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BAULT : « J’ai une envie permanente de me renouveler »

3 février 2017
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bault2017 copie

Exposition Papiers Gras

Œuvres de BAULT

Du 23 février au 31 mars 2017

Vernissage le 22 février à 18h

Galerie Artistik Rezo
14 rue Alexandre Dumas
75011 Paris
M° Rue des Boulets

www.galerieartistikrezo.com

Dans un balancement entre des dessins très minutieux et des interventions plus brutes, plus physiques où le mouvement est primordial, BAULT interroge notre environnement immédiat par une recherche incessante de nouvelles techniques et supports. Rencontre.

Comment as-tu commencé ?

J’ai toujours vu mon père dessiner à la maison, ça a forcément eu une influence importante. J’ai sérieusement commencé au collège, à faire des fanzines en noir et blanc, qui m’ont ensuite amené au tag et au graffiti. Par la suite, j’ai fréquenté l’Ecole des Beaux-Arts d’Avignon puis les Arts Décoratifs de Strasbourg. Mon dessin ne correspondant pas aux attentes “académiques”, j’ai quasiment arrêté de dessiner et me suis rapidement orienté vers la vidéo.

Après plusieurs années de vidéo et de graphisme, insatisfait de cette vie, j’ai décidé, pour exorciser ce mal-être, de recommencer à peindre dans la rue. Les meilleurs kiffs que j’avais eus c’était en cherchant des murs et en peignant avec des potes. Alors je contactais plein d’artistes pour leur proposer des collaborations. C’est là où tu te mets le plus en danger, en peignant avec des gens qui travaillent de manière radicalement différente. Ces collaborations me poussent à me renouveler, à m’adapter à d’autres manières de procéder.

Comment débute ton acte de création ?

Je commence par une phase quasi méditative d’observation du lieu, je m’en imprègne. Je ne sais pas à l’avance ce que je vais y faire. Je joue avec le lieu ou le support, les objets et matériaux que je trouve. Je travaille également à partir d’une intention, une tâche, une ligne. Ce sont les erreurs, les accidents qui me servent parfois de croquis. Je m’adapte.

Qu’est-ce qui influence ton travail aujourd’hui?

Je reste encore très inspiré par ce qui m’a marqué enfant. J’ai très vite trouvé une source d’inspiration dans les livres pour enfant, en particulier ceux de Christian Voltz et Olivier Douzou publiés aux Editions du Rouergue.

Les influences sont nombreuses, cela peut être les graffitis laissés dans les toilettes publiques qui me fascinent. Souvent salaces, sexuels, et parfois super poétiques, grattées ou écrits, ils ont été mon premier contact avec l’intervention d’un anonyme sur un mur… Je situe aussi mon travail “dans le vent de l’art brut” comme disait Dubuffet, les photos de Brassaï… C’est une vraie source d’inspiration. D’ailleurs, on retrouvera en partie cette influence dans l’installation que je prévois de réaliser pour mon solo show à la Galerie Artistik Rezo.

Pourrais-tu nous dire quelques mots sur cette exposition ?

Après avoir travaillé sur les assemblages de divers matériaux, notamment le bois, l’idée ici est de travailler autour du papier. Il va s’agir de la présentation de nombreuses impressions inédites. Il y aura également une grande installation à base de papier, une structure entre la grotte et la ville dans laquelle je vais intervenir pendant cinq jours.

Si tu devais qualifier ta démarche ?

Je dirais une envie permanente de me renouveler, de développer de nouvelles écritures, alors que les thématiques se resserrent un peu autour d’une bibliothèque de personnages, un environnement très organique de faune et flore, mis en balance avec un univers urbain, violent, pollué, hybride.

Tu travailles parfois sans pinceaux, directement avec les mains ou avec d’autres outils…

Oui, cela s’inscrit dans la quête d’une plus grande simplicité et d’adaptation à l’environnement dans lequel je travaille. Je recherche constamment de nouvelles techniques. Mon nomadisme d’atelier m’incite à ce renouvellement. Cela fait quelques années que je travaille dans des squats. C’est humainement très intense. J’ai, par exemple, eu la chance de partager un atelier avec le graffeur Popay dont le travail a influencé énormément de monde. C’est un apport que tu ne peux pas avoir dans d’autres lieux. J’ai beaucoup appris à ses côtés. Actuellement je n’ai pas d’atelier fixe mais je vais bientôt rejoindre un espace géré par Plateaux Urbains.

Mon installation dans le cadre de Mondes Souterrains, “algorithmes”, relevait de cette recherche d’une confrontation entre la technologie par un agencement de signes représentant le codage et le retour à des outils très simples : j’ai peint avec les mains et gratté la peinture.

Comment as-tu été influencé par tes voyages en Haïti ?

Ces voyages ont été extrêmement riches. Outre la réalisation de murs en collaboration avec des artistes locaux, j’ai également eu la chance de visiter des ateliers d’artistes et découvrir un art très singulier, en particulier celui des “atis rezistans”, au croisement entre le vaudou, le naif haïtien et la récupération d’objets. J’aime l’idée de travailler à partir d’objets ayant déjà eu une vie.

Si tu devais accompagner ton travail d’une bande son, que choisirais-tu ?

Je dirais plutôt une musique qui amène à une certaine transe, soit des chants chamaniques, soit de la musique concrète.

Tes projets ?

Après le solo show à la Galerie Artistik Rezo, j’ai notamment deux expositions (l’une collective, l’autre en duo) à la Cox Galerie à Bordeaux.

Propos raccueillis par Marie-Fleur Rautou

[Crédits Photo 1 : © BAULT, 2017 ]

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