ADDICT Galerie – John Crash
John CRASH Matos est un des pionniers du Street Art. Né dans le Bronx en 1961, il appose sa marque sur les trains de New York dès l’âge de 13 ans. Il s’agit alors pour lui, comme pour les autres graffeurs, de diffuser le plus largement possible son blaze : Crash. Cet art “underground” a acquis sa reconnaissance dans le monde de l’art lorsque Crash laissa les murs et les trains pour exposer chez Sidney Janis et à la galerie Real Art Ways aux côtés de Jean-Michel Basquiat et Keith Haring. C’est la naissance du Post-graffiti : la transposition du graffiti des trains aux cimaises.
Dès 1978, Crash se met à travailler sur toile. L’atelier lui accorde le temps que lui refuse la rue pour lui permettre de s’exprimer librement. Ses peintures, plus personnelles, se rapprochent de l’expressionnisme abstrait. Cependant, s’en dégage le même sentiment de violence qu’à ses débuts, servi par une peinture rapide et puissante aux couleurs vives, influencée par des artistes pop tels que Lichtenstein, Rosenquist, Richter, Wesselman et Jones. En 1980, Crash signe son dernier graffiti dans la rue et organise à la Fashion Moda “Graffiti Art Success”, première grande exposition où, pour la première fois, le Street Art est pris au sérieux aussi bien par le public que par la critique. Le recours à la bombe y trouve aux yeux de tous ses lettres “artistiques “. Crash devient alors le pionnier incontournable et prolifique du Post-graffiti. Pour lui, en effet, un artiste doit peindre tous les jours, sans interruption.
Crash a su imposer l’authenticité de son style issu de la culture hip-hop au monde de l’art, jusque dans les plus grands musées tels que le MOMA à New York ou le Groningen Museum aux Pays-Bas. Il est l’un des premiers à adjoindre la figuration 3D au lettrage : fragments de visage, yeux se mêlant aux lettres de son nom. Son style est à l’origine de toute une expression graphique qui ne cesse d’inspirer les jeunes graffeurs d’aujourd’hui, sans toutefois jamais être égalé. Peut-être cette influence est-elle due à la fidélité de ce précurseur envers ses inspirations premières ?
Crash est devenu une icône, mais il n’oublie pas ses débuts sur les rames du métro. Pour sa nouvelle exposition, il renoue avec ses origines, sorte de retour à l’esprit de la rue pour redécouvrir des émotions qui l’animaient lorsqu’il peignait, caché dans les entrepôts de trains. Toujours au spray aérosol, il peint directement sur des morceaux de métal ou travaille ses toiles comme s’il s’agissait d’intervenir sur les rames, usant d’effets picturaux évoquant clous métalliques et séparations de wagons. Il restitue alors ces moments que seuls peuvent comprendre les arpenteurs de tunnels sombres, armés d’une bombe de peinture. Retrouver les sensations initiales du contact avec la matière est une façon pour l’artiste de la maturité de rendre hommage au graffiti, racine profuse d’un art qu’il a créé. Pour la première fois, un King (autrement dit celui que son crew reconnaît comme le plus talentueux) revient avec nostalgie sur l’atmosphère de l’époque. Cette exposition exprime le besoin de l’artiste de montrer à tous qu’il se sent tributaire de cette révolte génératrice qui lui a permis d’initier l’art du graffiti. L’histoire revisite régulièrement ses fondements, aussi ADDICT Galerie a jugé indispensable de replonger à la source de ce mouvement pour en retrouver l’essence.
Le graffiti est un art éphémère. Les premières peintures urbaines de Crash ont aujourd’hui disparu mais en les photographiant, l’artiste en a protégé le souvenir. Ces photographies, devenues œuvres à leur tour, ADDICT Galerie les propose à côté des toiles. Elles sont le témoignage d’un temps révolu, d’un mouvement pictural détruit par le zèle des services de répression et de nettoyage de New York, la MTA. Ces clichés abandonnent à notre regard les dernières traces de cette révolte que fut le graffiti, expression spontanée des artistes du Bronx que le métro a essaimé jusqu’au cœur de Manhattan. On y découvre également que Crash n’a cessé de perfectionner son lettrage et à quel point il a concouru à la progression du graffiti en lui permettant d’établir un lien entre “la vie de la rue et la société conventionnelle”.
ADDICT Galerie – John Crash
Du 30 janvier au 4 mars 2010
Du mardi au samedi de 11h à 19h
Informations : 01 48 87 05 04 ou info@addictgalerie.com
ADDICT GALERIE
14/16 rue de Thorigny
75003 Paris – France.
Articles liés
“Ni vu ni connu. Le destin caché de 25 chefs-d’œuvre” par Sarah Belmont aux Éditions du Chêne
Le destin de 25 chefs-d’œuvre de la peinture révélé par l’imagerie scientifique… Repentirs, repeints, réemplois : sous la peinture se cachent des esquisses, des tracés, des personnages, des morceaux de paysages et parfois des compositions entières. À l’œil nu,...
De l’ombre à la lumière… et inversement ! avec le spectacle “Lumière !” au Lucernaire
L’histoire d’une poignée d’hommes et de femmes qui ont rêvé si fort de l’avenir, qu’ils ont fini par l’inventer. New York, 1878. Assoiffé de progrès, le couple Edison multiplie les inventions révolutionnaires. Mais Thomas Edison, insatiable, poursuit désormais un...
“Tout doit disparaître” : le nouveau solo show de l’artiste MADAME à la galerie Knafo Pouyet
“Est-ce que tout a une valeur parce que tout a une fin ? La préciosité d’une chose se mesure t’elle à l’aune de son éphémérité ? Il en va de soit pour la vie, certes, mais qu’en est-il des...