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« Christian Dior, couturier du rêve ! » : une scénographie éblouissante

Louise Lemesle  11 décembre 2017
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© Adrien Dirand

La scénographie de « Christian Dior, couturier du rêve ! » interpelle. Cette exposition monumentale raconte l’histoire « Dior », en nous plongeant dans des atmosphères féériques et grandioses. Plus qu’une exposition, c’est un monde qu’on nous offre à voir, tourbillonnant et étourdissant, digne d’un imaginaire de petite fille.

On assiste aujourd’hui à la création d’expositions globales, avec l’apparition d’une expérience de l’espace plus inventive, novatrice et captivante. Aux croisement de plusieurs disciplines architecture, arts plastiques et spectacle, le scénographe est le maître d’oeuvre de la conception du parcours de l’exposition et de ses ambiances.

Pour comprendre la manière dont s’envisage la scénographie et son processus de création, plusieurs aspects doivent être appréhendés : l’origine, le concept et la réalisation de l’exposition. Hélène Lecarpentier, architecte et scénographe au sein l’agence Nathalie Crinière, a intensément participé à cette aventure. Elle nous apporte un témoignage passionnant des coulisses de cette réalisation pour mieux cerner son métier.

Comment exposer la mode ? 

Quand la mode est exposée, la scénographie joue un rôle particulier car ces collections nécessitent un rapport de proximité avec le public. Hélène Lecarpentier confie : « Lorsque nous avons commencé à travailler avec Pierre Bergé et Yves Saint-Laurent, ils nous ont dit que les robes ne se mettaient pas derrière des vitrines. Celles-ci ont été faites pour être portées, pour être touchées avec les yeux, sans la barrière du verre. Cela a réellement changé notre rapport à l’exposition de la mode.»

© Adrien Dirand

La genèse du projet

Dès le départ, la Maison Dior a exprimé un souhait : faire de la dimension artistique de la Maison le point névralgique de l’exposition et plus précisément raconter le rapport artistique de la marque. « Ce n’est pas qu’une exposition de mode, mais aussi une mise en lumière des liens que la Maison Dior a tissé avec l’Art », précise Hélène Lecarpentier. C’est donc vraiment cet aspect d’influence entre deux domaines, l’art et la mode, qui a constitué la genèse de ce projet et qui justifie sa place au Musée des Arts Décoratifs de Paris.

Conjointement à cela, Dior a demandé que cette exposition « marche avec la féérie de la haute couture et qu’elle fasse date. » Il fallait donc qu’elle soit à la fois, « une exposition extrêmement didactique et précise et qu’elle aie ce côté magique et somptueux ». La scénographie devait donc être partie prenante de l’éblouissement du spectateur. L’agence Nathalie  Crinière avait pour objectif de l’enchanter en lui proposant une réelle expérience artistique dans l’espace.

© Adrien Dirand

Le développement d’un concept et l’impact du lieu

En concevant cette scénographie comme une pièce de théâtre, l’agence Nathalie Crinière a relevé le défi, tout en surprenant : « Chaque thème est un nouveau tableau, une nouvelle surprise pour que le visiteur soit à chaque fois un peu plus ébloui et plongé dans un rêve ».

Pourtant, les contraintes du lieu se sont rapidement imposées. L’agence décide alors d’en tirer parti, jusqu’à devenir des formidables sources d’inspiration : « Nous avons travaillé notre projet en fonction des lieux, c’est devenu notre point de départ. Nous avons apprivoisé les contraintes spatiales. Ce sont même les espaces qui nous ont permis de déterminer les thèmes de l’exposition ».

En cours d’élaboration du projet, les commissaires d’exposition et l’agence Nathalie Crinière découvrent en effet des liens importants entre Dior et Versailles, notamment autour de l’univers du bal. L’espace de la nef s’impose alors logiquement pour exposer les robes de bal. Grâce au mapping immersif et à l’installation des miroirs, cet espace devient une sorte de galerie des glaces, parfaite pour accueillir les robes de soirées.

© Adrien Dirand

De l’élaboration au montage  

Monter un tel projet demande d’associer des compétences qui ne sont pas spécifiquement celles du scénographe : le graphisme, la lumière ou la vidéo. Ici, le travail d’éclairage est pensé sur mesure par des concepteurs lumières : « Il a fallu créer entièrement l’éclairage de la nef qui était inexistant. L’agence a imaginé de cercles sur mesure dans chacun des oculus pour masquer la lumière naturelle et y installer des projecteurs afin d’éclairer les robes de manière très précise depuis le plafond ». La réalisation d’images 3D par les scénographes constitue la quasi totalité de l’élaboration de l’environnement visuel de l’exposition dans lesquels les robes sont présentées.

L’anticipation de tous les aspects de la création jusqu’au montage sont indispensables pour le bon déroulement du projet : « Nous avons dû décaisser un tableau, car il ne passait pas par la porte que l’on avait réalisée. Il a fallu demander des autorisations au Louvre. Il a aussi fallu penser à la maintenance et l’entretien des robes, en tenant compte de leur ampleur et leur manipulation. C’est pourquoi les échafaudages du montage sont intégrés à la scénographie ».

Les effets produits 

Ce qui fascine Hélène Lecarpentier, c’est l’impact sur les publics : « Les gens nous disent qu’ils n’avaient jamais remarqué les miroirs dans la salle de la nef. Nous leur répondons simplement que c’est parce qu’ils n’y étaient pas ! ». Cela illustre parfaitement la manière dont les scénographes sont intervenus sur ce projet : être en adéquation avec le lieu. Cette scénographie ne s’impose pas dans l’espace, mais se fond dans celui-ci, en révélant toutes ses particularités.

L’exposition Christian Dior, couturier du rêve ! affirme l’importance de cette pratique en passe de devenir un art à part entière, poursuivant sa propre finalité toute en restant au service de l’œuvre.

Louise Lemesle

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