Au 104, Josef Nadj en shaman dans un “Paysage inconnu”
Paysage inconnu De Josej Nadj Avec Josef Nadj et Ivan Fatjo Création musicale et interprétation de Akosh S. et Gildas Etevenard Du 17 au 25 septembre 2014 Tarifs : 25 € / 20 € (réduit) / 15 € (abonnés, adhérents) Durée : 55 min. Le 104 |
Deux danseurs, deux musiciens, deux baignoires aussi. Sur le plateau, rien que la vérité des interprètes, torse nu ou en costume noir. Ce spectacle est certes présenté dans le cadre du festival Temps d’images organisé par le 104 et Arte, mais Nadj, quant à lui, ne cherche ni brillance ni effets visuels. Il se livre tel qu’il est, cherchant dans chacun de ses spectacles une vérité intérieure, à imaginer et à ressentir tel un paysage intérieur qui conservera à jamais sa part d’inconnu.
Paysage inconnu est sa pièce la plus fascinante de ces dernières années, créée après son festival personnel à La Villette en juin. Elle arrive en première parisienne après un passage en Amérique latine et à Orléans où Nadj dirige le Centre chorégraphique national d’Orléans.
Depuis les temps de Comedia tempio et autres chefs-d’œuvre du directeur du CCN d’Orléans, ses personnages ressemblent à des pantins kafkaïens, tendance burlesque, en prise avec un monde absurde. Il arrive qu’ils n’aient pas de tête (ce qui, chez Nadj, est loin de les rendre acéphales). Sur scène, Josef Nadj et Ivan Fatjo cachent les leurs sous un bout de collant, ce qui les rend insondables telles des têtes d’oiseaux. À un moment, Nadj se couche sur le dos, courbé comme dans son film Dernier paysage, où on le voit en plein bain d’argile. Le rapprochement avec l’état originel permet de travailler les états d’âme dans une clarté et pureté autrement hors de portée. Pas de mimesis, mais un changement de perspective. “Nous nous imaginons en arbres ou en corps pétrifiés”, dit-il pour décrire leurs propres paysages intérieurs. Drôlement souples dans leur raideur, habiles dans leur gaucherie apparente, Nadj et Fatjo semblent ne faire qu’un seul corps ou bien une multitude, un essaim. Ils n’incarnent plus des êtres mais des états, aux changements imprévisibles entre alerte, tendresse, peur ou agressivité.
Pour passer de l’esprit au corps, le geste doit affronter la musique, lui résister, la dompter. Ce Paysage inconnu est d’une inspiration fascinante et parfaite autant sur la forme chorégraphique que dans le dialogue et le partage de l’espace avec les musiciens. [embedyt] https://www.youtube.com/watch?v=ACwjuR1K6lo[/embedyt] [Photos: © Sévérine Charrier] |
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