José Manuel Egea : le lycanthrope de l’art contemporain
José Manuel Egea. Lycanthropos Du 3 septembre au 15 octobre 2016 Du mardi au samedi de 14 à 19 h Galerie Christian Berst |
Il raye, rature, biffe, recouvre parfois entièrement ces personnages en papier glacé arrachés des pages des magazines. Ils disparaissent sous ces hachures larges pour devenir des monstres, des êtres inquiétants. Certes, les stars et autres mannequins publiés ne l’intéressent pas en tant que tels : ils ne sont qu’un prétexte.
Car José Manuel Egea s’attache à révéler l’invisible, à savoir, la part animale qui est en chacun de nous, “l’ombre” de Carl Jung, cette dualité qui s’incarne dans ce mythe du loup-garou. Et José Manuel Egea est persuadé d’en être un.
José souffre de schizophrénie, et plus précisément de lycanthropie clinique. Il vit donc bien réellement ses crises, mais ensuite, il se met en scène, prend des pauses, porte un masque… Il incarne aussi un rôle et devient “performeur”.
L’expression d’une dualité Né en 1988 à Madrid, le jeune loup-garou dessine dans l’atelier du collectif Debajo del Sombrero (sous le chapeau) depuis 2000. Il est fasciné par ce mythe populaire dont les origines remontrent à un épisode où le roi d’Arcadie Lycaon offre l’hospitalité à Zeus déguisé en mendiant. Or, Lycaon lui sert de la viande humaine, une chose inconcevable pour le dieu qui de rage, le transforme alors en loup.
Un accès à un espace où tout est permis, d’une certaine façon. Mais José est également fasciné par les super héros de Marvel qu’il lisait enfant, ces êtres aux supers pouvoirs capables de se métamorphoser à l’envi, avec une attention particulière à Hulk qui lui aussi se transforme, devient ultra puissant (et déchire ses vêtements!), fait peur et doit cohabiter avec deux entités.
Ses dessins n’ont rien d’anecdotique, et il essaie de raconter son monde à travers les mots ou les phrases qu’il associe à certaines images : androgyne, naissance, transformation, machistar (“faire macho”), j’aimerai voir mon père naître, cordon ombilical, arracher la bestialité d’un adolescent qui devient mi-homme, mi-loup, violence contrôlée… Cela pourrait être un jeu d’enfant, mais ce serait ne pas prendre au sérieux la démarche de José Manuel Egea qui pose finalement des questions sur nos origines, notre dualité, notre altérité. Ce sont des mots d’un poète avant tout. Stéphanie Pioda
[Photos © galerie Christian Berst] |
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