Dem 189 : “Utiliser l’alphabet cyrillique, c’est libérateur”
Exposition Mécanique animale Œuvres Dem189 Du 13 au 25 octobre 2014 Vernissage le lundi 13 octobre à partir de 18h mmartproject M° Jacques Bonsergent |
Avec Lek, vous avez aussi participé à l’aventure du Mausolée…
Oui, je suis l’un des rares à y être retourné régulièrement, pendant deux ou trois mois. C’était un endroit intéressant, parce que très spécial. J’aimais particulièrement peindre dans les pièces sombres, voire noires. Le livre n’était pas encore en projet. J’aimais imaginer les gens se balader avec une lampe torche. Mais il y avait quelque chose d’assez angoissant, une vie étrange. Je peins toujours en musique. Parfois, j’avais vraiment impression que quelqu’un était derrière moi… C’était un endroit fabuleux, mais oppressant, quand on n’en pouvait plus, on allait peindre dehors. J’ai ensuite participé à la première expérience au Palais de Tokyo. Je suis parti le lendemain en Australie et je ne suis jamais revenu… L’architecture compte pour vous ? Quelques artistes du graffiti étaient déjà inspirés par cette dimension, notamment Delta (Boris Tellegen), que j’admirais beaucoup. De mon côté, c’est venu à mi-chemin. Au début, comme tous les autres graffeurs, j’étais inspiré de manière consanguine par tout ce qui se faisait dans le milieu. Au bout d’un moment, j’ai regardé à l’extérieur. Je suis revenu alors sur ce qui m’avait intéressé dans le dessin quand j’étais petit, dont toutes les bandes dessinées qui m’étaient interdites quand j’étais petit et que je lisais quand même, comme Moebius. J’ai travaillé avec plus de finesse, moins comme du graffiti américain et davantage comme quelque chose de personnel, issu de ma culture française. La bande dessinée a influencé votre rapport à la couleur ? En fait, longtemps, la couleur m’a ennuyé plus qu’autre chose. Je faisais des pièces avec très peu de couleurs, même dans le graffiti. Ce qui m’intéressait, c’était le dessin au trait. J’ai commencé à passer à autre chose en collaborant avec Seth, que j’ai rencontré en 2003. Il développait une technique très fine par rapport à ses personnages, alors que j’avais encore un trait très gras, venu du graffiti. Comment a débuté le travail d’atelier ? J’ai commencé en 2006 ou 2007, je commençais un peu à m’ennuyer, à voir que je mettais trop de limites dans mon travail. Je me suis dit que je pourrais faire sur toile ce que je ne faisais pas sur mur. Cela m’a aidé à faire tomber toutes les barrières, les règles, dans le graffiti, et à faire un peu ce que je voulais. J’ai réadapté mon trait, réappris à peindre, d’une certaine façon. Et à avoir le plus d’outils possible à ma disposition pour faire tout ce que je voulais, autant sur mur que sur papier, sans limite… Parmi ces outils, vous restez fidèle à la bombe, tout en expérimentant d’autres techniques… Oui, mais je peux faire des murs au rouleau ou au pinceau, je n’ai pas de problème avec ça. Je suis allé au Brésil. Là, ils n’ont pas d’argent, et aucun complexe à utiliser le rouleau. Ils ont raison. Si tu as accès à une bombe, c’est plus rapide, plus précis, il y a des années d’expérience derrière, c’est vrai. Pour l’exposition, j’ai utilisé un aérographe pour la première fois. D’autres projets ? À Melbourne, où je vis, je peins beaucoup dans les systèmes de drainage. Il m’y est arrivé quelques petites aventures, comme d’être emporté par les flots – on apprend ! J’aime bien aller peindre dans des lieux où les gens ne vont pas forcément aller. Je m’y sens à l’aise, je me fais un peu flipper aussi… Il y a des rats, des animaux étranges… J’aime l’intimité de ce genre de lieu. C’est comme un jardin secret… Propos recueillis par Sophie Pujas À découvrir sur Artistik Rezo : [Dem189, Spacamundo ; Dem189, Anubis, 2014, acrylique, aérographe, bombe de peinture, fusain sur lin, 130×90 cm ; Lek et Dem189, French Kiss, collection Nicolas Laugero Lasserre ; Dem189, Organ doners ; Dem189, Mécanique animale] |
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