Mireille Sueur, collectionneuse de boules à neige : “Je collectionne en dilettante.”
Exposition Boules à neige Jusqu’au 24 janvier 2015 Du mardi au samedi de 13h à 18h Fermé le dimanche, lundi et jours fériés Plein tarif : 8 € Réservation au Musée de la Poupée M° Rambuteau (ligne 11) |
Jusqu’au 24 janvier 2015
Mireille Sueur est une chionosphérophile, comprendre une collectionneuse de boules à neige, depuis 1975. Une petite partie de sa collection (300 sur 3000) est exposée actuellement au Musée de la Poupée à Paris, jusqu’au 24 janvier 2015. Immersion dans un univers kitsch, enchanté et féérique. Première partie de la visite : le musée Un endroit aux tons pastel, aux dimensions minutieuses. Mireille Sueur s’y sent comme à la maison et tourne et vire, nous présentant la douzaine de vitrines regroupant les 300 précieuses sphères tirées de sa collection. Quand avez-vous acquis votre première boule à neige ? C’était en 1975, j’ouvrais ma galerie dans le Marais et j’étais allée rendre visite, dans son atelier, à Robert Malaval, un artiste décédé depuis. Il possédait une boule très classique, une vache sur un fond de montagne, avec des petites paillettes. Il s’en servait comme référence pour dessiner une pochette de disques pour les Rolling Stones. J’étais en train de la regarder et il m’a dit : “Elle te plaît ? Je te l’offre !” C’est comme ça que j’ai eu ma première boule. Elle n’était vraiment pas destinée à être suivie par d’autres à l’époque ! Mais il s’est produit un petit phénomène d’accroche, et j’ai commencé à regarder les boules dans les grands magasins. Il n’y avait pas de séries comme aujourd’hui, le phénomène ne s’était pas développé. J’ai commencé à en acheter quelques-unes, mais sans aucune décision de former une collection. Tout le monde a commencé à se dire “elle collectionne les boules”, à m’en ramener et ça a pris corps comme ça ! Quelle est votre proportion achat/don ? Je dirais qu’un quart m’a été donné, j’ai acheté le reste. Moi aussi je fais des dons de temps en temps, pour respirer un peu. Je vis dans un appartement de 70 m² que je peux vous proposer de visiter, d’ailleurs ! Avec plaisir ! Combien avez-vous de boules là-bas ? Je dirais 2000 à Paris, du fait que j’en ai donné, à des écoles maternelles, à des enfants d’amis, mais cela pose toujours problème, car je leur offre toujours les boules auxquelles je tiens le moins et qui ne sont jamais celles qu’ils voudraient avoir ! Le flux, c’est la vitalité d’une collection, c’est de l’ordre de la logique même. Je ne devrais même pas employer le mot “collection”, je ne suis pas obsessionnelle, je ne dépenserai pas une fortune pour une boule rarissime si je la trouve moche. Le vrai collectionneur a besoin de rareté. Pour moi, l’objet doit me séduire. Comment avez-vous procédé à la sélection des boules pour l’exposition ? C’est Samy Odin, le directeur du Musée de la Poupée, qui a astucieusement procédé à la sélection, avec l’aide de son assistante. Ils les ont regroupées par thème, sinon cela partirait dans tous les sens. Cette entreprise ne crée pas de séries mais des exemplaires en nombre limité, que je n’aurais pas les moyens d’acquérir et qui rentrent dans un esprit de collection qui n’est pas le mien. La deuxième vitrine, centrée sur le sacré, avec un Mao, un de Gaulle, comporte des globes de couronne de mariée, avec la couronne de ma grand-mère… car pour mon malheur j’ai aussi commencé cette collection, et c’est là que je me rends compte que j’ai un amour pour les objets sphériques et les globes ! La troisième vitrine est consacrée aux sujets bibliques et religieux, aux crèches. La vitrine suivante est dédiée aux anges et celle d’après aux lieux touristiques. Puis, vous avez les boules Disney et ensuite la vitrine pop culture, avec Harry Potter, Hello Kitty, le fantôme de l’Opéra, Betty Boop… puis un espace jouets (petits trains, nounours, poupons) et la vitrine des animaux. Après, on peut contempler un univers féérique avec les danseuses, les licornes, les elfes et, dans la vitrine suivante, le monde de la magie noire avec dragons et esprit d’Halloween. La dernière vitrine regroupe une sélection diverses, entre boules conceptuelles (celle du couturier Martin Margiela, qui est vide), les comiques régionalistes (Mam Bigoud), les publicitaires, les corps de métier, un souvenir du quartier rouge d’Amsterdam… Quelle postérité pour votre collection ? C’est vrai qu’à l’avenir j’aimerais que mon ensemble ne se disperse pas. J’avais donc proposé à Samy Odin de lui faire une donation pour le musée, mais celui-ci n’est vraiment consacré qu’aux jouets et aux poupées. Donc, après m’être rapprochée du MIAM, le Musée International des Arts Modestes de Sète, qui n’a montré qu’un intérêt relatif, nous sommes en relation avec le Musée des Arts décoratifs. On verra bien. Deuxième partie de la visite : chez Mireille Sueur L’appartement en lui-même est un petit miracle, bonbonnière rose intense, envahie par les boules à neige mais aussi par les têtes de tigres, de poupons, les vanités… Dans ce monde au creux du monde, où le mobilier est rond et le chat et le chien cohabitent paisiblement, Mireille nous parle de son sujet de prédilection. L’histoire : La première boule neigeuse daterait de la fin du XIXe siècle, pour l’Exposition Universelle de 1878. Les boules les plus anciennes sont ovoïdes. La géographie : Selon la légende, les lieux touristiques auraient contribué à l’essor de la boule à neige via les congés payés. Les gens ont commencé à voyager, d’abord dans les lieux de culte, déjà équipés pour recevoir des foules, et donc la plupart de ces sujets de cette époque concernent des lieux sacrés : Mont Saint-Michel, Notre Dame… Les belles boules proviennent en général d’Allemagne ou des États-Unis, les moins jolies de Chine. L’entretien : Certaines se vident avec le temps, du fait d’un problème d’isolation. Celles dotées d’un bouchon peuvent être re-remplies avec des poires de lavement et de l’eau déminéralisée. D’autres développent des micro-organismes bruns ou une teinte brune, voient leurs motifs s’effondrer, les couleurs passer… Le Made in France : Convert est la seule maison française qui produise des boules neigeuses en série. C’est une entreprise familiale jurassienne où les produits sont peints à la main par les dames du village, ce qui fait que tous leurs “papes” sont différents. On quitte à regret le monde enchanté de Mireille, si doux et si feutré. Promis, pour les fêtes, on s’achètera une boule à neige, qu’on agitera doucement sous le sapin… Propos recueillis par Mathilde de Beaune [ Photos © Nathan Bleuvarcq] |
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