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Henri Cartier-Bresson – L’imaginaire d’après nature – Musée d’Art moderne

19 août 2009
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Un décor réduit au minimum

Impossible de ne pas être saisi par la blancheur envoûtante du lieu. L’impression initiale de froideur a tôt fait de se muer en un sentiment de proximité. Comme pris dans un cocon de coton, le visiteur s’engouffre dans l’univers d’Henri Cartier-Bresson, où sobriété rime avec beauté. Une beauté d’autant plus fascinante qu’elle est naturelle. Aucun effet de style superficiel ou grimage, les yeux se posent sur des photographies qui révèlent, dans cette salle dépouillée, toute leur dimension humaniste et intimiste.

Les visages semblent familiers, les paysages sont comme des souvenirs de nos propres voyages, les évènements nous embarquent dans leur tourbillon. Captivante, toujours, l’œuvre du photographe se redécouvre avec l’admiration des premiers regards ou s’appréhende avec la fascination du novice. Quelle que soit l’approche, les clichés en noir et blanc se voient nimbés de sensibilité.

Les fausses notes semblent ne pas exister et la justesse des compositions – qui n’est pourtant pas la préoccupation de l’artiste – ne peut que séduire. La lumière, les éléments naturels, les reflets et les textures sont explorés et exploités comme dans nulle autre œuvre.

Un regard ethnographique

Le grand format, privilégié pour l’ensemble des tirages (90x70cm), rappelle la scénographie de 1975 et met en lumière des détails qui, s’ils pourraient échapper à l’œil en temps normal, l’attirent irrésistiblement dans cette conjoncture inattendue. Les soixante-dix œuvres se répartissent en quatre thématiques, illustrations du cheminement de l’artiste et de l’évolution de sa démarche.

Sur le sentier artistique d’Henri Cartier-Bresson, on s’arrête sur ses premières œuvres avant de s’attarder sur son travail de photoreporter, aux quatre coins du monde. S’ensuivent alors des images de la vie quotidienne, anodines au premier abord avant de dévoiler leur lot de détails et de clins d’œil, puis, c’est son univers de portraitiste que l’on découvre. Capote, Matisse, Prévert, Colette, tous rejoignent le Panthéon de Cartier-Bresson. La sobriété est le fil rouge de ce labyrinthe constitué par les clichés de « l’œil du siècle » qui semble se poser en ethnologue, témoin de son temps, immortalisant ces instants fugaces qui font la vie de ses contemporains.

La spontanéité des épreuves et le respect des sujets font la force de l’œuvre d’Henri Cartier-Bresson. Porteuse d’émotions quel que soit le cadrage dans le viseur, celle-ci illustre à la perfection la différence existante entre regarder et voir. Et l’exposition de réunir les plus belles preuves de ce rare talent. Un trésor inestimable.

Mélanie Grenier

Henri Cartier-Bresson – L’imaginaire d’après nature

Du 19 juin au 13 septembre 2009
Du mardi au dimanche de 10h à 18h, et le jeudi jusqu’à 22h

Tarifs : de 5,50 à 7 euros


Musée d’Art moderne de la Ville de Paris

11, avenue du Président Wilson
75116 Paris

[Visuel : Palais de Tokyo, Paris, abrite le musée d’Art Moderne de la ville de Paris et un centre d’art contemporain, février 2007. Travail personnel de Pline. Licence Creative Commons Paternité – Partage des conditions initiales à l’identique 3.0]

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