèches dans son cœur, dans la main d’un jeune garçon, au cœur du centre commercial de Belfast, près de North Street.

Un mouvement de plus en plus étendu et profond

En dix ans, l’art de rue s’est ainsi largement diffusé en Irlande du Nord. Au sud de Belfast, les villes de Lurgan et Lisburn sont des foyers pour la culture de rue. Faigy et DMC vivent d’ailleurs à Lurgan. « Le pays a vraiment beaucoup changé au cours des dix dernières années, socialement et artistiquement », déclare DMC. « Maintenant, un nouveau réseau convivial de connexions rend les choses plus intéressantes. Et ce qui rend la région spéciale aujourd’hui, c’est son peuple, son sens de l’humour, une colère qui est devenue une énergie, et non plus son histoire tourmentée ; c’est pourquoi je reste de toute façon ».

street art5À Lisburn, le collectionneur Robert Martin dirige la galerie R-Space, qui a accueilli début novembre une exposition d’estampes de Shepard Fairey, le génie américain de l’art de rue connu sous le nom d’Obey. Gary Rowe, connu sous le nom de Real1, un artiste de rue de Tottenham, à Londres, qui a également vécu en Italie et en Namibie avant de s’installer en Irlande du Nord, a redécoré les murs extérieurs de la galerie avec une magnifique pièce sur Donald Trump – ‘The Great American Nightmare’ – quelques jours avant le jour du scrutin aux États-Unis… Une preuve de plus que – qu’il soit politique ou social, appelant à la paix ou d’afficher des sentiments subjectifs – l’art de rue est un cri sur nos murs et a toujours quelque chose à dire. Et surtout dans les zones récemment sorties de conflits commel’Irlande du Nord.

Mélissa Chemam


Liens vers les sites des artistes:

DMC : www.manchini.co.uk
Andy Council : www.andycouncil.co.uk
Real1 : www.real1art.co.uk
Friz : thisisfriz.com
Emic : emicartist.com
Conor Harrington : www.conorharrington.com
Joe Caslin : joecaslin.com

[ Crédits : Photo 1 : © Seedhead Arts, The Son of Protagoras // Photo 2 : © DMC // Photo 3 : © Hit the North, Hit The North // Photo 4 : © Real 1, The Great American Nightmare // Photo 5 : © Mélissa Chemam, Union Jack sur le mur de Belfast ]

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