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Didier Demozay – Cinq peintures

7 juin 2009
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didier_demozay

 

L’art abstrait a ceci de saisissant qu’il engage un dialogue progressif entre l’œuvre et le spectateur. Les peintures de Didier Demozay avancent rapidement leurs arguments, par des dimensions imposantes et un agencement pictural fascinant. La verrière de la galerie Jean Fournier baigne de surcroît le travail de l’artiste dans une luminosité éclatante. Une singularité précieuse, qui soutient le blanc des murs afin d’animer les « surfaces colorées » des peintures.

Cette visibilité importante, cette aura étincelante, accentue ainsi les rapports entre les teintes. Les espaces distincts, aux frontières vagues, se confrontent en créant des tensions. Provoquées par les traits de pinceaux qui ne sont marqués d’aucun contour fixe : les gestes du peintre s’avèrent inégalement arrêtés dans leur mouvement. Le rouge, noir, bleu, orange ou violet reste donc libre de toute emprise, de toute approche circonscrite.

 

Force de représentation
Les « surfaces colorées » semblent alors enclines à se rejoindre, puis à s’éloigner, en se frôlant parfois légèrement. Révélant dans la toile l’oscillation palpable entre cohabitation et opposition. Sans pour autant s’agresser, ces « surfaces » entretiennent une corrélation conflictuelle. Ces rapports, ces tensions, existent grâce aux liens entretenus par le blanc. Les intervalles non colorés profitent à l’œuvre. Ils complètent le processus artistique et permettent d’évaluer les champs chromatiques.

Didier Demozay concentre son énergie vers l’essentiel. L’économie de moyens dans ses peintures sert leur force de représentation. Sa volonté de ne pas fixer de normes induit également une remise en cause perpétuelle.

Les diptyques de Didier Demozay induisent l’imaginaire vers des drapeaux élimés, flottant au vent, comme de candides étendards de la liberté artistique.

 

Cyril Masurel

 

Entretien avec Didier Demozay : « La peinture doit exercer une présence physique »

 

Vous êtes lié depuis plusieurs années avec la galerie Jean Fournier, comment s’est engagée cette relation ?

 

Lorsque j’ai commencé à montrer ma peinture dans les années 1975 – 80 , je regardais déjà des peintres comme Hantaï et Francis dont j’avais vu une exposition de peintures sur papier à la galerie Jean Fournier. En 1983, j’ai fait une exposition personnelle dans le cadre des expositions « peinture fraîche » à la galerie d’art contemporain du musée de Nice et j’ai appris que Monsieur Fournier avait vu cette exposition et qu’il avait apprécié mon travail. C’est en 1985 que je suis allé lui montrer pour la première fois mes peintures à Paris. Cela s’est fait petit à petit. En 1986 il me proposait ma première exposition à la galerie.

 

Comment s’organise le travail dans votre œuvre ?

C’est un rapport de surfaces colorées dans l’espace du tableau, quelque chose de très rudimentaire.  Ce sont quelques formes qui se mesurent les unes aux autres, dans des rapports de couleur, d’espace, de tension. Mon travail s’articule autour de cela, c’est très simple en fait. J’utilise  des pots de couleurs tout prêts, faisant peu de mélange, la peinture est passée relativement vite, badigeonnée d’une couleur assez liquide, maigre dans sa consistance.

 

Ça paraît simple…

Oui c’est assez simple, c’est élémentaire dans le mode de fonctionnement, dans ce qui est donné à voir. Mais  curieusement je mets de plus en plus de temps à penser mon travail, à définir mentalement le rapport entre les formes, les couleurs. Après avoir peint une surface il peut se passer plusieurs jours, plusieurs semaines, avant que je me décide à entreprendre une autre surface et bien des fois cela ne fonctionne pas.

 

Quelle est alors votre analyse lorsque vous achevez un tableau, quand est-ce que cela fonctionne ?

 

Comme je le disais, mon travail exige une grande rigueur, une tension entre les couleurs, les formes. La peinture doit exercer une présence physique, s’imposer à nous. Si je n’arrive pas à cette tension, si ça ne fonctionne pas, il faut alors détruire et recommencer. Parfois, si c’est possible, je tente de reprendre une surface, de la contracter par la couleur.

Par quel moyen parvenez-vous à créer ces tensions ? Quelle sont vos sources d’inspiration ?

 

Je n’ai pas de réponse précise. C’est une question de pensée, c’est mental. La peinture est de l’ordre de la pensée, elle se construit dans la tête, en regardant la peinture, en cherchant des solutions à ma pratique picturale. J’ai décidé de travailler de grands formats horizontaux, cela  fait  deux ou trois ans que j’y songeais, et ces peintures qui sont présentées à la galerie Jean Fournier engendrent des choses nouvelles dans le rapport des surfaces colorées au blanc de la toile. Oui, ce n’est que mental.

 

En fait vous ne vous attardez pas trop sur la signification de votre travail ?

 

Je ne donne pas de signification à mes peintures, non, rien de cela ; ce que je donne à voir c’est de la peinture, des surfaces peintes  qui se confrontent dans un espace. C’est la couleur qui découpe le blanc de la toile, le format qui impose une relation autre à ces éléments de la peinture. Ce qui m’amène à les modifier, à poursuivre cette interrogation de la peinture.

 

Propos recueillis par C.M

 

Didier Demozay – 5 peintures
Jusqu’au 27 juin 2009
Du mardi au samedi
De 10 h à 12 h 30 et de 14 h à 18 h 30.
Informations : 01 42 97 44 00
Oeuvre sur papier, 4 000 €

Grand format (180 x 324), 18 000€

Galerie Jean Fournier
22 rue du bac, Paris 7e
Métro Rue du Bac (ligne 12) ou Tuileries (ligne 1)

 

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